““LE POINT G”” épisode 91: la chronique sexo de Gaëlle

L’autre jour, je me suis inscrite sur un groupe Facebook nommé “Déculottées”. Je ne vais pas vous mentir, je lis aussi le Flair ; non seulement parce que j’y figure (et chaque semaine je suis surexcitée par la publication de ma chronique), mais aussi parce que c’est mon magazine préféré depuis de nombreuses années. J’ai vraiment un job de rêve du coup ! Mais je m’égare. J’ai découvert ce fameux groupe Facebook créé par Flair et qui parle de sexe de manière libérée. C’était une assez bonne surprise. Je dois dire que jusqu’à présent, à part en privé avec mes copines, je ne me serais pas imaginé une seule seconde pouvoir poser des questions un peu osées à des milliers d’autres femmes. Et là, je peux le faire sans complexe, même anonymement

si je le souhaite. Dès que j’ai été acceptée sur le groupe, j’ai scrollé pour le découvrir et m’intéresser aux sujets déjà postés.

L’une des membres avait posé la question suivante : “À quelle fréquence faites-vous l’amour avec votre homme ?”

C’est le genre de question qui intéresse tout le monde parce que, c’est plus fort que nous, on ne peut pas s’empêcher de se comparer. La preuve : sous son post, les réponses apparaissaient par centaines. Elles étaient aussi variées qu’il y avait de participantes. “Nous, on le fait tous les jours sauf quand j’ai mes règles”, “Minimum trois fois par semaine”, “Plusieurs fois par jour quand on a le temps”, “Une fois par semaine quand il veut bien, sinon toute seule tous les jours”.

Sous ces commentaires, d’autres intervenaient pour demander conseil : “Comment faites-vous pour avoir envie aussi souvent ? Et pour convaincre votre homme ?” À la lecture de tout ça, j’ai commencé, moi aussi, à me comparer puis à culpabiliser.

Ben et moi ne faisons pas l’amour hyper souvent, je dirais une à trois fois par semaine, selon notre niveau de fatigue et nos emplois du temps.

Et tous ces commentaires me frappaient au visage comme pour me dire “Vous devriez faire attention, ce n’est pas beaucoup/pas assez/pas normal”. Comme s’il y avait un nombre de rapports sexuels hebdomadaires idéal pour être heureux ! Si le nombre est trop élevé, vous êtes taxée de nympho par les jaloux et s’il est trop bas, un sentiment de honte s’empare de vous. Mais ce nombre un peu bas rassurera vos copines, qui pourront se dire que leur couple va sûrement mieux que le vôtre. D’un coup, je réalise que même dans mes chroniques précédentes, j’ai toujours eu tendance à quantifier les relations sexuelles.

Et dans ma tête depuis toujours, je compte tout le temps.

Chaque semaine, je peux dire précisément combien de fois on l’a fait. Tout simplement parce que ce chiffre a eu tendance à m’obséder. Comme s’il était un signal de la bonne santé de notre couple, la preuve qu’on s’aime toujours, qu’on est toujours attirés l’un par l’autre. Parfois, ça s’est terminé en dispute parce qu’il n’avait pas envie de moi alors qu’on ne l’avait fait “qu’une seule fois cette semaine”. Parfois, je me suis peut-être forcée à en avoir envie pour maintenir ce cap imaginaire de la sexualité épanouie.

Dans ma tête, le signal d’alarme résonnait dès qu’on descendait sous la barre des 1x/semaine. C’était certainement le signe que nous devrions rompre puisque les couples heureux le font plus que ça. Si on ne fait pas assez l’amour, on n’est pas heureux donc on doit rompre. CQFD. Vous savez quoi ? Ce sont des foutaises et il est grand temps que ça cesse.” (À suivre)

Chaque semaine dans votre magazine, retrouvez la chronique de Gaëlle: Le Point G.

Pour lire les épisodes précédents, rendez-vous ici.