““LE POINT G”” épisode 48: la chronique sexo de Gaëlle
Gaëlle, 27 ans, a passé huit ans de sa vie en couple. Mais après plusieurs déceptions, même si elle n’abandonne pas sa quête de l’amour avec un grand A, elle a décidé de se laisser vivre sans pour autant se priver des plaisirs de la chair. Elle compte bien découvrir les joies du sexe sans tabou et mener des expériences sans avoir froid aux yeux.
L’autre jour, j’avais atteint le point de non-retour. Ce moment exact où plus aucune parole ou geste ne changera mon état. J’ai un mec parfait, que j’attendais depuis toujours, qui me fait grimper aux rideaux. Mais seulement dans mes souvenirs concernant le dernier point. Comme je m’évertue à le répéter depuis plusieurs jours: nous n’avons pas fait l’amour.
Alors, attention, je comprends très bien les couples qui attendent, qui se préservent pour rendre le moment particulier. Je ne juge d’ailleurs pas celles qui souhaitent rester vierges jusqu’au mariage. Chacun fait ce qu’il veut. Mais voyez-vous, Ben et moi, on a déjà fait l’amour. Plein de fois, même. Du coup, je ne comprends pas l’intérêt d’attendre encore. On se connaît, on s’est déjà vus nus, on s’aime. Ben m’en a fait voir de toutes les couleurs sur l’oreiller (et le plan de travail de la cuisine). Le genre de couleurs qu’on aime beaucoup se remémorer.
Alors pourquoi diable en sommes-nous encore au stade du bécotage depuis nos retrouvailles?
Mon anxiété chronique m’empêche de prendre ça à la légère et de ne pas y chercher des signes. Pourtant, ce n’est pas vraiment de sa faute. À chaque fois que l’occasion s’est présentée, il s’est toujours passé quelque chose pour ne pas conclure. Un téléphone qui sonne, mon chien qui fait pipi sur le parquet, l’obligation de s’endormir sous peine de ne pas avoir la force d’aller travailler le lendemain.
Parfois, cette excuse m’énerve un peu. Je m’en fiche de mes heures de sommeil, de la dette de fatigue accumulée. Pourvu qu’on s’étreigne et que ça en vaille la peine. Mais Ben n’est pas comme ça. Passé 23 h, son sommeil est sacré. Plus rien d’autre ne compte sinon l’oreiller moelleux qui l’attend. J’ai beau glisser mes mains sur son ventre ou l’embrasser dans le cou, rien n’y fait.
Il ne le sait pas, mais parfois, je pleure un petit peu en regardant les minutes s’égrainer sur mon réveil.
Je ne me sens pas attirante, pas désirée. Lui m’assure que ça n’a rien à voir, qu’il ne veut pas gâcher notre première nouvelle fois en bâclant la chose. Il veut prendre le temps. Et moi, j’ai le temps long. Bien décidée à passer à l’acte, je lui ai proposé une solution un peu triste mais évidente. ”On devrait planifier notre partie de jambes en l’air dans nos agendas respectifs. Pour être certains que rien ne gâchera le planning“. Ben a ri. Il doit me prendre pour une obsédée. J’avoue que là, je ne pense plus qu’à ça.
Comme s’en amuse beaucoup Sophie; “j’ai envie de baiser”. Oui, c’est vulgaire, j’en conviens. Mais quand on arrive à ce stade de frustration, on se surprend à faire naître des envies pas très catholiques. Faire l’amour serait bien trop peu pour combler mon attente. Je rêve de sexe passionné, fort, intense. Je rêve que mon mec me réveille pendant la nuit et assouvisse toutes mes pulsions. Qu’on se dévoile lentement, qu’on se dévore du regard. Qu’on fasse monter la chaleur doucement jusqu’à mourir de chaud. Je rêve, je rêve. Mais la réalité et mes sous-vêtements toujours au sec me rattrapent.
Ben a peut-être raison. Quand je réfléchis un peu, j’en conclus que je serais restée sur ma faim si notre première fois s’était résumée à un quickie vite fait bien fait. J’ai compris l’intérêt d’attendre, maintenant.
Mais ça n’empêche que tous ces rituels autour de la sacro-sainte première fois sont peut-être un peu bêtes.
Finalement, on en fait toute une histoire mais la première fois n’est jamais dingue avec quelqu’un. Même quand c’est la première fois depuis longtemps. Au vu de sa volonté d’attendre, je commence même à me dire que je devrais peut-être me préparer à rendre ça inoubliable. Ça y est, je panique. Et si je n’étais pas à la hauteur? En attendant, le rendez-vous est pris. Dans un petit nuage tracé au stylo bleu dans mon agenda, j’ai écrit “Oh oui” à la date de vendredi.
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