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Gaëlle, 27 ans, en a bavé côté cœur. Après avoir épluché Tinder et vécu mille et une nuits parfois torrides, parfois étranges, il semblerait qu’elle ait trouvé le bon. Avec Ben, elle explore toutes les facettes de la sexualité. Avec amour, mais surtout avec humour.
L’autre jour, on s’est couchés tôt. On a zappé la soirée Netflix pour aller tout de suite au lit. En allant dans la chambre à 21 h, on savait tous les deux qu’on n’allait pas dormir tout de suite. Une façon innocente de se dire à demi-mot : “on prendrait bien le temps de faire l’amour dans les règles de l’art pour une fois qu’on n’a rien de prévu.” Néanmoins, pour lancer la machine, ce n’est pas si facile. On est toujours un peu maladroits quand la température n’est pas encore montée et qu’on se retrouve un peu comme une pâte à gâteau tout droit sortie du frigo. On sait que ça sera bon, mais il va falloir atteindre un niveau de croquant suffisant pour savourer la chose.
Ben essaye de se mettre dans le mood et moi, je m’efforce de lâcher prise pour me concentrer sur le moment présent.
Est-ce propre à notre couple, je ne sais pas, mais à chaque fois qu’on se retrouve au lit avec l’envie de passer à l’acte, on change notre voix pour se parler.
Sans se concerter et surtout inconsciemment, on s’emploie tantôt à parler “bébé”, tantôt à se donner des airs d’amoureux ténébreux. Et à chaque fois, je dis bien à chaque fois, ça commence par un “ça vaaaa ?” Je vous laisse imaginer le parler gaga ou celui de lover assumé. C’est un peu ridicule. Pourquoi fait-on ça ? Je me suis déjà demandé si c’était propre à l’érotisme. Peut-être tente-t-on de communiquer à l’autre par la voix qu’on est disposés à faire l’amour. Comme si on tâtait le terrain à coup de petites phrases pas du tout subtiles. Du genre : “t’as mal au dos ? Oh mon amour ! Tu veux un massaaaaaage ?” ou “oh, je tombe sur toi grâce à je ne sais quelles forces de la nature et me retrouve à califourchon sur ton bassin. Dingue hein ? Puisque je suis là, on pourrait peut-être...”
Vous l’aurez compris, généralement, ce n’est pas très spontané.
Par contre, dès qu’on est lancés, tout roule. Mais il y a toujours ce petit moment juste avant qui s’apparente presque à une comédie où notre jeu d’acteur est d’une extrême importance. Parfois, quand on pousse le délire des voix suaves, je m’emballe un peu. Je finis par lâcher des phrases assez crues, sans inhibition. “Et si tu me mangeais tout entière ?” Je me sens comme la plus sexy des femmes, la plus coquine, jusqu’à ce que Ben ne puisse plus retenir son rire. Je ne dois pas être très crédible. Et ce n’est pas toujours son délire non plus.
Du coup, quand on a terminé, je finis toujours par m’excuser d’avoir dit tout ça. Un peu comme après la masturbation, quand on a honte de ce qu’on vient de faire. Toujours est-il qu’à moins d’avoir le même niveau d’excitation au même moment (et avouez que ce n’est pas évident au quotidien), ou de se sauter dessus sans détour, commencer à faire l’amour n’est pas une évidence à tous les coups. On y va en douceur, l’air de rien.
Je sais que le moment déclic arrive quand on commence à s’embrasser. Ben n’est pas du genre “roulage de pelle à tout bout de champ”. Du coup, quand il m’embrasse passionnément, c’est le signal de la porte ouverte. À partir de là, nous n’avons plus qu’à nous laisser aller. Finalement, je comprends totalement les animaux et leur parade nuptiale organisée. Pour eux, la séduction fait partie intégrante du processus de reproduction. Heureusement pour Ben, je ne suis pas une mante religieuse. La seule chose que je dévore après l’amour, c’est son regard amoureux qui me pousse doucement dans ses bras puis dans ceux de Morphée.
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