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““LE POINT G”” épisode 123: la chronique sexo de Gaëlle

La rédaction

Gaëlle, 27 ans, en a bavé côté cœur. Après avoir épluché Tinder et vécu mille et une nuits parfois torrides, parfois étranges, il semblerait qu’elle ait trouvé le bon. Avec Ben, elle explore toutes les facettes de la sexualité. Avec amour, mais surtout avec humour.


L’autre jour, j’ai ressenti une immense douleur. Après une énorme dispute avec Ben, il m’a annoncé que c’était terminé. Je me suis senti tomber dans un trou. Un trou noir, profond, sans issue. Ces derniers temps, on s’était beaucoup disputé, assez violemment verbalement d’ailleurs. Je dirais que ça a commencé après le déconfinement. En reprenant nos vies à mille à l’heure, il y a quelque chose de destructeur qui s’est mis en place entre nous, sans que ni l’un ni l’autre ne le voit venir. La dispute en elle-même n’avait pas grande importance. C’est le fond de ces conflits qui a pété d’un coup. Un fond sur lequel je me confie rarement dans cette chronique : mon hypersensibilité. J’imagine qu’elle doit se sentir dans ma façon d’analyser des situations, de « dramatiser » parfois (le mot le plus insupportable pour les hypersensibles), de tout prendre trop à cœur.

Mais dans la vie de tous les jours, ça va bien plus que loin que ça. L’hypersensibilité, c’est comme une empathie démesurée face à la moindre émotion. Je ressens tout mille fois plus fort que les autres, ce qui est non seulement difficile à gérer pour moi-même mais aussi pour un partenaire de vie qui doit faire face à une suite sans fin de « up » et de « down ».


Au quotidien, ça se traduit par des phases d’euphorie extrême puis de déprime profonde, parfois sur la même journée. Le tout ponctué d’un cerveau qui cogite en permanence, qui se remet beaucoup en question et ressent un immense besoin de vibrer. Dit comme ça, ça sonne comme un enfer. Ça l’est parfois. J’ai déjà eu envie de m’assommer avec des médicaments à défaut de trouver le bouton off de mon cerveau. Ça provoque aussi des conflits ingérables avec des personnes qui ne comprennent pas, qui n’ont pas les clés pour gérer et qui peuvent se sentir complètement dépassé.

C’est exactement ce qu’il s’est passé avec Ben. On s’en doutait en se mettant ensemble mais on a quand même essayé. Quand une personne hypersensible se met en couple avec une personne qui manque d’empathie et qui est très linéaire dans ses émotions, c’est très (TRÈS) compliqué de parler la même langue. Et reproche après reproche, Ben en a eu marre, ce que je peux tout à fait comprendre.

Fatigué de tout ça, il m’a mise dehors un mardi après-midi. Et m’a rappelée deux jours plus tard en me disant qu’il m’aimait à la folie et qu’il avait compris pourquoi ça capotait.


Ces quelques jours de réflexion m’ont permis à moi aussi de faire le point sur les problèmes dans notre relation. La communication, sacro-sainte nécessité pour qu’un couple fonctionne, n’était plus assez présente. Depuis, on a beaucoup discuté. On s’est fait du mal sans le vouloir, on s’est épuisés. Mais l’amour est toujours présent et l’envie de réessayer aussi.

Malheureusement, une part de moi reste paralysée par la peur que ça ne marche jamais.


Parce que c’est moi le problème et que nos deux caractères ne collent pas forcément aussi bien qu’on le voudrait. L’amour nous fait tenir, mais combien de temps ? Ça serait le plus gros échec de ma vie, accepter que « l’homme de ma vie » ne soit pas celui que je croyais. En attendant, je suis rentrée chez nous, après une bonne semaine de réflexion. Et on essaye chaque jour de reprendre le cours de notre vie et de retrouver notre complicité.

Je sens que cet été va être décisif pour nous deux. Quelque chose a changé, et rien ne pourra redevenir comme avant. Mais peut-être qu’on va vers un mieux, plus serein, plus doux. Une chose est sûre : je grandis énormément pendant cette étape transitoire et j’apprends à mieux me connaître. Et ça, ça fait partie de la vie et ce n’est pas une mauvaise chose.

Chaque semaine dans votre magazine, retrouvez la chronique de Gaëlle: Le Point G.


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