““LE POINT G”” épisode 21: la chronique sexo de Gaëlle
Gaëlle, 26 ans, a passé huit ans de sa vie en couple. Mais après plusieurs déceptions, même si elle n’abandonne pas sa quête de l’amour avec un grand A, elle a décidé de se laisser vivre sans pour autant se priver des plaisirs de la chair. Elle compte bien découvrir les joies du sexe sans tabou et mener des expériences sans avoir froid aux yeux.
L’autre jour, Sophie a débarqué chez moi en trombe. «Ça ne va pas du tout ma chérie». Sophie adore parler comme Cristina Cordula. «Ça fait combien de temps que tu n’as pas épilé tes sourcils? C’est une ca-ta-stro-phe. Ouhlalaaa». À vrai dire, si elle avait vu l’état de mes jambes, elle aurait fait un infar dans la seconde. Ces derniers jours, j’étais restée cloîtrée chez moi, profitant d’un long week-end suivi d’un jour férié pour regarder New Girl pendant des heures.
Mes amis avaient bien essayé de m’inviter à sortir, mais je n’avais pas la tête à ça. «J’en ai rien à faire que tes cheveux soient gras. Tu files sous la douche et dans une heure, on sort». Dans ces cas-là, j’obéis à Sophie comme à ma maman. Je sais qu’elle fait ça pour mon bien. Elle veut que je reprenne du poil de la bête et pour ça, son secret magique commence par un M et finit par «ojito».
En sortant de la douche, je note qu’elle a déjà choisi ma tenue: une jolie petite robe noire que je mets les jours où j’ai envie de faire des ravages.
C’est la pièce maîtresse de ma garde-robe. Elle est sexy juste ce qu’il faut, épouse mes formes sans trop les dévoiler. Bref, je l’adore.
Sophie est une amie en or. Je n’ai même pas besoin de lui dire quoique ce soit pour qu’elle me remonte le moral. Son plan était tout tracé. On rejoint les copains pour un apéro qui va certainement s’éterniser. Ça me va très bien.
À notre arrivée au bar, mon verre m’attend déjà, entouré d’une dizaine d’autres. Les copains sont très enthousiastes à l’idée de faire la fiesta jusqu’à pas d’heure. Et c’est exactement ce qu’on a fait. Vers 1h du matin, je commence à flancher légèrement. La fatigue, le rhum et la musique qui va très fort ne font pas bon ménage dans mon cerveau. Je décide de sortir m’aérer quelques minutes, seule.
À l’instant où je passe la porte, je le vois, accoudé à l’appui de fenêtre, en pleine conversation.
C’est Nicolas, le garçon que j’avais pris pour mon tout premier rendez-vous Tinder. J’avais été lui adresser mes excuses pour mon retard et m’étais emballée devant son charme incroyable. Jusqu’à ce qu’il me dise que ce n’est pas avec lui que j’avais rendez-vous et que je devais faire erreur sur la personne. Le Bastien avec qui j’avais vraiment rendez-vous mesurait 20 centimètres de moins que moi et n’avait jamais réussi à me séduire.
En me retrouvant à quelques mètres de Nicolas, je me suis rappelée pourquoi j’aurais tant voulu que ça soit lui. Malgré les mois qui ont passés depuis notre première rencontre, je n’ai pas oublié ses grands yeux bleus. «C’est qui que tu mates?» me lance Sophie en passant sa tête par la porte d’entrée. «Tu te souviens de mon premier date? C’est le mec qui m’avait dit qu’il ne refusait jamais une bière. Nicolas». Grosse erreur. Je n’aurais jamais dû lui dire ça. À l’instant où je termine ma phrase, Sophie titube jusqu’à lui. «Ma copine te connaît, va lui dire bonjour, non?»
Nicolas relève la tête dans ma direction et plisse les yeux comme pour réfléchir. «Aaah c’est toi qui as des rendez-vous à l’aveugle!» Grillée. «Je suis… Gaëlle bière?» «En voilà un nom de famille pétillant». Qu’est-ce qui me prend? Je n’arrive plus à articuler deux mots. «Je t’offre une bière? C’est ça que je voulais dire» dis-je, rouge comme une tomate. «Là je dois y aller. Mais donne-moi ton numéro, on ira la boire ensemble une prochaine fois». D’accord. Je n’en reviens pas. Même pas eu besoin d’application cette fois.
Alors qu’il s’en va, je me retourne vers Sophie pour partager ma joie. La pauvre s’est endormie sur la chaise de la terrasse. Je passe son bras autour de mon épaule en la réveillant doucement. Nous n’échangeons pas un seul mot sur le trajet du retour. Sophie parce qu’elle est trop saoule. Moi parce que je souris bêtement. Vraiment, cette petite robe noire fait des miracles.
Chaque semaine dans votre magazine, retrouvez la chronique de Gaëlle: Le Point G.
Pour lire les épisodes précédents, rendez-vous ici.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici