Gaëlle, éternelle romantique, pensait avoir trouvé le bon mais la vie en a décidé autrement. Alors qu’elle approche des 30 ans, elle questionne sa sexualité et tente de déconstruire les idées reçues. Et pour y parvenir, rien de mieux que la pratique et le partage d’expériences.
L’autre jour, j’ai fondu en larmes. Je vous parlais de l’attente interminable, de savoir si oui ou non la prise de sang allait revenir positive à une grossesse éventuelle. Comment se positionner face à ça… La gynéco m’avait prévenue que le risque était réel et que seule la prise de sang pourrait me répondre avec certitude. Mais la patience n’est pas mon fort. J’ai donc acheté un test de grossesse en prévision.
Évidemment, la notice précisait qu’il valait mieux le faire avec les urines du matin, il me restait donc à patienter jusqu’au lendemain. La veille au soir, je me suis fait couler un bain pour réfléchir. Je sentais qu’un torrent d’émotions m’envahissait.
Au fur et à mesure que l’eau remplissait la baignoire, je voyais les larmes poindre dans mes yeux.
Je n’arrivais pas à identifier précisément ce que je ressentais. Il y avait cette part de moi qui se disait qu’avoir un enfant maintenant serait à mille yeux de mes plans de vie, que je n’avais aucune situation, que j’étais seule, laissée pour compte juste après une rupture. Cet enfant potentiel n’aurait pas été le fruit de l’amour, pas après toute la peine que Ben m’a fait ressentir. Mais si la décision aurait été unanime il y a quelques années, elle n’était pas si limpide à l’aube de mes 30 ans. Alors que je confiais ma peine à une amie, elle m’a assurée que la décision se prendra d’elle-même, que je le sentirai au fond de mes tripes au moment de devoir faire un choix.
Personne ne pouvait le faire à la place, c’était mon choix, à moi.
J’ai la chance d’habiter dans un pays où je peux disposer librement de mon corps. J’ai la chance d’être entourée par une famille et des amis formidables qui me soutiendront qu’importe l’issue de la situation. Mais je n’arrivais à être certaine que d’une chose : je n’avais pas envie de me poser cette question.
Pas maintenant. Pas après l’ascenseur émotionnel que je venais de traverser, pas juste après la tempête. Rien que l’idée de devoir choisir m’était insupportable. Et puis j’ai lâché les vannes. J’ai pleuré pendant de longues minutes, d’un chagrin douloureux, presqu’insupportable. Pourquoi devais-je faire face à ça en plus de tout le reste ?
Je pensais à toutes ces personnes qui rêvent de concevoir et qui rencontrent des difficultés, parfois insurmontables. Ça me semblait si injuste. Je me suis mise à parler à mon corps, à le supplier de déclencher mes règles comme une réponse salvatrice : celle où je n’aurai pas besoin de réfléchir. J’ai posé mes mains sur mon ventre et je lui ai demandé de tout mon cœur de ne pas m’imposer ça maintenant, de me laisser encore le temps de grandir et d’être sûre de moi. Je me sentais si seule.
En sortant du bain, je me suis effondrée sur mon lit et je me suis endormie immédiatement, épuisée. Le lendemain matin, je me suis réveillée groggy. Allez savoir pourquoi, j’ai laissé mon instinct me porter aux toilettes en oubliant complètement d’emporter le test de grossesse avec moi. Une fois soulagée de ma vessie pleine, j’ai remarqué la tache de sang sur le papier toilette. Tout m’est revenu d’un coup.
Je n’étais pas enceinte. Mes règles avaient fini par arriver, avec quelques jours de retard. Je pense que je n’ai jamais été aussi heureuse d’être en pleine possession de mes moyens.
J’avais finalement encore du temps devant moi. Je pourrai me poser plus tard la question de ma volonté d’avoir des enfants. Et c’était un cadeau inestimable. J’apprendrai un peu plus tard que le vaccin contre la COVID-19 pouvait provoquer un retard de règles. Une chose est sûre : j’ai eu ma dose.
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