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TÉMOIGNAGES: tout le monde savait que mon partenaire me trompait sauf moi

Leur partenaire, famille et ami·e·s leur ont caché la vérité avant qu’elle ne la découvre, elles nous racontent cette double-trahison.

La tromperie et le mensonge. Zita, 30 ans, et Anne, 23 ans, en ont fait la triste expérience malgré elles. Bien avant qu’elles ne découvrent la vérité, leur entourage savait quelque chose qui les touchait personnellement.

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Zita, 30 ans, venait d’accoucher lorsqu’elle a découvert que son mari la trompait. Ses parents, la plupart de leurs ami·e·s et leurs collègues savaient que Frédéric voulait divorcer bien avant qu’elle ne soit au courant.

« Je suis une femme célibataire de 30 ans et j’ai 2 magnifiques enfants de 3 et 6 ans. Mais il fut un temps où j’étais une maman mariée avec une fille de 6 mois, un fils de 3 ans, et dont le monde s’est effondré du jour au lendemain. La personne que j’avais tant aimée pendant des années m’a soudain planté un couteau dans le dos. Notre entourage a aggravé la situation en gardant un mensonge pendant des mois. Frédéric et moi sommes tombés amoureux en secondaires. Nous nous sommes mis en couple à 15 ans et avons évolué ensemble au cours des années. Nous avons construit notre avenir, qui s’annonçait prometteur. Nous avons commencé à travailler pour le même employeur, nous nous sommes mariés et avons acheté une maison. Avec l’arrivée de notre fille et de notre fils, nous avons également vu notre rêve d’enfant se réaliser. Bref, pour beaucoup, tout allait bien. Rien n’indiquait que Frédéric était malheureux et voulait vivre une vie totalement différente.

Une semaine avant que la nouvelle tombe, j’ai eu un étrange pressentiment, mais j’étais épuisée, car j’avais donné naissance à notre 2e enfant quelques mois auparavant. Je n’aurais jamais pu deviner que 7 jours plus tard, il m’annoncerait que notre histoire s’arrêtait. Je me souviens de ce jour comme si c’était hier. Il y a 3 ans, le dernier jour d’école, nous étions censés aller chercher notre fils ensemble, mais Frédéric ne s’est pas présenté. J’ai tenté à maintes reprises de le joindre, mais en vain. Lorsqu’il est arrivé à la maison plus tard dans la soirée, il n’a pas présenté d’excuses, mais a pris une valise et a mis notre chien en laisse. Pour couronner le tout, il m’a annoncé qu’il était amoureux de quelqu’un d’autre. Cette nouvelle m’a fait l’effet d’une bombe, car pour moi, il était l’homme de ma vie. C’est une cicatrice à jamais gravée dans ma mémoire. Alors que j’étais là avec notre fille, toute petite dans les bras, incapable de réagir, Frédéric est sorti par la porte d’entrée et ne s’est pas retourné.

Faire son deuil

Notre porte n’avait jamais été claquée de cette façon. Le silence qui a suivi fut assourdissant. Mon cœur était en miettes et j‘ai fondu en larmes alors que je tenais nos enfants dans mes bras. Les 2 jours qui ont suivi, je me suis complètement coupée du monde pour digérer la nouvelle. J’étais loin de me douter que l’intrigue de ce terrible film allait se poursuivre bien plus loin. Je n’avais aucune idée de l’identité de l’autre femme, de la façon dont ils se connaissaient, depuis quand il éprouvait de l’amour pour elle et du caractère réciproque de ce sentiment. Frédéric n’a rien voulu dire à ce sujet. Selon lui, je n’avais pas à le savoir, mais lorsque je l’ai vu quelque temps plus tard avec une de nos collègues féminines chez ses parents, j’ai tout de suite compris. Lorsque je l’ai confronté, il a continué à nier leur relation, mais peu à peu, le puzzle s’est mis en place.

Nos collègues et amis savaient que Frédéric avait une liaison. Elle était même déjà venue chez ses parents.

Apparemment, Frédéric avait entamé une liaison avec une employée beaucoup plus jeune pendant mon congé de maternité, sous l’œil attentif de tous nos collègues. Dans les jours qui ont suivi, j’ai découvert que, non seulement nos collègues, mais aussi mes beaux-parents et la plupart de nos amis savaient que Frédéric était infidèle et qu’il voulait divorcer. Mais tout le monde s’est tu et s’est comporté comme si de rien n’était. Personne n’a osé me dire ce qui se passait réellement, soi-disant parce que je ne me sentais pas très bien à l’époque vu que je devais m’occuper sans arrêt d’un enfant en bas âge et d’un bébé qui pleurait. Lorsque j’ai découvert que presque tous mes proches me mentaient en me regardant dans les yeux, j’ai eu le cœur brisé. Mais je n’ai pas eu le temps de me morfondre. Je devais continuer à travailler pour (sur)vivre, car Frédéric avait également transféré nos économies et je ne travaillais plus qu’à mi-temps à ce moment-là.

Je suis passée en pilotage automatique et j’ai pris des antidépresseurs, une solution temporaire. Dès que j’ai réduit le dosage, j’ai souffert d’un grave épuisement professionnel. J’ai touché le fond et je n’ai pu me relever pendant un long moment.

Un impact à long terme

Il y a des gens qui croient qu’il y a de petits mensonges innocents, mais je n’approuve pas du tout. Je sais mieux que quiconque que les mensonges peuvent causer d’énormes dégâts et avoir des conséquences à long terme. J’en ai malheureusement fait les frais. Parce que non seulement mon mari de l’époque m’a menti, mais aussi presque tout mon entourage, je ne fais plus confiance aux autres. Avec certains, comme mes beaux-parents, sa nouvelle conquête a même été invitée chez eux avant que je sache qu’il allait mettre fin à notre mariage, comme si c’était la chose la plus normale au monde... Je considère cela comme un manque de respect.

Il m’est incroyablement difficile de rencontrer de nouvelles personnes, et encore plus de croire ce qu’elles disent. Je préfère rentrer dans ma coquille. Ce n’est pas agréable, mais de cette façon, je réduis les risques d’être à nouveau blessée. Lorsque j’ai demandé à nos collègues et amis communs de l’époque pourquoi ils avaient menti et ne m’avaient pas prévenue, ils m’ont répondu qu’ils voulaient m’épargner. Mais je pense honnêtement qu’il s’agit d’une excuse facile et, plus important encore, d’une décision très égoïste. La vérité m’a évidemment blessée, mais ne rien me dire m’a aussi fait du mal. J’avais droit à la vérité et je suis sûre que mes blessures sont beaucoup plus profondes aujourd’hui.

Je crois que le mensonge fait beaucoup plus de mal que de dire la vérité dès le départ, aussi dure soit-elle. Si j’avais su, j’aurais pu au moins faire mon deuil plus rapidement. Cela aurait été beaucoup plus facile si les cartes avaient été immédiatement mises sur la table, mais la tromperie a pris de plus en plus d’ampleur, jusqu’à ce que tous les masques tombent et que tous les mensonges m’explosent à la figure. L’impact sur ma vie a été énorme. J’ai même dû suivre une thérapie pour mon traumatisme afin de reprendre ma vie en main et me rendre compte que je valais mieux que tout ça. Aujourd’hui encore, je vis ce qui s’est passé avec des hauts et des bas.

Sentiment de honte

Certains diront sans doute qu’il y a des choses bien pires dans la vie que ce qui m’est arrivé. Je ne le nie pas, mais chacun a son chemin à suivre, ses démons à combattre et ses luttes à mener. J’ai été tout à coup projetée dans une vie que je n’avais pas choisie, mais d’un autre côté, j’en suis également reconnaissante, car ça m’a appris à me regarder, à travailler sur moi-même et – surtout – à m’aimer et à me faire passer en premier. Bien que je croie de plus en plus en mes forces, je constate que j’ai toujours du mal à m’en sortir. Repartir à zéro est beaucoup plus facile à dire qu’à faire.

Bien que nous soyons presque 3 ans plus tard, j’ai toujours du mal à faire face à nos collègues. Je considère certains départements comme ‘zones interdites’ et j’évite comme la peste les formations, car je vois la pitié dans le regard des autres. Il y a peu, une nouvelle collègue m’a carrément demandé si c’était moi la ‘femme trompée’. Ce genre de choses m’empêche de tourner la page pour de bon. Même si je n’ai rien à me reprocher, j’ai toujours honte et je suis très fermée sur ma vie privée sur mon lieu de travail. D’une part, parce que Frédéric y travaille encore et, d’autre part, parce qu’on a abusé de ma confiance de manière trop brutale et que je ne sais pas si certaines personnes ont des intentions cachées.

« Quand je sens que quelqu’un veut se rapprocher de moi, je dresse des barrières, au point de faire fuir les gens.

Financièrement, il n’a pas été possible pendant un certain temps de démissionner et de chercher un autre travail, mais aujourd’hui, je ne vois pas d’autre option. La frontière entre ma vie privée et mon travail est devenue si mince qu’il m’arrive parfois de ne plus faire la part des choses. Cette situation n’est pas saine. Voilà pourquoi je postule à de nombreux emplois, même si je le fais à contrecœur, car j’aime beaucoup mon job actuel. Mais l’insécurité et tous les autres sentiments désagréables déclenchés par cet épisode et tous les mensonges ont laissé des blessures qui ne guériront jamais complètement. Lorsque je sens que quelqu’un se rapproche de moi, je mets tout de suite des limites, je dresse des barrières au point de ne plus avoir les idées claires et de faire fuir les gens. Je constate que je ne suis toujours pas prête pour une nouvelle relation. Depuis la fin de mon mariage, j’ai eu quelques rendez-vous, mais les relations potentielles échouent à chaque fois.

Je fais tout pour que l’histoire ne se répète pas. Je ne veux en aucun cas me retrouver dans une situation similaire. L’homme qui mérite vraiment mon amour, j’espère que je pourrai lui faire une confiance aveugle. L’avenir nous le dira, mais les bonnes choses prennent parfois beaucoup de temps. »

Anne, 23 ans, a été trompée non seulement par son petit ami, mais aussi par ses meilleures amies, qui ont tout fait pour perpétuer le mensonge.

« J’ai toujours fait partie d’un mouvement de jeunesse. C’était comme ma 2e maison, ­l’endroit où je pouvais être moi-même et me faire des amis pour la vie. C’est du moins ce dont j’ai été convaincue pendant longtemps, avant de réaliser que je m’étais trompée, il y a quelques années. En 2017, je me suis mise en couple avec un garçon de mon mouvement de jeunesse. Malgré notre relation toxique dès le départ, je suis restée avec lui. Il était très manipulateur. Après coup, je pense que c’est la raison pour laquelle je n’ai pas réussi à mettre un terme à notre histoire. Ce qui m’aurait évité bien des souffrances. Alors que nous étions ensemble depuis un an et demi, une rumeur a circulé selon laquelle il m’avait trompée lors d’une soirée. Plus le temps passait, plus la rumeur prenait de l’ampleur. Et comme on dit qu’il n’y a pas de fumée sans feu, j’en ai parlé à mon copain.

Apparemment, mes meilleurs amis avaient décidé d’un commun accord que je ne devais jamais découvrir la vérité.

Il s’est montré offusqué en me ­demandant pourquoi je ne lui faisais pas confiance. Il a affirmé qu’il ne ferait jamais rien pour me trahir. J’ai essayé d’oublier cette histoire, mais dans les semaines qui ont suivi, j’ai régulièrement posé des questions à nos amis communs. J’espérais que quelqu’un me dévoile quelque chose, mais tout le monde ­prétendait que je me faisais des idées et que je n’avais aucune raison de m’inquiéter. Pour faire court, mes meilleurs amis avaient ­apparemment décidé d’un ­commun accord que je ne devais jamais découvrir la vérité. Même quand j’ai senti qu’il y avait quelque chose et que j’ai explicitement posé des questions à ce sujet, on m’a menti en me regardant droit dans les yeux. J’ai fini par découvrir qu’il me ­trompait quand une amie a ­confronté un ami commun au ­téléphone sans savoir que j’écoutais. Cette personne a admis ce que mon mec avait fait et a révélé qu’il y avait même une vidéo qui le prouvait.

En thérapie

Quand la vérité a éclaté au bout de 6 mois, je me suis effondrée. De la période qui a suivi, je n’ai ­pratiquement aucun souvenir. En tout cas, les conséquences ­physiques étaient là, puisqu’en 2 semaines, j’ai perdu jusqu’à 10 kilos à cause du stress ­permanent que je vivais. Je ne mangeais plus, je ne dormais plus... Bref, je me sentais vraiment mal. Ce n’est que 6 mois plus tard qu’il s’est avéré que je ­souffrais du SSPT (syndrome de stress post-traumatique, ndlr). Je suis de nature très sensible, ce qui fait que cet événement m’a encore plus traumatisée. Pour reprendre le contrôle de ma vie, j’ai suivi des thérapies somatosensorielles, ­traumatiques et d’hypnose, et aujourd’hui encore, je consulte ­régulièrement un psychologue.

Quand un grand nombre de personnes que vous aimez vous trompent à ce point, il est très ­difficile de ne pas devenir ­méfiante et peu sûre de soi. Quand un groupe entier pense qu’il ne fait rien de mal et ne vous respecte pas, vous ne pouvez pas vous attendre à ce que l’on prenne en considération ce que vous ressentez. Je l’ai appris à mes dépens. Parce qu’ils pensaient tous avoir raison, je suis devenue une menteuse et une dramaqueen. Cette période a même parfois été encore plus traumatisante que la tromperie elle-même. Des excuses, est-ce trop demander après tout ce qu’ils ont fait? Cela n’aurait sans doute pas effacé ma douleur, mais ça ­m’aurait donné la reconnaissance dont j’avais besoin. Alors ­qu’aujourd’hui encore, ils ­n’admettent pas qu’ils ont ­commis une erreur.

Désormais, je me suis endurcie et j’ai banni toutes ces ­personnes de ma vie. Je suis partie étudier dans une autre ville, j’ai un petit ami et de nouveaux amis qui ne sont pas si superficiels. Pourtant, je rêve encore chaque semaine de mon ancien mouvement de jeunesse et/ou de la tromperie. Bien sûr, cette expérience a encore un impact sur l’image que j’ai de moi et sur mes relations actuelles. Les gens n’ont aucune idée des dégâts que peuvent causer les ­mensonges. Je porterai malheureusement cet épisode en moi encore très longtemps et j’espère qu’un jour je parviendrai à ne plus y penser. »

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