““LE POINT G”” épisode 143: une fusillade euphorisante
Gaëlle, 28 ans, en a bavé côté cœur. Après avoir épluché Tinder et vécu mille et une nuits parfois torrides, parfois étranges, il semblerait qu’elle ait trouvé le bon. Avec Ben, elle explore toutes les facettes de la sexualité. Avec amour, mais surtout avec humour.
L’autre jour, on a vécu une véritable scène de série. Assis dans le canapé (pour pas changer, n’est-ce pas ?), on cherchait un film à regarder quand, tout à coup, des lumières bleues ont transpercé nos fenêtres. On habite dans un appartement au bel-étage sur un boulevard très fréquenté. Avoir la police devant chez nous est presque habituel. Les gens se garent toujours sur l’arrêt de bus et les camionnettes blanches et bleues prennent un malin plaisir à allumer les sirènes pour signaler l’infraction aux automobilistes.
C’est d’ailleurs un running gag dans notre couple. Ben adore, et c’est un euphémisme, faire le papy devant la fenêtre et regarder les gens se faire enguirlander par la police.
Ce soir-là, quand les gyrophares se sont allumés, je n’y ai pas porté attention. Comme je vous le disais, c’est tellement habituel que je finis par ne même plus réagir. Mais Ben, fidèle à ses habitudes, s’est rué sur le fauteuil d’en face pour mieux observer le spectacle. Rigolant devant ce spectacle digne des commères de quartier, je lui ai demandé de venir se rasseoir près de moi pour qu’on puisse commencer le film. Vous auriez dû voir sa tête. « Viens vite voir, c’est la folie ! » Intriguée, je me suis levée pour regarder à mon tour. Et là… Je tombe sur 40 policiers, prêts à tirer sur une voiture à l’arrêt en plein milieu du boulevard. « C’est une filature », m’explique Ben. « Je les ai vus suivre cette voiture et la bloquer avec des véhicules. Puis, tous les flics sont sortis en trombe avec leur pistolet à la main ». Sous nos yeux se déroule une scène effrayante. Ces hommes ordonnent aux personnes dans la voiture de sortir mains sur la tête et de se coucher par terre. Sur le trottoir d’en face, des curieux observaient la scène sans avoir l’air de paniquer.
Je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que si quelqu’un se mettait à tirer, une fusillade pourrait avoir de graves répercussions non seulement pour les protagonistes mais aussi pour les spectateurs qui ne se protégeaient pas de la situation.
Heureusement, depuis notre poste d’observation, nous ne prenions pas beaucoup de risques. Ça a duré un peu plus d’une demi-heure. Trois personnes sont sorties de la voiture, se sont couchées à plat ventre et ont été emmenées dans un combi. « Sans doute un trafic de drogue » m’a lancé Ben. Je ne me remettais pas de ce que j’étais en train de voir. Je n’arrêtais pas de répéter « je n’en reviens pas », « je n’en reviens vraiment pas ».
Tout ça a provoqué une grosse montée d’adrénaline en moi. Un mélange d’excitation, de peur, d’incompréhension face à cette scène et à tout ce qu’elle impliquait.
Je me suis mise à paniquer en me disant qu’une balle perdue aurait pu nous tuer sans qu’on ait rien vu venir. J’ai ressenti le besoin d’être dans les bras de Ben. Un besoin qui s’est manifesté plus tard en envie brûlante de faire l’amour.
Comme si j’avais besoin de me prouver que j’étais bien là, et qu’il fallait en profiter. De chaque seconde, de chaque respiration.
Ben, fou de films de gangster et de thrillers, ne vivait pas les choses de la même façon. Mais une fois le soir venu, quand il s’est blotti dans mes bras avant de se déshabiller, je l’ai senti plus tendre que d’habitude, avec une envie irrépressible de me serrer contre lui, de m’embrasser longtemps et avec insistance. Peut-être qu’il a eu peur, peur pour moi aussi, et que c’est sa manière de l’exprimer. On s’est aimés très fort ce soir-là. Toutes ces images qu’on venait de voir nous ont rappelé le plus important : nous sommes en vie et c’est euphorisant.
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