““LE POINT G”” épisode 127: la chronique sexo de Gaëlle
Gaëlle, 28 ans, en a bavé côté cœur. Après avoir épluché Tinder et vécu mille et une nuits parfois torrides, parfois étranges, il semblerait qu’elle ait trouvé le bon. Avec Ben, elle explore toutes les facettes de la sexualité. Avec amour, mais surtout avec humour.
L’autre jour, j’avais rendez-vous chez le gynéco pour un check-up de routine. Vous savez, ce fameux rendez-vous qu’on doit faire une fois par an. Je me rends toujours dans le centre médical près de chez moi. Il y a tout là-bas : prise de sang, médecin traitant, gynéco, etc. Du coup, forcément, on y vient à la chaîne. La preuve, j’ai patienté au moins 40 minutes dans la salle d’attente.
Au bout d’un moment, je finis par m’impatienter. En plus, j’ai oublié mon téléphone et avec le Coronavirus, impossible de lire le moindre magazine sans faire une crise d’hypocondrie. Je suis donc restée assise sur ma chaise gentiment en regardant le plafond. Jusqu’à ce qu’un canon vienne s’installer en face de moi. Un canon vraiment canon.
Un grand brun, 1m90, une carrure de nageur et des cheveux un peu bouclés qui tombent sur ses oreilles en une mèche magnifique. Heureusement que je porte un masque pour cacher ma bouché bée.
Face à cette beauté qui semble tout droit tombée du ciel, je n’arrive pas à détourner le regard. J’observe ses traits fins et imagine à quoi ressemble sa bouche en-dessous du morceau de tissu qui le protège. Il doit d’office avoir un sourire ravageur. Le genre de sourire qui fait tomber les minettes en deux secondes. Et puis ses yeux, deux noisettes perçantes sous des sourcils broussailleux, ses yeux sont tout aussi canon que le reste.
Perdue dans mes pensées où je suis en train de le déshabiller dans un fantasme qui n’en finit pas, j’en oublie de détourner le regard pour ne pas me faire repérer.
Il relève le regard vers moi. Merde, merde, merde, il m’a grillée. Mal à l’aise, je tente de m’enfouir la tête entre les jambes et de disparaître de son champ de vision. Dans un acte désespéré pour savoir s’il me regarde toujours, je vois qu’il me sourit. Je le vois parce que ses yeux se plissent légèrement et font remonter ses pommettes. À mon tour, je souris en piquant un fard heureusement invisible. Ça faisait longtemps que je n’avais pas flashé à ce point sur une personne. Quelle beauté, mais quelle beauté ! Il pourrait être acteur pour une série Netflix à l’eau de rose tant il est beau. « Il fait un peu chaud ici, ça vous dérange si j’ouvre la fenêtre ? » « Non, non, pas du tout. Allez-y ». Il se lève et passe devant moi pour entrouvrir la vitre. Je ne sais pas pourquoi mais la vue de son corps m’excite un peu. D’un coup, j’ai vraiment envie de faire l’amour et je sens que mon corps assure ses fonctions premières de lubrification. Ça en devient presque gênant.
Je me demande s’il ressent la même chose. Il paraît que quand une énergie sexuelle se dégage d’une personne, elle peut être facilement perceptible pour le peu qu’on y prête attention. Tout le reste de l’attente n’a été qu’échanges de regards langoureux et de sourires à moitié perceptibles sous nos masques. Moi, j’essayais de me répéter « tu as un mec, tu as un mec » mais le petit diable sur mon épaule ne semblait pas vouloir que j’arrête de penser à lui. Je l’imagine m’attraper par les fesses et me porter jusqu’à cet appui de fenêtre pour m’embrasser langoureusement. Aaaah, nous sommes si seuls dans cette salle d’attente, tout pourrait arriver.
C’est l’instant précis qu’a choisi la secrétaire pour venir chercher mon Apollon. « Arnaud R., 2ème porte à droite s’il vous plaît ». Le voilà qui s’en va déjà. Arnaud. Quel beau prénom. Je ne sais rien d’autre de lui. En se levant et une fois à distance raisonnable, il a enlevé son masque et m’a lancé : « si vous êtes toujours là quand je sors, on pourrait aller boire un café ? » Et puis, il a souri, d’une affreuse dentition dont une dent manquante cassait absolument toute la beauté de son visage. « Oh je suis désolée, je suis déjà prise ». Ce masque protège vraiment de beaucoup de choses…
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