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8 croyances sur le sexe à bannir

« Une femme ne doit jamais prendre l’initiative au lit », « Évite de te masturber, c’est nocif. » Vous seriez étonné·e de voir à quel point ces mauvais conseils sexuels sont encore souvent donnés. Heureusement, Ina Van Ransbeeck, sexologue, rectifie le tir!

Nos 8 témoins ont reçu des conseils bidons qu’ils auraient préféré garder loin de leur chambre à coucher.

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Fumer un joint

M. « Pendant mes années d’études, j’ai eu une aventure avec un camarade de classe qui était – comment dire? – très bien outillé. Lorsqu’on couchait ensemble après une soirée et que j’avais un peu trop bu, ce n’était pas un problème. Mais quand on voulait le faire sobres, la pénétration n’était pas aussi facile. Il avait déjà rencontré ce problème avec son ex-petite amie, et m’a conseillé de fumer un joint avec lui avant de passer à l’acte, car cela avait toujours aidé son ex à se détendre. À l’époque, j’ai accepté cette proposition qui me semble, maintenant adulte, une très mauvaise idée! »

Il m’a conseillé de fumer un joint avant de passer à l’acte, car cela m’aiderait à me détendre.

Ina, sexologue: « Il vaut mieux se méfier d’un partenaire qui vous encourage à fumer un joint pouréviter d’avoir mal pendant les rapports sexuels. Le sexe ne devrait jamais causer de douleur, même légère. L’alcool et les drogues ne doivent jamais être utilisés comme moyen de rendre l’expérience indolore. Il est important que vous puissiez aussi profiter de rapports sexuels sobre. Vous pouvez apprendre cela en recherchant des techniques qui vous aident à vous détendre et en veillant à être assez excitée (et lubrifiée). De plus, le sexe va bien au-delà de la simple pénétration. Si avoir des rapports sexuels provoque toujours des douleurs, n’hésitez pas à le signaler clairement et proposez de vous satisfaire mutuellement d’une autre manière (oralement, manuellement...) »

Feindre l’orgasme

S. « Lors d’une soirée dans un bar avec 2 amies, nous avons fini par aborder le sujet du sexe. À l’époque, nous avions toutes les 3 des relations de longue durée. L’une d’entre nous semblait satisfaite de sa situation sur le plan sexuel, du moins c’est l’impression que nous avions. Pour ma part, avec mon petit ami de l’époque, les choses étaient bien moins excitantes. Je ne me sentais plus vraiment attirée par lui, et le sexe était devenu une corvée pour moi, une simple façon de le satisfaire. Le conseil de la troisième amie, qui se trouvait dans une situation similaire, était le suivant: ‘Simule un orgasme, comme ça, il pourra jouir et tu en seras rapidement débarrassée.’ »

Ina, sexologue: « Simuler un orgasme est peu utile. Tout d’abord, votre partenaire pensera que vous avez aimé ses gestes et reproduira la même chose la prochaine fois, sans savoir ce que vous appréciez réellement. Simuler à plusieurs reprises peut vraiment avoir un impact négatif sur votre vie sexuelle. De plus, cela peut vous faire ressentir de la culpabilité, car vous pourrez avoir l’impression de mentir à votre partenaire. Au lieu de faire semblant de jouir, il est bien plus précieux de communiquer ouvertement et ­honnêtement sur ce que vous ­appréciez ou non. Si vous trouvez que vos moments intimes ne sont pas (ou plus) satisfaisants, il est essentiel de travailler sur la situation et de ­chercher ensemble des moyens de les rendre plus agréables pour vous

2. Simuler un orgasme n’est pas la ­solution, au contraire. Votre partenaire pensera à tort que vous adorez le sexe et ne se posera plus de ­questions sur votre vie sexuelle. De plus, l’orgasme n’est pas néces­sairement l’objectif ultime du sexe. Même sans atteindre l’orgasme, le sexe peut être une expérience agréable dont vous profitez ensemble. »

Cacher son corps

E. « Aujourd’hui, je m’accepte et j’éprouve de l’amour pour moi-même. Mais comme pour beaucoup de femmes, cela a été un long chemin. Je suis heureuse que les magazines diffusent désormais ce message d’amour propre. Tout le monde apprend et évolue, mais je me souviens qu’on tombait autrefois sur des articles sur la manière de cacher ses complexes avec des positions sexuelles spécifiques, de manière à ce que votre petit ventre ou votre cellulite ne soient pas visibles. Je suis heureuse que nous apprenions maintenant à accepter et à célébrer notre corps dans toute sa splendeur, même au lit. »

Ina, sexologue: « La manière dont nous nous percevons est influencée par nos expériences avec les autres, mais aussi par ce que nous voyons apparaître sur les réseaux sociaux et dans les magazines. Si l’on vous conseille de ‘cacher’ votre corps pendant les rapports sexuels, cela peut engendrer de l’insécurité et une image déformée de votre propre corps et de votre sexualité. C’est dommage, car cela nous amène à nous voir de manière moins positive et à avoir moins de facilité à nous dévoiler. Se sentir bien dans sa peau facilite la détente et le plaisir.

Je voudrais vous donner quelques conseils bien meilleurs que ‘7 positions pour cacher votre ventre pendant les rapports sexuels’. Tout d’abord, sachez que votre partenaire vous aime pour qui vous êtes et pour votre apparence. Il n’est donc pas du tout nécessaire de vous changer ou de vous comporter différemment de ce que vous êtes. Évitez de vous comparer aux autres et soyez indulgent envers vous-même. Si vous avez des incertitudes sur le plan sexuel, il est important de les partager avec votre partenaire. Ainsi, il ou elle pourra mieux comprendre vos besoins au lit et chercher des moyens de renforcer votre confiance en vous. Enfin, essayez de laisser tomber les attentes quand vous faites l’amour. Tous les rapports sexuels ne sont pas fantastiques, et des corps différents peuvent être tout aussi beaux. Si la honte est vraiment profonde ou si l’insécurité dans les relations sexuelles provient principalement d’expériences négatives antérieures, il serait préférable de consulter un professionnel. Un psychologue ou un sexologue peut vous aider à surmonter vos incertitudes et à retrouver du plaisir en vous-même et dans l’intimité avec d’autres. »

Ne pas se toucher

F.: « J’avais 10 ans lorsque je me suis masturbée pour la première fois. Bien sûr, je ne savais pas alors ce que c’était et cela n’avait aucune ­connotation sexuelle. J’ai simplement remarqué que je me sentais bien lorsque je frottais ma ‘petite souris’ sur mon oreiller ou ma poupée. Comme je n’étais qu’une enfant innocente et que je partageais tout avec ma mère, je lui ai fait part de cette découverte. Elle s’est alors mise en colère contre moi et m’a dit que ce n’était pas bien de faire cela et que je ne devais pas le refaire. Je n’ai pas du tout compris pourquoi, mais sa réaction a encore des conséquences aujourd’hui. Je n’arrive toujours pas à me détendre pendant les rapports sexuels en solo ou même pendant les préliminaires avec mon partenaire. Même si je sais que ce n’est pas mal, je me sens toujours coupable après coup et parfois même sale. »

Ina, sexologue: « D’un côté, il est courageux de la part de F. d’avoir osé prendre la décision d’avoir une conversation avec sa mère, mais la réaction de cette dernière a été moins appropriée. Notre développement sexuel commence en fait dès l’enfance. Il est donc tout à fait logique que nous apprenions aussi à parler aux enfants de la sexualité et du corps de manière ouverte et positive. Certains enfants de 10 ans sont déjà au début de leur puberté, et l’expérimentation (comme toucher ses propres organes génitaux) en fait partie. Tant que cela se fait dans un contexte approprié, il n’y a rien de mal à cela. Si votre enfant vient un jour frapper à votre porte pour vous parler de sa première expérience sexuelle, la première chose à dire est que vous êtes heureux qu’il ose vous en parler. Pour un enfant ou un ado, il s’agit souvent d’un grand pas, alors il est essentiel de créer un climat ­d’ouverture et de confiance. Vous n’êtes pas assez familiarisé avec ces sujets ou vous ne savez pas comment réagir? Dans ce cas, cherchez avec votre enfant des sources ­d’information fiables et donnez-lui les conseils les plus appropriés. »

Que le sexe anal

L.: « Lorsque j’étais adolescent, je fréquentais un camarade de 2 ans de plus que moi, qui avait plus d’expérience avec les filles. À la maison et à l’école, on ne m’avait enseigné que les faits les plus effrayants et j’avais donc très peur de mettre une fille enceinte. Mon pote avait la solution: le sexe anal. Comme il était mon grand modèle à l’époque, je faisais tout ce qu’il disait. J’ai vraiment convaincu les filles de le faire, sans réellement penser à ce que cela pouvait leur apporter. Aujourd’hui, je me sens très coupable. De plus, cela m’a donné une vision déformée de la sexualité. Je trouve maintenant compliqué de jouir lors d’une pénétration ‘normale’. »

J’avais peur de mettre une fille enceinte. Mon ami avait la solution: la sodomie.

Ina, sexologue: « Quand on est encore jeune, il est parfois difficile d’ignorer les conseils d’une personne plus âgée et plus ‘expérimentée’. L. n’était pas non plus conscient que les conseils qu’il avait reçus de son prétendu ami de l’époque étaient tout à fait faux. Cela a contribué à sa croyance erronée selon laquelle le sexe anal est le seul moyen sûr de s’assurer qu’une fille ne tombe pas enceinte ou – en d’autres termes – que le sexe sûr équivaut au sexe anal. Cette dernière affirmation est, bien entendu, totalement fausse.Passer directement au rapport anal n’est pas le choix le plus évident en particulier lorsque vous avez peu d’expérience, car vous sautez ainsi beaucoup d’étapes importantes. Si vous convainquez votre partenaire de faire quelque chose au lit sans qu’il ou elle y soit ouvert, des limites ­importantes sont franchies. Le conseil dont L. aurait bénéficié est qu’il existe de nombreux autres moyens de s’assurer qu’une fille ne tombe pas enceinte, comme ­l’utilisation systématique d’un moyen de contraception, tel qu’un ­préservatif. D’ailleurs, même pour les relations anales, il est important ­d’utiliser un préservatif à chaque fois pour éviter les infections sexuel­lement transmissibles (IST). »

Pas le premier pas

L.: « J’ai grandi dans une famille aimante et traditionnelle, au milieu de 3 enfants. Nos parents nous ont appris dès l’enfance que c’était à l’homme de prendre l’initiative en matière de relations, qu’il s’agisse d’inviter quelqu’un à sortir, de l’embrasser ou autre. Par conséquent, j’ai mis très longtemps avant d’oser prendre l’initiative d’un contact tactile, et encore plus d’un contact intime, lorsque j’aimais un garçon, et c’est pourquoi il m’a fallu attendre mes 25 ans pour coucher avec quelqu’un pour la première fois. En fait, j’ai attendu qu’un homme se présente à moi et prenne clairement l’initiative. J’ai encore du mal à prendre les devants lors des rendez-vous, même s’il y a de la tension sexuelle dans l’air. Je pense que si je suis toujours célibataire, c’est en partie à cause de mon attentisme, une habitude que j’ai du mal à désapprendre. »

Ina, sexologue: « C’est un vieux mythe de croire que les hommes doivent prendre l’initiative dans les relations amoureuses. Aujourd’hui, nous ­n’envisageons plus les relations sous l’angle binaire homme-femme, mais dans une perspective plus diverse et variée, où m, f et x peuvent entrer en relation l’un avec l’autre. Dans ce cas également, la règle veut que l’initiative puisse venir de n’importe qui. Pourtant, pour beaucoup, l’affirmation ci-dessus reste une sorte de vérité et les gens continuent parfois à penser à partir de ces schémas de rôles classiques.

C’est dommage, car une femme a tout à fait le droit de prendre les choses en main, d’aborder quelqu’un ou d’initier un rapport sexuel. Si vous osez prendre des initiatives, votre chéri se sentira plus désiré. En outre, faire le premier pas ne signifie pas nécessairement que vous aimez l’autre personne ou que vous avez envie de la toucher ou de l’embrasser (bien que cela soit évidemment autorisé). Il existe de nombreuses façons de montrer à quelqu’un qu’il vous plaît. Il suffit parfois de maintenir le contact visuel un peu plus longtemps. Proposer de regarder un film ensemble ou organiser un dîner romantique à la maison relève de la prise d’initiative et peut ­constituer un premier pas agréable vers l’intimité. Osez vous lancer, car si vous attendez à chaque fois, vous ­risquez de rater des occasions de nouer une relation intime avec quelqu’un. »

Plastique allergisant

F.: « Il y a quelques années, j’ai vécu une période de célibat. Comme je ne me sentais pas à l’aise avec les aventures d’un soir, j’ai voulu me satisfaire d’une autre manière. J’ai décidé d’acheter un vibromasseur, mais comme je n’y connaissais pas grand-chose, je n’ai pas voulu l’acheter en ligne. J’ai alors rassemblé tout mon courage pour me rendre dans un sex-shop afin d’obtenir des conseils professionnels. Pour faire court, j’ai fait une énorme réaction allergique au jouet que l’on m’avait conseillé Il s’est avéré par la suite que je n’avais pas reçu d’explications appropriées et que j’avais acheté une substance en plastique qui devait contenir des substances nocives. »

Ina, sexologue: « Tout d’abord, c’était une très bonne idée de se rendre dans un magasin physique. Cela peut sembler difficile, mais si vous ne savez pas vraiment ce que vous cherchez, il est tout à fait logique d’obtenir des conseils professionnels et de ne pas vous contenter de vous jeter sur le premier vibromasseur d’un e-shop. Malheureusement, F. n’a pas reçu les conseils professionnels qu’elle espérait. Vous pouvez éviter cela en recherchant d’abord des avis sur un sex-shop en ligne et en choisissant ainsi un magasin dans lequel vous pouvez entrer en toute confiance.

Cette ‘substance plastique’ fait immédiatement penser aux ‘vibromasseurs en gelée’, qui sont fabriqués à partir de plastifiants toxiques et peuvent contenir des substances nocives. On peut les reconnaître à leur odeur forte et à leur aspect plastique. Le propriétaire du magasin aurait mieux fait de lui recommander un vibromasseur en silicone. En outre, lors du choix d’un vibromasseur, le type de vibromasseur est aussi important. Par exemple, si vous aimez les stimulations internes et externes simultanées et que vous souhaitez utiliser le vibromasseur seul, le commerçant pourrait vous recommander un vibromasseur différent que si vous n’aimez que les stimulations externes et que vous souhaitez utiliser le vibromasseur principalement pendant l’amour avec un partenaire. »

Mon ex m’a dit que les filles ‘normales’ pratiquaient la fellation et que les hommes ne t’aiment que si tu suces et avales.

Sucer sinon rien

J.: « J’ai eu un petit ami qui m’a convaincue que toutes les filles ‘normales’ étaient des adeptes de la fellation et que les hommes n’aimaient que les filles qui sucent et avalent. Le pire, c’est que cela m’a donné une aversion pour ce genre de choses et que je ne les fais presque jamais avec mon petit ami actuel, alors que j’aimerais lui en faire davantage. »

Ina, sexologue: « Au lit, faire certaines choses contre son gré ne peut et ne doit jamais être l’objectif. Non, tout le monde n’aime pas tailler des pipes. Et non, les hommes ne vous aiment pas seulement si vous aimez faire des fellations. Votre partenaire vous pousse à faire des choses? C’est qu’il ou ·elle n’en vaut pas la peine! Il est important que vous puissiez toujours fixer vos limites et que vous ne fassiez des choses que parce que vous en avez vraiment envie. Pour envisager les fellations d’une manière plus positive, vous pouvez discuter avec votre amoureux des raisons pour lesquelles vous avez créé une telle aversion pour le sexe oral. Il pourra ainsi faire preuve de compréhension et vous pourrez chercher ensemble des moyens de profiter de ces moments d’intimité. Mais surtout, n’oubliez pas que rien n’est obligatoire. »

Texte d’Elien Geboers, Ina Van Ransbeeck et Justine Rossius

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