Comment faire cohabiter vos envies au lit avec celles de votre chéri·e ? Notre sexologue, Laurane Wattecamps, vous propose des clés pour apprendre à gérer la différence de libido dans le couple et ainsi vous guider vers une sexualité plus épanouie.
Lorsque les désirs de chacun·e sont alignés, les relations semblent plus fluides. Mais quand ce n’est plus le cas, des tensions, voire des conflits, peuvent apparaître et remettre le couple en question. Pourtant, on le verra, la différence de libido est normale dans un couple. Il est même fort probable que tous les couples doivent y faire face dans la première année de relation. Comment surmonter une différence de libido entre partenaires tout en restant serein·e et en gardant confiance en l’avenir de la relation? Voilà une problématique très fréquente amenée par les couples qui consultent un·e sexologue. Je leur prodigue les 10 conseils suivants parmi d’autres.
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1) Comprendre les subtilités du désir
Le désir n’est pas une ligne droite qui se maintient dans le temps comme par magie. Par nature, la libido est fluctuante. Elle est influencée par de nombreux facteurs, dont la fatigue, le stress et l’humeur. Elle peut être au beau fixe pendant des mois puis disparaître et revenir de plus belle. Elle varie au cours de la journée, des saisons, des années… Et n’est pas prédictible. À partir de ce constat, il est plus simple de comprendre que la rencontre des courbes de libido de chacun·e tient presque du miracle. Avoir les mêmes envies exactement en même temps n’est pas si facile. D’ailleurs, le désir ne se contrôle pas. Voilà pourquoi une fois l’étincelle de la rencontre dissipée, lorsque chaque individu se reconnecte à ses besoins personnels, la libido redevient variable. C’est à ce moment-là que la différence de désir peut s’installer.
2) Sortir du cercle vicieux
J’observe régulièrement un cercle vicieux propre au désir dans le couple. La personne ressentant le plus de désir va assaillir l’autre de demandes ou de tentatives de connexion charnelle et ainsi lui faire ressentir une pression. La pression étant l’ennemie du désir, elle va éteindre la libido petit à petit jusqu’à ce que la sexualité ne fasse plus du tout envie. Certains individus vont même délaisser tout geste de tendresse pour éviter le risque de susciter du désir chez l’autre. Ce cercle vicieux va créer des remous émotionnels, allant de la tristesse à la frustration en passant par un sentiment de rejet difficile à gérer.
3) Surtout ne pas se forcer
J’entends trop souvent des personnes qui disent se forcer pour ne pas décevoir leur partenaire ou lui faire de la peine. Elles craignent que la relation soit en danger ou que l’autre perde son intérêt et préfèrent donc aller contre leur non-désir. Cette approche est contre-productive parce qu’à force de ne pas s’écouter, le cerveau finit par associer la sexualité à quelque chose de négatif. À terme, cela diminue considérablement le désir jusqu’à le faire disparaître.
Afin de réduire la pression ‘à faire l’amour’, il faut laisser celle·celui qui n’a plus ou pas de désir faire le premier pas.
4) Prioriser ses besoins individuels
Lorsque les tensions prennent de l’ampleur, il n’est pas rare que la sexualité du couple devienne le seul sujet de conversation. Toute l’énergie est employée à comprendre, trouver des solutions, chercher des compromis et apaiser les émotions. Les partenaires finissent alors dans une impasse, épuisé·e·s par la situation. Il peut être judicieux, voire nécessaire, de mettre tout ça de côté pour un temps. Employer son énergie à se ressourcer, se reconnecter à ses besoins en solo est sans doute la meilleure chose à faire. Retrouver son autonomie et prendre l’air peut être une chance pour le couple de repartir du bon pied, en apaisant les conflits.
5) Prévoir des temps de qualité en couple
Cela peut sembler paradoxal mais j’invite les couples à prévoir des temps ensemble vraiment qualitatifs. Il n’est pas rare de considérer que regarder une série dans le canapé est un temps de qualité. Mais en réalité, cela suscite peu d’échanges et ne crée pas de souvenirs à chérir sur le long terme. Mettre le corps en mouvement, prévoir des activités insolites comme un pique-nique dans le salon va réveiller la créativité et rétablir une connexion émotionnelle chez les partenaires. C’est l’occasion idéale de se reconnecter aux raisons qui font que l’on est encore ensemble et que l’amour est présent. Aussi, le désir étant nourri en partie par la proximité émotionnelle, une escapade romantique sera la bienvenue pour renforcer le lien amoureux.
6) Laisser le lead à la personne qui a le moins de désir
Si l’on voit le désir comme un feu, on peut imaginer que la connexion du couple fait de formidables braises. Mais pour qu’un feu se maintienne sur la durée, il a également besoin d’air. En vue de réduire au maximum la pression « à faire l’amour », il est crucial de laisser la personne qui n’a plus ou pas de désir faire le premier pas. À force de sollicitations, de contrainte ou de culpabilisation, le cerveau finit par enregistrer que la sexualité n’est pas quelque chose d’attirant ou de sécurisant. Raison pour laquelle les demandes ou les sous-entendus doivent cesser durant un long moment. Cela lui permettra de se reconnecter progressivement au désir, si désir il y a, et de lui laisser l’opportunité de ne pas se sentir menacé·e.
7) Maintenir la séduction
Ne pas solliciter de rapports sexuels ne veut pas dire désinvestir l’intimité du couple. C’est là où toute la subtilité du désir se joue. Si vous voyez un·e partenaire qui n’a plus de désir comme une prise d’otage dans votre couple, les difficultés risquent de grandir sur la durée. Si, malgré les difficultés, vous parvenez à voir votre couple comme une équipe dont les partenaires méritent de l’attention, des gestes affectueux, des surprises, des compliments, alors vous avez tout compris! C’est normal de traverser des hauts et des bas en relation. Mais c’est en restant conscient·e de ce que l’autre nous apporte que l’on peut surmonter bien des déboires.
Prévoir des activités insolites va réveiller la créativité et rétablir une connexion émotionnelle chez les partenaires.
8) Se faire accompagner
Les personnes que j’accompagne en consultation attendent parfois des années d’insatisfaction pour consulter. Elles ne trouvent pas de solutions et finissent par baisser les bras. La différence de libido n’est pas évidente à gérer. Cette situation provoque beaucoup d’émotions des deux côtés: tristesse, colère, culpabilité, rejet… L’aide d’un·e professionnel·le de la santé sexuelle peut faire toute la différence. Parce qu’il est parfois nécessaire de faire appel à un tiers pour prendre du recul face à une situation. Aussi, il n’est pas rare que l’absence de désir dans le couple soit le symptôme d’un problème plus profond, qu’on ait mis le doigt dessus ou pas. Une thérapie de couple peut être plus salvatrice qu’on ne le pense.
9) Programmer l’intimité
Si le couple traverse une différence de libido sans avoir atteint un stade conflictuel, il peut être intéressant de prévoir l’intimité. Je n’entends pas par là de programmer des rapports sexuels mais bien de l’intimité. C’est-à-dire tout contact intime – consenti par les partenaires – qui participera à la connexion émotionnelle. Cela peut être un massage, une soirée au spa, un bain ensemble, une séance de câlins en pleine conscience. L’idée de le prévoir à l’agenda garantit aux partenaires que la rencontre est fixée. On peut donc se préparer mentalement et physiquement à partager un moment de vulnérabilité avec l’autre. Il peut aussi être intéressant de fixer un cadre au préalable, comme une absence totale de sexualité par exemple.
10) Veiller à la charge mentale
Mon expérience m’a appris que la charge mentale était un pur poison tant pour le désir que pour le couple. Elle peut faire des dégâts considérables. Il est indispensable de prendre ses responsabilités en tant que partenaire et de veiller au bonheur individuel de chacun·e. Cela implique de considérer les rôles des partenaires. Sommes-nous ensemble et veillons-nous à notre bien-être respectif? Ai-je tendance à laisser l’autre prendre plus en charge? Communiquez un maximum, faites des tableaux, interrogez-vous mutuellement sur votre état de fatigue et vos besoins individuels.
Retrouvez Laurane Wattecamps sur Instagram: @Sexplique_moi et sur son site Internet: LauraneWattecamps.com
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