““LE POINT G”” épisode 78: la chronique sexo de Gaëlle
Gaëlle, 27 ans, en a bavé côté cœur. Après avoir épluché Tinder et vécu mille et une nuits parfois torrides, parfois étranges, il semblerait qu’elle ait trouvé le bon. Avec Ben, elle explore toutes les facettes de la sexualité. Avec amour, mais surtout avec humour.
L’autre jour, je suis allée faire un tour aux Petits Riens. Un temple de la seconde main pour les petits budgets. On peut y trouver des pépites, tant pour les vêtements que pour la déco. Mon préféré à Bruxelles dispose d’une bibliothèque avec un choix énorme de bouquins récents ou anciens. Ils sont récupérés lorsque les maisons sont vidées ou à l’occasion de dépôts. J’aime me dire que chaque objet ici a une histoire. J’imagine à qui il a appartenu, ce qui me procure la sensation de m’offrir des trésors.
Cette fois, je me suis intéressée à la littérature érotique.
Vu mon métier, c’est un peu mon rayon, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots. J’ai jeté mon dévolu sur plusieurs ouvrages dont un recueil de nouvelles d’Anaïs Nin. C’était une femme fascinante qui a révolutionné la littérature érotique. C’est d’ailleurs l’une des premières à avoir écrit des ouvrages de ce genre. Elle a rédigé plusieurs journaux intimes qui n’ont pu être publiés qu’après sa mort. Mais de son vivant, beaucoup lui ont commandé des recueils de nouvelles. J’ai choisi Les petits oiseaux.
Dès la préface, je suis transportée par son féminisme “parce qu’ils représentent les premiers efforts d’une femme pour parler d’un domaine qui avait été jusqu’alors réservé aux hommes”, écrit-elle. Son écriture pudique, mais si crue me subjugue. Elle arrive à trouver les mots exacts pour décrire le désir, qu’il soit tendre ou violent. C’est fascinant. En plus du petit bouquin rose à la couverture cornée, j’emporte plusieurs autres romans d’antan sur le même sujet. En arrivant à la caisse les bras chargés, la vendeuse me regarde d’un œil inquisiteur.
C’est pour des recherches ?”
J’aurais dû répondre oui, mais sur le coup, ça ne me vient pas à l’esprit. Un bête “non, non” sort de ma bouche. “Ah bon”, me répond-elle. Je vois un petit sourire naître sur son visage. Ce jour-là, j’étais d’humeur taquine. Ma réponse est donc sortie sans la moindre réflexion sur l’effet qu’elle pourrait avoir. “C’est pour mon plaisir, rien de plus”. Bien évidemment, elle n’a pas surenchéri. Me laissant seule, face à moi-même et mon malaise. Tant pis ! Elle s’attendait peut-être à ce qu’à mon âge, j’achète Fifty Shades of Grey. Mais non merci...
En rentrant chez moi, j’enlève mes chaussures et m’installe dans le divan. Je commence ma lecture avec une tasse de thé. La première nouvelle traite d’un homme aimant qui retape un appart’ pour sa femme. Un appartement qui a vue sur la cour d’une école. L’homme réalise qu’il apprécie particulièrement être regardé quand il est nu, même par les écolières. Le récit n’est pas très épais, quelques pages tout au plus et l’âge des étudiantes n’est pas précisé. Mais il suffit à me retourner l’estomac. Je claque la couverture pour le refermer hâtivement. “Yeurk, ça me dégoûte”. C’est si précis, sans être vulgaire, que je me sens mal à l’aise. Effectivement, elle dépeint le désir tel qu’il est et sans jugement. Mais cet élan de ce que je pense être de la pédophilie me donne la nausée. Je ne m’attendais pas à ça.
Un peu choquée, je décide de me faire couler un bain. J’emporte le bouquin avec moi et le pose sur le coin de la baignoire.
“Allez, on ne va tout de même pas rester sur un malentendu ?” Oui, parfois, je me parle à moi-même. Je me replonge dans ma lecture. Cette fois, rien de sordide ou d’immoral. Juste la description du désir naissant entre deux amants. Il commence à faire très chaud dans ma salle de bains...
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