““LE POINT G”” épisode 80: la chronique sexo de Gaëlle
Gaëlle, 27 ans, en a bavé côté cœur. Après avoir épluché Tinder et vécu mille et une nuits parfois torrides, parfois étranges, il semblerait qu’elle ait trouvé le bon. Avec Ben, elle explore toutes les facettes de la sexualité. Avec amour, mais surtout avec humour.
L’autre jour, Ben m’a invitée à dîner chez ses parents. Rien de bien foufou dans notre situation. Ben étant mon meilleur ami d’enfance, je connais ses parents depuis que je suis toute petite. J’ai déjà dormi, pleuré, vomi chez eux. Autant dire qu’ils me connaissent plutôt bien et qu’ils ont eu l’occasion de voir la part sombre de ma personnalité. Sauf que...
Je ne les ai plus vus depuis deux ans plus ou moins. La dernière fois, c’était avant le tout premier départ de Ben en Amérique du Sud où il a vécu un an. Ils avaient autre chose à faire que de prêter attention à moi. Et puis, à l’époque, nous n’étions pas ensemble Ben et moi. En deux ans, beaucoup de choses ont changé. Ses parents ont divorcé, il y a un peu plus d’un an. Ils se sont rapidement mis avec une autre personne, chacun de leur côté. Ils semblent tous couler des jours heureux.
Tous sauf Ben, qui a encore un peu de mal à avaler la rapidité avec laquelle les choses ont changé.
Forcément, quand sa mère nous a annoncé qu’elle voulait officiellement nous présenter la personne qui partage sa vie, Ben n’était pas très motivé. On s’est rendu chez elle en traînant un peu les pieds. Ben parce qu’il n’avait pas envie d’être là, moi parce que je devais aussi le traîner lui. Bref, venons-en à la partie comique de l’histoire. Une fois assis tous ensemble autour de la table, le nouveau beau-père s’interroge sur notre vie. Et vient alors ce moment toujours ô combien redouté où j’explique sans rentrer dans les détails que j’écris des chroniques. “Des chroniques de quoi ?” Vraiment, je devrais mieux me préparer à ce dialogue qui revient continuellement. Parce qu’à chaque fois, je finis toujours par lâcher le morceau et à prononcer le mot “sexe”. Où passe donc mon imagination dans ces cas-là ? N’y a-t-il pas un moyen de s’en sortir sans que je n’ai à tout déballer ? Sauf que cette fois, c’était un peu plus gênant que d’habitude.
Le beau-père a 60 ans, voyez-vous. Vous le sentez venir, le moment de malaise ? Alors que j’essaie d’expliquer en quoi consiste mon travail et en ayant l’air le plus détaché possible, la mère de Ben lâche une bombe atomique.
“Oh tu sais, nous ne sommes pas gênés de parler de sexe. Regarde, pas plus tard que la semaine passée, on a acheté 50 nuances de Grey. Le livre hein, pas le film. Et on l’a lu, tous les deux, jusqu’au bout”.
Et le beau-père de surenchérir : “on a fait bien plus que lire hein Minou”.
Alors qu’ils s’esclaffent tous les deux en se faisant des mamours, Ben me lance un regard noir digne de la pire furie. Je connais très bien ce regard. Il signifie: “t’as vu ce que tu as fait ?” Mon amoureux était clairement en train de subir la situation. Je peux totalement comprendre qu’il ne soit pas facile de voir sa maman avec un autre homme que son père. Encore plus de les imaginer faisant l’amour. Mais moi, et je ne pourrai pas le dire à Ben, j’ai vu un couple retrouver le goût de vivre, comme un nouveau souffle, une seconde chance. Ils étaient si mignons à se bécoter comme des adolescents.
L’amour n’a pas d’âge, c’est tellement beau.
Si le père de Ben pouvait être dans le même état avec sa nouvelle conquête, je serais la plus heureuse du monde. Je trouve ça super de pouvoir refaire sa vie dans la sérénité. Mais bon, après cette petite scène de BDSM qui s’est affichée dans ma tête avec des soixantenaires, je n’ai vraiment pas hâte que le papa nous invite à son tour. Il va me falloir un petit temps avant de m’en remettre.
Chaque semaine dans votre magazine, retrouvez la chronique de Gaëlle: Le Point G.
Pour lire les épisodes précédents, rendez-vous ici.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici