Pour beaucoup – dont moi, avant que je m’y essaye – le massage tantrique est une pratique érotique pour accéder au plaisir sexuel. Pourtant, il est avant tout un soin thérapeutique permettant de redécouvrir sa sensualité.
Les journées de journaliste ne se ressemblent pas. Lundi matin, 9 h: j’ouvre mes mails et manque de recracher ma gorgée de café. On me propose de tester… un massage tantrique. Dans le meilleur des cas, ces mots évoquent pour moi une sorte de gourou tripotant une jeune femme en transe dans un nuage d’encens et d’huiles parfumées. Dans le pire, j’y vois une pratique à la limite de la prostitution, “happy ending” en bout de séance. Et un rapide coup d’œil sur Google et sur les sites proposant ces services suffit à me conforter dans cette idée. Du coup, ce sera merci, mais non merci. Enfin ça, c’est ce que j’aurais répondu si je n’étais pas journaliste: mon métier me pousse à dépasser les a priori. D’autant que la proposition vise un objectif clair: prouver que le massage tantrique, justement, ne ressemble pas à l’idée que l’on s’en fait.
Je décide donc de passer un coup de fil à la praticienne, Déborah, qui m’explique que “non, le massage tantrique n’a rien de sexuel.” Néanmoins, il s’agit bien d’un massage plus sensuel qu’un soin classique. Après quelques hésitations, et sans avoir finalement osé poser la question fatidique – allez-vous toucher mon minou, Madame? -, j’accepte. Déborah me demande si je préfère être massée par elle-même ou par un homme. Sans hésitation, je veux que ce soit elle qui s’occupe de moi. Le rendez-vous est donc fixé: fin du mois, je me rendrai chez Quintessence, salon de massages au cœur de Bruxelles.
Jour J, comme jouissance
Le jour fatidique. J’ai annulé tous mes plans du vendredi soir: le massage va durer 1 h 30 et il faut prévoir 2 h en tout, pour discuter au préalable avec le praticien. Lors de cet échange, primordial, Déborah m’offre l’opportunité de poser toutes les questions qui me trottent en tête: “Y’a-t-il des parties que vous ne massez pas?”, “Dois-je me mettre toute nue?”, “À quoi sert ce massage?”, “Comment avez-vous découvert la pratique?”… J’apprends notamment que oui, Déborah va masser toutes les parties de mon corps, t-o-u-t-e-s. Après cette discussion – nécessaire pour me relaxer –, elle m’emmène dans une pièce chaleureuse. Puis s’éclipse, pour me laisser me déshabiller entièrement et m’allonger sur le ventre. Je suis curieuse de voir ce que je vais vivre…
De la difficulté de lâcher prise
La musique lounge en arrière-plan réchauffe directement l’ambiance. Déborah asperge le verso de mon corps d’une huile chaude, qui coule sur mes jambes et mes fesses. Et commence à me masser les orteils, les mollets, jusqu’à remonter petit à petit vers mes fesses et l’intérieur de mes cuisses. Ouiche, je me crispe. Elle redescend… J’essaye de me détendre, mais – au secours –, chaque fois que ses mains remontent, je sens mon corps se raidir et mon souffle se couper. Non, décidément, “ça ne va pas le faire”, me dis-je intérieurement. Pourtant, le laisser-aller se veut la règle à suivre pour vivre pleinement l’expérience du tantrisme.
Le long voyage du plaisir
On me palpe, on me frotte et on me caresse délicatement chaque partie du corps: d’abord l’arrière des jambes, puis le haut du corps, et puis, on passe au côté face. Et c’est là que la magie opère. Petit à petit, c’est comme si mon corps accueillait les caresses avec plus de plaisir, moins de retenue. Comme si mon cerveau mettait enfin en sourdine les pensées qui l’assaillaient: “Mmmh, une femme qui touche mes fesses, c’est bizarre”, “Qui peut toucher des seins sans arrière-pensée?”, “Je me demande si je suis assez bien épilée…”. Je sens mon corps reprendre ses droits, loin de tout jugement, de tout a priori. Et la gêne s’échappe pour laisser entièrement place à mes ressentis. Ce sont des mains, c’est mon corps et au bout, mon plaisir. Pas de jeux, pas de sexe, pas d’attentes du côté de celui qui caresse, pas de recherche de performance.
Déborah masse mon crâne, mes seins, passe ses paumes entre mes jambes, effleure mon clitoris, tantôt avec ses doigts, tantôt avec ses avant-bras. Avec douceur ou un peu plus hâtivement. Parfois, elle pose simplement son bras sur mon clitoris et exerce une légère pression. Moi qui redoutais les caresses trop intimes au début, voilà que mon corps en redemande. Mais elle ne s’attarde finalement jamais sur les parties intimes, pas plus que sur une autre zone, tout du moins. Ce qui fait monter délicieusement le plaisir. Plaisir qui se fait de plus en plus intense… Je commence à paniquer: et si j’avais un orgasme, là maintenant, avec une parfaite inconnue? C’est précisément la question que j’aurais dû poser avant de me mettre à nu. Après 1 h 15 de massage, les caresses sur mon sexe deviennent de plus en plus agréables. Des vagues de plaisir me parcourent le corps, comme un feu qui s’embrase et s’assoupit, pour s’embraser de plus belle. Finalement, le massage s’arrêtera sans que je jouisse. Mais l’orgasme n’est pas une fin en soi du massage tantrique, bien au contraire. “Chaque personne est différente et possède un seuil de sensibilité personnel”, m’expliquera Déborah. “Le but est la découverte de son corps, de son moi charnel. L’objectif est le plaisir à l’état pur et la jouissance peut en faire partie.”
Tout l’intérêt du massage tantrique est de nourrir et stimuler la sensualité pour créer une intensité. Au final, je suis ressortie de cette pièce avec un doux sentiment, mélange d’euphorie, de légèreté et de bien-être total. Heureuse et revigorée d’avoir vécu ce voyage à travers mon corps et mon plaisir, d’en avoir exploré les moindres parcelles et d’avoir ressenti des sensations jusqu’alors inconnues. Soulagée aussi, d’avoir vécu le plaisir de tout mon “être”, sans avoir essayé de “faire”. C’est sans doute ça que j’en garderai: la sensation d’avoir réussi à entrer dans l’érotisme, avec la seule énergie de mon corps et sans devoir passer par des projections et scénarios mentaux. D’être parvenue à déconnecter mon cerveau de mon corps, à la manière d’une séance de méditation. Et ça fait un bien fou!”
Comment trouver un bon praticien?
Faites confiance au bouche-à-oreille et n’hésitez pas à téléphoner au praticien pour s’assurer du “feeling”. Lors de ce coup de fil ou de cette première rencontre, n’hésitez pas à poser un maximum de questions tout en exposant vos limites personnelles.
Qu’est-ce que le tantrisme?
Cette pratique spirituelle – datant de 7000 ans – tire ses origines dans le taoïsme, l’hindouisme et le bouddhisme. Elle travaille sur les sept chakras (ou canaux d’énergie) du corps, dont le chakra du sexe – appelé chakra sacré – qui se situe entre le pubis et le nombril. Ce chakra représente notre capacité à accepter nos relations aux autres et à être en accord avec notre sensualité. Mais nos sept chakras sont parfois bouchés par le stress, notre hygiène de vie… Et lorsque l’énergie ne passe plus, des troubles naissent; au niveau du chakra sexuel, il peut s’agir de frustrations sexuelles, affectives ou professionnelles. D’où l’importance de le stimuler.
À qui s’adresse le massage tantrique?
- Aux personnes désireuses de développer leur estime d’elles-mêmes, et de dépasser certains complexes. Le massage tantrique permet en effet de se réapproprier des zones de son corps souvent occultées pour retrouver un rapport sain à ce dernier.
- Aux personnes en perte de libido, qui souhaitent retrouver leur sensualité ou qui ne se sentent pas (plus) en phase avec leur sexualité. En ce sens, le massage peut être très bénéfique aux femmes qui se sentent déconnectées de leur sexualité après un accouchement par exemple, ou qui n’ont jamais connu l’orgasme.
- Aux personnes qui ont vécu des expériences intimes et sexuelles douloureuses et qui se sont finalement coupées de leur corps pour se protéger. Le massage permet de se sentir en paix avec ses propres zones sexuelles. Dans ces cas particuliers, le thérapeute veille à procéder étape par étape, sans jamais brusquer la personne.
- Aux personnes désireuses de vivre un moment de détente total, aussi, car ce massage provoque le même sentiment de relaxation qu’un massage classique et invite tout autant le corps à relâcher les tensions.
- Aux couples désireux de se reconnecter sexuellement. Le salon qui nous a accueilli propose des séances didactiques: en couple, le praticien apprend à prodiguer un massage tantrique à son partenaire.
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