““LE POINT G”” épisode 70: la chronique sexo de Gaëlle
Gaëlle, 27 ans, en a bavé côté cœur. Après avoir épluché Tinder et vécu mille et une nuits parfois torrides, parfois étranges, il semblerait qu’elle ait trouvé le bon. Avec Ben, elle explore toutes les facettes de la sexualité. Avec amour, mais surtout avec humour.
L’autre jour, j’ai dit à Ben que je n’étais plus sûre d’être amoureuse de lui. Et j’ai pleuré les dix jours qui ont suivi. C’était sorti tout seul, créant une tempête dévastatrice sur son passage. Ben n’avait pas dit un mot. Il avait pris sa veste et fermé la porte. Il ne l’a même pas claquée, ce qui me faisait encore plus mal. À l’instant où c’est sorti de ma bouche, j’aurais voulu dire: “non, je dis n’importe quoi. On efface et on recommence”. Le mal était fait.
Qu’est-ce qui m’a pris? Pourquoi? Aucune idée. Le mois précédent, on parle d’emménager ensemble. Puis, je foire tout en lui balançant ça en pleine poire. Lui n’avait pas conscience de toutes les réflexions qui m’animaient depuis plusieurs semaines. Je me mets à sa place deux secondes. Il n’a pas dû comprendre ce qui lui arrivait. Il ne savait rien de tout ça, rien.
Pendant près d’une semaine, je n’ai pas eu de nouvelles. Pas un SMS. Et croyez-moi, une semaine, c’est long et ça laisse le temps de réfléchir. Je me sentais comme une pauvre merde, un échec sur pattes. Je lui ai envoyé une tonne de messages “ je regrette”, “ je suis désolée”, “pardonne-moi”. Mais rien n’y faisait. J’ai fini par prendre mon courage à deux mains pour aller chez lui. Il fallait que je lui explique la vérité. J’ai frappé longuement. Personne n’a répondu.
Dans mes mains, je tenais un sac rempli de cadeaux. Une photo de nous, un burger tout chaud, son préféré. Et un t-shirt qu’il m’avait prêté pour dormir.
Tout sentait la frite. Devant la porte close, j’ai décidé de m’asseoir dans le couloir en attendant. Une heure est passée. Puis deux.
Dans ma solitude, j’ai décidé de me faire un peu plus mal au cœur en regardant toutes les photos de nous de ces derniers mois. Rien que des sourires, des bons moments.
Des souvenirs que j’avais presque oubliés. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Un voisin a même passé sa tête dans le couloir pour voir ce qui se passait.
J’ai alors entendu la porte de l’immeuble s’ouvrir. Reconnu sa démarche et son pas lourd sur les marches de l’escalier. Quand il est arrive à ma portée, je ressemblais à un panda noyé dans de l’eye-liner. Il est passé devant moi sans même me regarder et a claqué la porte. “Ben, je t’en prie, laisse- moi t’expliquer ”. Son indifférence me rendait hystérique. Les torrents de larmes ne s’arrêtaient plus. J’ai tambouriné. Mais rien. J’ai attrapé la photo dans mon sac et l’ai glissée à moitié sous la porte. Il a tiré sur l’autre moitié pour la récupérer. Silence. J’ai ensuite essayé avec une frite aplatie. Le désespoir vous fait faire des choses bizarres. Mais ça a marché, il a ouvert. “Ben, je ne suis qu’une idiote. Je ne pensais pas un mot de ce que j’ai dit. J’étais en colère, et triste. En colère contre moi-même surtout. Perdue. Je suis sincèrement désolée de t’avoir fait de la peine. Rien ne pardonnera mon comportement, j’en suis consciente. Si tu savais comme je m’en veux”. Ben a arrêté de faire les cent pas pour revenir à portée de mon visage. “C’est à cause de l’autre gars? Celui qui a essayé de t’embrasser.”
Peut-être, ça m’a retournée. J’ai commencé à avoir peur de l’avenir, de la routine. Ça m’angoisse tout ça”.
Il me répond au tac au tac: “tu ne veux plus qu’on emménage ensemble en fait ?” Ses mots ont eu l’effet d’un éclair de lucidité. Toutes les pièces du puzzle venaient de se mettre en place. J’ai réalisé que cette étape me foutait les boules et comme pour m’empêcher d’y arriver, je me suis sabotée toute seule. Et j’ai ruiné mon couple par la même occasion.
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