““LE POINT G”” épisode 10: la chronique sexo de Gaëlle
Gaëlle, 26 ans, a passé huit ans de sa vie en couple. Mais après plusieurs déceptions, même si elle n’abandonne pas sa quête de l’amour avec un grand A, elle a décidé de se laisser vivre sans pour autant se priver des plaisirs de la chair. Elle compte bien découvrir les joies du sexe sans tabou et mener des expériences sans avoir froid aux yeux.
L’autre jour, je faisais les magasins avec Sophie. On avait décidé de se la jouer ‘Reines du shopping’ et de dévaliser les boutiques. Bien entendu, pas de Chanel ou de Gucci pour nous. On est plutôt du genre Primark et H&M. Là au moins, on sait qu’on peut s’acheter plusieurs pièces pour moins de cent euros.
Sophie trouvait des pépites dans chaque magasin, ressortant comme une Pretty Woman, les bras chargés de paquets. Pour moi, c’était un peu moins fun. Les collections actuelles ne m’allaient pas très bien et j’avais quelques difficultés à rentrer mon 44 dans les jeans taille basse portés par les mannequins.
Pour me remonter le moral, elle me propose de rentrer dans un magasin de lingerie sexy.
“Allez, essaye! Je suis sûre que tu seras canon là-dedans”, me dit-elle en me tendant un espèce de filet de pêche qui aurait à peine caché l’un de mes deux tétons. Les deux, ce n’était même pas envisageable.
Vu la largeur des ficelles, c’était l’un ou l’autre.
On glousse dans les cabines d’essayage en laissant glisser notre jambe nue sous le rideau. Sophie m’appelle alors pour me montrer un ensemble rouge carmin à tomber. “Regarde-moi çaaaaa”! Si avec ça, tu ne t’envoie pas en l’air, je ne comprends pas”. Elle a raison. Ce deux-pièces est absolument sublime. Je me décide à l’essayer. Le soutien me va parfaitement. Son effet plongeant me met en valeur. En plus, il n’est pas très cher. Ni une, ni deux, j’attrape le string, le porte-jarretelles et des bas autoportants avant de me rendre à la caisse.
Au vu de la tête de la caissière, elle doit penser que j’ai un rendez-vous le soir-même. Moi, je vois plus ça comme un investissement à long terme. Ça finira bien par me servir. Et puis, ça change un peu de mes culottes en élasthanne.
En rentrant chez moi, je m’empresse de me déshabiller pour essayer mes nouvelles acquisitions. Sans Sophie, c’est plus compliqué de fermer toutes les pressions et de mettre les lanières comme il faut, mais je m’en sors. Ce soutif me fait une poitrine de rêve. J’en suis enchantée. Vient alors le moment d’enfiler le string, puis le porte-jarretelles. Je galère un peu à le positionner pour cacher mon ventre et je déchante très vite.
Cette espèce de bout de ficelle me donne l’air d’un saucisson. “Bienvenue sur le Mont Bourrelets” semble-t-il hurler au miroir.
Je ne désespère pas et enfile les collants un à un. L’horreur. J’ai dû me tromper de taille parce qu’ils ne montent pas plus haut que mes genoux. Un chausse-pied aurait peut-être été utile pour les monter plus haut. C’en est trop. Je ne supporte pas mon reflet dans la glace et je fonds en larmes.
A-t-on vraiment besoin de faire une taille 36 pour se sentir sexy en lingerie? Suis-je obligée de me dire que je devrais aller dans des magasins spécialisés pour trouver des tenues à ma taille alors que je ne fais “que” un 44? Ça me désespère. Le problème avec ce genre de situation, c’est que j’ai beaucoup de mal à gérer ma tristesse. Là tout de suite, seul le pot de glace dans le congélateur semble pouvoir me consoler. Vous voyez la contradiction?
Alors que je peine à sécher mes larmes, je vois le petit museau de Gatzo passer la porte de la salle de bains. Il me regarde avec pitié, moi qui suis assise par terre, les jambes écartées sur un tas de mouchoirs. Il s’approche doucement et pose sa tête sur ma jambe avec douceur. “Toi au moins, tu m’aimes comme je suis, hein?”
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