““LE POINT G”” épisode 44: la chronique sexo de Gaëlle
Gaëlle, 27 ans, a passé huit ans de sa vie en couple. Mais après plusieurs déceptions, même si elle n’abandonne pas sa quête de l’amour avec un grand A, elle a décidé de se laisser vivre sans pour autant se priver des plaisirs de la chair. Elle compte bien découvrir les joies du sexe sans tabou et mener des expériences sans avoir froid aux yeux.
L’autre jour, j’étais sur un petit nuage. Car oui, ça y est: Ben et moi sommes ensemble, un vrai couple d’amoureux surfant sur une vague de miel dégoulinante de niaiseries. Et j’adore ça. Je suis carrément aux anges. Je me sens conquérante. C’est drôle quand même; l’effet que l’amour peut avoir sur notre façon d’être. Foncièrement, rien n’a changé dans ma vie. J’ai toujours le même job, la même coupe de cheveux, le même appartement et mon chien Gatzo, toujours fidèle au poste. Tout est pareil, si ce n’est qu’un garçon a (re)débarqué dans ma vie.
Même au boulot, mes collègues ont remarqué une différence. “Toi, tu t’es envoyée en l’air ce week-end!” m’assure Diane. En fait, on n’a pas encore couché ensemble depuis notre “mise en couple”. Malgré tout, elle a remarqué quelque chose, sur mon visage. L’amour nous marque-t-il d’une empreinte physique qui ne laisse pas les autres indifférents? Il est vrai que le sexe, lui, le fait.
Je sais repérer dans le sourire de mes copines si elles ont quelque chose de croustillant à raconter.
Il y a une sorte de trace brillante, une lueur dans le regard qui veut tout dire. Bon et puis, j’avoue qu’avec mes amies, on adore se raconter les derniers potins même quand ils concernent notre propre vie sexuelle. Quand l’une d’entre elles exige qu’on se voie le plus vite possible, on s’attend toutes à de nombreux détails très chauds. Je ne leur ai pas encore dit pour Ben. Je n’ai pas envie de précipiter les choses. C’est sûr et certain, on est ensemble. Je le sais parce que je lui ai demandé clairement, un peu comme une enfant qui n’est pas très sûre face à l’humour de ses parents.
Ça me rappelle mon père quand j’avais une dizaine d’années. Mon frère et moi étions installés à même le sol, en tailleur, en train d’écouter notre papa raconter sa folle vie en tant que croupier au casino. À la base, je lui avais demandé d’où provenait la cicatrice qui formait un rond sur son mollet. Il s’était lancé dans une histoire rocambolesque, nous contant ses longues heures passées derrière les tables de Black Jack dans un casino de Knokke. “Et puis un jour, il y eut une fusillade”, s’emporta mon père. “J’ai tout fait pour éviter les coups de feu mais l’un des tireurs m’a touché à la jambe.” Et moi de lui répondre: “noooooon, c’est pas vraiiiiii?!” À ces mots, mon père s’était empressé de clôturer son roman (complètement inventé) par la réplique suivante: “quoi, t’as jamais vu un trou de balle?”
Comment voulez-vous que je sois une enfant stable après tout ça?
Bref, revenons-en à Ben. Après de longues minutes de bisous langoureux et d’enlacements particulièrement étroits, j’avais fini par lui poser la question idiote: “Et donc, on est un couple, c’est ça?” Ben avait éclaté de rire. “Tu ne changeras jamais, toi. Toujours pleine d’incertitudes. Oui, Gaëlle, je veux qu’on essaye d’être un couple, un couple qui fait vomir les gens tellement il est écœurant d’amour. Ça te va comme ça?”
Comment dire non? Bien sûr que ça me va. Ce petit cœur de beurre m’a proposé qu’on passe la journée ensemble, histoire de se retrouver et de profiter. Mais j’ai refusé. “Si on est ensemble, pour de vrai, je veux faire les choses bien. C’est pourquoi je t’invite officiellement à un rendez-vous galant. Un vrai!” Ben acquiesce et me propose qu’on se rejoigne dans ma pizzeria préférée. Il n’a pas oublié, après toutes ces années. Il est plein de surprises et m’épate de jour en jour. Il va falloir que je sois à la hauteur de ce premier rendez-vous, et que je le fasse rêver un peu.
En sortant de cet appartement, j’ai croisé mon reflet dans le miroir. Les cheveux en pétard, le maquillage qui a coulé jusqu’à mes narines et la grosse mie de pain au chocolat coincée en haut de mon incisive m’offrent une vision d’horreur que je ne suis pas prête d’oublier. Ben a beaucoup de mérite. Et moi, beaucoup de chance.
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