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Gaëlle, 27 ans, a passé huit ans de sa vie en couple. Mais après plusieurs déceptions, même si elle n’abandonne pas sa quête de l’amour avec un grand A, elle a décidé de se laisser vivre sans pour autant se priver des plaisirs de la chair. Elle compte bien découvrir les joies du sexe sans tabou et mener des expériences sans avoir froid aux yeux.
L’autre jour, j’ai pris mon courage à deux mains. Après des jours de questionnement intense, j’ai contacté Ben. “On se voit bientôt?” ai-je commencé timidement par SMS. Ne m’en demandez pas trop. Je ne me sens pas encore prête à tout lui déballer par écrit, façon “Amours Solitaires” et poèmes débordant de mots doux. Non, non. Je préfère d’abord tâter le terrain. J’avoue que la démarche aurait été plus habile si je n’avais pas un verre de vin dans le nez comme ce vendredi soir à 22h00. Oui, je suis du genre à prendre des risques. Appelez-moi Courage, le chien froussard.
Voilà, ça fait officiellement deux minutes que mon message est envoyé et il ne me répond pas. Je fixe mon téléphone sans bouger. Mes yeux commencent à piquer à force de rester ouverts. 5 minutes. Il est temps de regarder la réalité en face, il ne me répondra pas. 10 minutes. Mais qu’est-ce qui m’a pris? Quelle idiote. C’est la pire idée du monde. 15 minutes. Je pose mon téléphone sur la table et me dirige vers le frigo. À peine passée la porte de la cuisine, je fais demi-tour en courant. Mon téléphone vibre. Je l’attrape vivement, manquant de le faire tomber. Rien sur l’écran, pas une trace de texto.
J’avais lu quelque part que l’obsession des smartphones, tout comme le fait qu’ils soient greffés à nos doigts en permanence, déclenchait des hallucinations. En gros, on croit l’entendre vibrer tout le temps. Celui qui a réalisé cette étude devait attendre un message de l’élu(e) de son cœur depuis longtemps. Je repars en quête de nourriture, pour combler ma frustration. Ce morceau de fromage n’a plus une couleur très fraîche. Tant pis, dans un morceau de pain, ça fera l’affaire. En revenant devant la télévision avec mon festin, je jette un œil vite fait sur mon téléphone. Vous devriez me voir jouer les désintéressées. “De toute façon, c’est un con.” Je regarde mon chien, interrogateur. “Quoi? T’as jamais été amoureux?” Bzz, bzz.
ÇA Y EST. C’est lui. “Tu es disponible quand?” Je réponds au tac au tac “Quand tu veux.” Au moment d’appuyer sur envoyer, je me ravise. Il faut que j’attende un peu pour ne pas avoir l’air d’être aux abois. Les deux minutes qui suivent sont les plus longues de ma vie. Il est temps de répondre. Bzz, bzz. Tiens, bizarre, il m’envoie un second message. “Marrant, j’ai rêvé de toi cette nuit.” Oh oooooh. “Et il se passait quoi?” “Devine” me répond-il. Le petit coquin! Je jubile, en sautant partout dans mon salon, et en renversant par la même occasion pleins de mies de pain sur le tapis (il est hors de question de lâcher la nourriture, même dans un moment d’euphorie). C
’est maintenant que tout se joue. Je dois être subtile, aguicheuse mais pas trop, et maintenir cette tension pour lui donner envie de revenir. “Si c’était aussi bien que mon bain d’hier, c’est quand tu veux.” Fière de ma franchise, je l’envoie sans relire. Pour la subtilité, on repassera. Mais l’effet est immédiat. Ben répond au tac au tac: “si je pouvais, je viendrais tout de suite. Et tu n’oublierais rien de ce qui se passerait ensuite.” Purée, il n’y va pas de main morte. “Je commencerai par te déshabiller lentement, en faisant glisser tes sous-vêtements sous ma langue.” Hum.
J’attends tellement la suite que je ne sais pas quoi répondre. “Et moi, je glisserai mes mains le long de ton dos, jusqu’à tes fesses. Je t’attraperai contre moi pour sentir ton excitation.” Pas mal pour une débutante, non? Sa réponse ne tarde pas à arriver. La conversation devient de plus en plus crue. “Alors ma chérie? Prête à sauter le pas? Tu vas tout défoncer.” HEIN ??? Mais, mais, mais?!! Ah, c’est Maman. Pendant une seconde, je ne comprenais plus rien. Elle s’inquiète de ma présentation au boulot demain. Je me demande bien quelle tête elle aurait tiré en voyant ma réponse à Ben. “J’ai tellement hâte que tu enfonces ta tête entre mes cuisses.”
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