““LE POINT G”” épisode 65: la chronique sexo de Gaëlle
Gaëlle, 27 ans, en a bavé côté cœur. Après avoir épluché Tinder et vécu mille et une nuits parfois torrides, parfois étranges, il semblerait qu’elle ait trouvé le bon. Avec Ben, elle explore toutes les facettes de la sexualité. Avec amour, mais surtout avec humour.
L’autre jour, on a frôlé la crise Ben et moi. Tout remonte à une soirée à laquelle je m’étais rendue seule chez des amis. Je n’avais pas du tout envie d’y aller. La fatigue, le stress du boulot… j’avais mille raisons de rester chez moi. Mais j’avais promis de passer. Je m’imaginais mal annuler au dernier moment, comme je le fais pourtant si bien d’habitude. Ben m’avait promis qu’il viendrait avec moi. Au dernier moment, il s’est défilé. L’enflure.
Ça m’a mise en colère. Il n’avait aucune excuse et m’abandonnait dans cette pâture de bières et de musique trop forte. J’ai traîné les pieds, les sourcils froncés, mais j’ai fini par me mettre en route. En arrivant là-bas, je tirais encore un peu la gueule. Après avoir fait la tournée des bisous et salué tout le monde, j’ai fini par m’éclipser sur la terrasse en douce. Un paquet de cigarettes traînait sur la table. “Au point où on en est…” J’en ai glissé une dans ma bouche en empoignant la boîte d’allumettes posée juste à côté.
La première bouffée de fumée m’a dégoûtée et m’a fait cracher mes poumons. “Soit tu as passé une très mauvaise journée, soit tu veux tuer le temps. Mais de toute évidence, tu n’es pas fumeuse, toi”. Je me suis retournée. Une bombe me souriait. Mon dieu qu’il était beau. Un vrai canon comme on en voit rarement. Et il me parlait, à moi.
Surprise par cette apparition, j’ai essayé de balbutier quelques mots à peine audibles. C’est qu’il me faisait perdre mes moyens celui-là.
Je me suis décidée à le rejoindre à l’intérieur. Alors qu’il me tournait le dos, ça fusait dans ma tête. Il me plaisait. Beaucoup trop. L’alchimie avait été immédiate. Ça faisait longtemps que ça m’était arrivé. À partir de là, les heures se sont enchaînées à une vitesse folle. On a bu, dansé, rigolé. On a retenté des pauses clopes sur la terrasse. Jusqu’à ce que je réalise que je n’avais plus de bus pour rentrer. “T’en fais pas, on partagera un taxi”. On avait déjà réalisé qu’on habitait à quelques rues l’un de l’autre. Visiblement, ce détail avait marqué son esprit. Pendant un court moment de lucidité, je me suis demandée ce que j’étais en train de faire. Je me suis isolée dans un coin pour réfléchir.
J’aime Ben. Il faut que je parte avant de foirer.
Je me connais, deux bières de plus et j’aurais été capable de me laisser tenter. Et je ne voulaiss absolument pas faire de bêtise qui pourrait mettre mon couple en péril. Alors que je me concentrais pour reprendre mes esprits, je l’ai vu arriver au loin avec deux bouteilles. ”Au fait, je m’appelle Alex. Ça fait des heures qu’on cause et tu ne m’as même pas demandé comment je m’appelais”. Je me suis confondue en excuses. Mais je n’ai pas eu le temps de dire grand-chose. Alors que j’étais toujours en train de parler, je l’ai vu pencher le visage pour m’embrasser. Heureusement, j’ai un mouvement de recul assez rapide pour l’éviter. “Je ne peux pas faire ça”. Il m’a attrapé les épaules et m’a prise dans ses bras. ”Tu as quelque chose, toi. Et le fait que tu me repousses me donne encore plus envie de t’embrasser”. Et v’là t’y pas qu’il recommence.
C’est qu’il était vachement culotté en plus. Je me suis sentie obligée de me justifier: «Tu sais, tu me plais aussi. Mais j’ai un copain que j’aime très fort et je ne peux vraiment pas faire ça, lui faire du mal et tout bousiller”. Il a eu un sourire coquin. “Ça finira par arriver, je le sens. Mais peut-être pas aujourd’hui, je te l’accorde“.
J’ai attrapé mon manteau sans dire un mot et suis partie le plus vite possible.
Ses paroles tournaient en boucle dans ma tête. Sa certitude, sa suffisance prétentieuse, tout m’énervait dans le personnage. Et pourtant, je sentais que ça me faisait quelque chose.
Comme s’il avait raison. Comme si c’était certain qu’on allait se revoir et que je finirais par craquer. D’un seul coup, j’ai été envahie d’une énorme culpabilité. En montant dans le taxi, je me suis jurée de ne pas en dire un mot à Ben et de ne plus jamais revoir cet Alex. Aussi intriguant soit-il.
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