Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…
© Getty Images

10 conseils de notre sexologue face aux douleurs intimes

Ana Michelot Journaliste

Notre sexologue, Laurane Wattecamps vous propose des clés face aux problématiques sexo les plus entendues en consultation. Voici 10 conseils pour retrouver une sexualité épanouie et affronter les douleurs pendant et après l’amour.

Près de la moitié des femmes subiraient des douleurs ou de l’inconfort lors des rapports sexuels (selon une étude menée par Durex en 2021). Et parmi elles, 45 % ignorent ces signaux. Les symptômes? ­Sensations de brûlure, de coupure, ­démangeaisons, contractions ­spasmodiques... Ils apparaissent ­pendant ou après les rapports. Qu’elles soient occasionnelles ou récurrentes, les douleurs intimes ne sont pas ­normales. Et elles ne sont pas non plus une fatalité! Avec les bons outils, une prise en charge adéquate et quelques recommandations, la situation peut évoluer rapidement vers le positif. La clé étant de s’écouter en toutes circonstances, veillez à tendre l’oreille vers votre baromètre intérieur. Et à prendre connaissance des 10 conseils que je partage le plus souvent en consultation.

Lire aussi : 10 conseils pour booster son imaginaire érotique

1. Ne pas minimiser

De nombreuses personnes me ­demandent quelles sont les douleurs « normales » lors des ­rapports sexuels. Je mets donc un point d’honneur à souligner ceci: il n’existe pas de douleurs normales. Qu’elles soient ponctuelles, ­chroniques, minimes ou intenses, les dyspareunies, soit l’ensemble des douleurs que l’on peut ressentir au niveau génital, pointent un ­problème qui peut être physiologique ou psychosomatique. Il s’agit d’un signal d’alarme envoyé par le cerveau. Et moins on prend la peine de ­l’écouter, plus le risque que la douleur revienne plus fortement par la suite est grand. Raison pour laquelle minimiser une douleur en se disant que ce n’est pas grave n’est pas la meilleure chose à faire, je dirais même qu’il s’agit du contraire.

2. Ne pas se forcer

Le mot d’ordre est de ­s’écouter. Si une douleur se déclare, il est important de ne pas passer outre son signalement. Beaucoup trop de personnes, surtout des femmes, ont tendance à taire leur douleur, à « mordre sur leur chique » pour ne pas arrêter un rapport sexuel. En agissant de la sorte, elles risquent de dire à leur corps qu’il n’est pas ­entendu et de renforcer le cercle ­vicieux de l’appréhension de la ­douleur. C’est-à-dire que la peur d’avoir mal va entraîner des contractions des muscles périnéaux qui vont provoquer d’autant plus de douleur. La sexualité, qu’importe sa forme, ne devrait être associée qu’au plaisir. En allant au-delà de la douleur, il y a de fortes chances que votre cerveau ­associe le sexe à quelque chose qui fait mal, ce qui entachera forcément le désir sur la durée.

3. Prendre son temps

J’observe en consultation que les douleurs à la pénétration peuvent être liées à l’expression du désir. Le corps a besoin de temps pour se connecter au désir et pour déclencher les processus d’excitation. Par exemple, le vagin se dilate, s’allonge et produit la lubrification nécessaire à une pénétration sans douleur. Ce mécanisme peut prendre 15 à 20 minutes, voire plus, selon les personnes. Ce qui signifie qu’un rapport ­pénétratif sans « préparation » et sans excitation suffisante va potentiel­lement s’avérer douloureux parce que le corps n’est pas prêt. Prendre son temps, savourer ce qui fait du bien et ne pas précipiter les gestes ­possiblement douloureux (ou mieux, les éviter) est donc indispensable.

Il n’existe pas de douleurs ‘normales’. Il s’agit d’un signal d’alarme envoyé par le cerveau.

4. Utiliser du lubrifiant

La lubrification des organes génitaux est un mécanisme physiologique soumis à divers facteurs. En fonction du stress, du niveau de fatigue et de bien d’autres choses, il est ­possible d’observer une sécheresse vaginale plus ou moins importante. S’il est nécessaire de consulter un·e gynécologue pour trouver la source du problème et recueillir des conseils avisés, il est peut-être bienvenu ­d’utiliser systématiquement du ­lubrifiant. Et ce, même en l’absence de douleur. On le choisit en fonction de ses préférences: aqueux, huileux ou aux silicones. Attention: certains ­lubrifiants ne sont pas compatibles avec les préservatifs et les sextoys. Il faut bien lire la notice et/ou demander conseil à votre pharmacien·ne.

5. Consulter

Consulter des professionnel·le·s de la santé est une étape ­indispensable à la prise en charge des douleurs. L’errance thérapeutique pour obtenir un diagnostic est ­effrayante puisqu’elle peut atteindre 7 ans. Mon conseil serait de privilégier une approche multidisciplinaire: ­gynécologue, sexologue, kiné périnéale, ostéopathe, dermatologue ­spécialisé·e en pathologies vulvaires, etc. S’entourer de personnes­ ­qualifiées assure une prise en charge optimale et augmente les chances d’apaisement. Ces démarches peuvent être épuisantes moralement et devoir y recourir peut paraître injuste. Malheureusement, elles montrent que les pathologies vulvaires et gynécologiques sont encore trop méconnues, même au sein du corps médical. Voilà pourquoi les spécialistes seront plus à même de poser un diagnostic.

 Consulter des professionnel·le·s de la santé est une étape indispensable.

6. Sortir de la pénétration

De nombreuses douleurs sont causées par des actes pénétratifs, que ce soit avec un doigt, un pénis ou un jouet. Ce qui n’empêche pas de nombreuses pratiques sexuelles de procurer du plaisir. On perçoit encore trop souvent le sexe comme l’équation « préliminaires + pénétration », plaçant la pénétration au centre des rapports sexuels. Or, les « préliminaires » se suffisent à eux-mêmes et sont parfois beaucoup plus plaisants en termes de sensations. Souffrir de douleur à la pénétration peut être une opportunité de découvrir d’autres pratiques sexuelles et d’explorer d’autres formes de sexualité.

7. Avoir une bonne hygiène

La sécheresse vaginale, les mycoses et autres infections gynécologiques peuvent être causées par une mauvaise hygiène intime. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, une mauvaise hygiène intime n’est pas définie par un manque de propreté, mais plus souvent par un excès de gestes sanitaires. Sachez que le vagin est autonettoyant. Ce qui signifie qu’il ne faut jamais introduire d’eau ou de produits dans le vagin, au risque de fragiliser fortement la flore vaginale. Plus précisément, vous pouvez utiliser un savon doux uniquement sur les endroits pourvus de poils. Au niveau des muqueuses vulvaires, un jet d’eau vers le bas suffit. Pensez à bien uriner après chaque rapport sexuel, même en solo. Essuyez-vous en un seul passage à la fois, de la vulve vers l’anus et pas l’inverse. Portez des sous-vêtements en coton et laissez respirer votre zone intime le plus souvent possible.

8. Faire un dépistage

Certaines douleurs peuvent être causées par une infection sexuellement transmissible. Au niveau de la vulve, on peut subir des démangeaisons intimes, notamment à l’entrée du vagin, des pertes vaginales inhabituelles et/ou un inconfort lors des rapports sexuels. Au niveau du pénis, l’infection peut se présenter plutôt sous la forme d’une irritation, d’une rougeur et d’une sensation d’inconfort au niveau du sexe. Attention, les IST sont souvent asymptomatiques, c’est-à-dire que l’on peut être porteur·euse sans pour autant présenter de signes visibles d’infection. Un dépistage complet et régulier est donc nécessaire.

9. Connaître ses douleurs

Les douleurs sont multiples et finalement personnelles. Pour mieux les appréhender, je recommande régulièrement d’apprendre à connaître ses douleurs. C’est-à-dire d’en définir les symptômes, l’intensité, le moment de leur survenue, le contexte émotionnel et physique, etc. Posez des mots sur vos sensations et vos pensées. Grâce à ces éléments, il pourra être plus facile de déterminer les situations qui auront tendance à apaiser ou à intensifier les douleurs. Il sera donc aussi plus simple de les écouter.

10. Communiquer un maximum

Pour garantir un maximum de confort et de plaisir lors des rapports sexuels, il sera nécessaire de se sentir en confiance avec un·e partenaire. Savoir que vous pouvez arrêter à tout moment, changer de pratique, faire une pause ou demander un ajustement est essentiel. Il est trop fréquent de ne pas oser signaler que le moment intime n’est plus aussi chouette qu’au début et que de l’inconfort apparaît. Pourtant, je vous recommande vivement de communiquer un maximum sur vos ressentis pour adapter la situation à votre confort.

Retrouvez Laurane sur son compte Instagram Sexplique_moi ou sur son site internet.

Lire aussi:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires