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““LE POINT G”” épisode 49: la chronique sexo de Gaëlle

La rédaction

Gaëlle, 27 ans, a passé huit ans de sa vie en couple. Mais après plusieurs déceptions, même si elle n’abandonne pas sa quête de l’amour avec un grand A, elle a décidé de se laisser vivre sans pour autant se priver des plaisirs de la chair. Elle compte bien découvrir les joies du sexe sans tabou et mener des expériences sans avoir froid aux yeux.


L’autre jour, j’étais étalée de tout mon long sur le lit. Toute nue. Ben et moi venions de faire l’amour. ENFIN! Je peinais encore à reprendre mon souffle quand il est sorti triomphant de la salle de bains. “Alors, ça valait la peine d’attendre, non?” J’ai ri de bon cœur. Il était fier comme pas deux de ses prouesses.

Et peut-être de m’avoir fait languir aussi. Il faut dire qu’il ne m’a pas loupée. Lui qui m’avait tant promis de ne pas me faire regretter l’attente, ce n’était pas un mensonge. Il s’est bien occupé de moi. Longtemps, langoureusement, si vous voyez ce que je veux dire. C’était vraiment bien. Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance.

J’en mourrais d’envie mais la lumière de ma chambre était particulièrement vive.


Et je ne me sentais pas à l’aise de me découvrir à ce point devant lui. Il faut croire que mes complexes sont encore bien présents, malgré le fait qu’il m’ait déjà vue nue. Je ne pensais qu’à mon sexe qu’il allait admirer de très près. La question qui me taraudait, je suis certaine que tout le monde se la pose, fille ou garçon: “suis-je normalement constituée?”

C’est très difficile d’y répondre quand on y pense. Les seules autres vulves que j’aie pu voir dans ma vie, ce sont celle de ma maman, quand j’étais petite et que je rentrais dans la salle de bains sans prévenir, ou celles des actrices porno. Celle de ma maman, j’étais bien trop petite pour m’en souvenir. Et au pire, je n’ai qu’une vague image d’un pubis poilu qui ne m’a rien appris sur la “forme idéale”. Par contre, j’ai grandi, lors des dernières années de mon adolescence, avec l’idée que les sexes parfaits étaient démunis de poils, avec de petites lèvres bien cachées par les plus grandes. Autant dire une vision bien tronquée de la réalité.

Les filles des films porno se font très souvent refaire les lèvres pour qu’elles paraissent plus petites, plus roses, plus harmonieuses. On appelle ça une labiaplastie. C’est terrible. Parce que les personnes qui voient ces vulves refaites sont persuadés qu’il s’agit d’une forme normale et peuvent montrer des signes de dégoût devant d’autres réellement normales.

Moi-même, j’ai beau connaître cette pratique, je n’ai pourtant jamais réussi à me défaire de l’idée de cet idéal. À force d’entendre mes partenaires me dire que je n’avais rien d’anormal, j’ai quand même fini par accepter ma forme. Et puis, j’ai réfléchi à ce concept de normalité. C’est tout bonnement impossible d’en définir les caractéristiques puisque qu’elle n’existe pas.

Chaque corps est différent, chaque sexe est différent.


La preuve: je n’ai jamais vu deux pénis les mêmes. Toutes ces questions, ces réflexions sur la beauté subjective de notre corps nous empêchent de profiter, de vivre le moment présent. Combien ne cachent pas leur ventre ou se mettent dans des positions impossibles pour ne pas se dévoiler? Combien de femmes refusent de se mettre au-dessus pour la même raison?

Heureusement, il suffit parfois d’un regard ou d’un mot de notre partenaire pour n’avoir plus peur de rien. Quand j’avais dit à Ben que j’étais complexée par mes poignées d’amour, il les avait agrippées de ses deux mains en me disant avec une gentillesse infinie “ce sont mes accroche-Ben. Sans elles, je ne peux pas te rapprocher de moi. Elles me sont indispensables, comme toi”.

Après des mots pareils, comment ne pas me laisser aller? Je n’en avais plus rien à faire de ces petits bourrelets. En plus, je suis certaine que nos partenaires fixent leur attention sur nos atouts, pas sur nos défauts.

Pensez-y. Quand vous faites l’amour, que regardez-vous chez votre chéri? Son petit bidou? Ses poils sur les fesses? Ou ses grands yeux, ses bras musclés, la courbe de ses reins?

Quand on aime le corps de l’autre, on l’aime tout entier, avec ses imperfections qui sont si belles à nos yeux.


Si nous sommes capables de porter un tel regard bienveillant sur autrui, il est temps de faire pareil avec nous-même, n’est-ce pas? Et de s’abandonner au plaisir les deux yeux grands ouverts. Ou dans mon cas, les cuisses lascivement posées sur ses mains.

Chaque semaine dans votre magazine, retrouvez la chronique de Gaëlle: Le Point G.

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