““LE POINT G”” épisode 142: le fantasme de la secrétaire
Gaëlle, 28 ans, en a bavé côté cœur. Après avoir épluché Tinder et vécu mille et une nuits parfois torrides, parfois étranges, il semblerait qu’elle ait trouvé le bon. Avec Ben, elle explore toutes les facettes de la sexualité. Avec amour, mais surtout avec humour.
L’autre jour, j’ai dû acheter des lunettes. Vous allez certainement vous dire que ça n’a aucun lien avec ma vie sexuelle. Mais détrompez-vous. À bien des égards, cette action anodine a eu un impact. J’ai passé deux heures dans le magasin à essayer chaque modèle avant de trouver la paire adéquate qui matchait bien avec mon visage.
Au moment de faire mon choix, j’hésitais entre deux paires. J’ai donc fait une photo de moi dans le miroir (c’est toujours plus parlant qu’un selfie quand on essaye des lunettes) pour l’envoyer à Ben. Et là, j’ai réalisé ce que je venais de faire. Sophie avait raison, je suis en train de devenir un gros caca.
D’un seul coup, j’étais face à mon reflet. Je n’étais ni maquillée ni coiffée et j’avais enfilé le premier pull qui me passait sous la main sur un jeans trop grand, pour ne pas qu’il serre trop au niveau du ventre.
Et là, j’ajoutais à ce tableau peu flatteur une paire de lunettes aux montures épaisses et originales parce que ça fait « stylé ». En d’autres mots, je me suis trouvée ridicule, défraichie. Sur le chemin du retour, j’ai passé tout le trajet de tram à regarder les anciennes photos de mon téléphone, celles de l’année dernière à la même époque. Le choc a été terrible.
J’ai pu réaliser à quel point le confinement avait eu un impact sur mon laisser-aller et mon estime de moi-même.
Je vous en avais parlé brièvement la dernière fois d’ailleurs, de l’impact que ça pouvait avoir sur la libido. Mais là, c’était encore pire parce que ça avait un impact sur mon moral dans son entièreté. Je ne prenais absolument plus la peine de m’apprêter parce que « à quoi bon ». C’est à ce moment-là que je me suis demandée pour qui je le faisais d’habitude alors. Et la réponse évidente, c’est que je m’apprêtais pour faire face au regard des autres, ceux qui me connaissent.
Ça m’a permis de réaliser que l’erreur première que j’avais commise était de ne pas prendre soin de moi pour moi. Toujours dans le tram, j’ai commencé à me parler à moi-même : « Donc, c’est décidé, à partir d’aujourd’hui, je m’habille tous les jours. Fini le pyjama. Je lave mes cheveux d’office tous les 3 jours maximum et je mets un petit coup de blush pour son effet placebo sur mon moral et du mascara, beaucoup de mascara». Je pense que sur le moment, j’étais dans le déni de ma déprime saisonnière + pandémie qui n’en finit pas.
En rentrant à l’appart’, Ben a tout de suite remarqué ma mine déconfite. « Ben alors ? T’as pas trouvé ton bonheur ? » J’ai sorti la monture de sa pochette et l’ai enfilée sans dire un mot, en levant les bras au ciel d’un air désespéré qui voulait dire « je ne ressemble à rien ».
À ma grande surprise, Ben a eu un petit rictus coquin. « Oh, oh, oh ! Je pensais pas que le fantasme de la secrétaire cochonne me plaisait mais je dois avouer qu’avec ces petites lunettes sur ton nez et ton chignon sur la tête, ça me donne des idées ».
Ses paroles m’ont franchement remonté le moral, mais pas autant que ses mains sur mes fesses qui me poussaient vers le lit. Après qu’il m’ait déshabillée, j’ai porté mes mains au visage pour enlever mes nouvelles précieuses. Mais ce n’était pas au programme dans la tête de Ben. « Tttt tttt ! Qu’est-ce que tu fais ? Surtout ne les enlève pas ! » m’a-t-il dit en attrapant mes mains pour les mettre autour de sa nuque. Entièrement nue, avec juste mes lunettes, je vous jure que je ne me suis jamais sentie autant désirable !
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