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ON A TESTÉ: notre journaliste s’est glissée dans la peau d’une dominatrice

La rédaction

Annelies, journaliste, s’est glissée dans la peau d’une dominatrice. Elle nous raconte son expérience et son ressenti sur le BDSM.

Un homme dominant et une femme soumise, voici l’un des grands clichés associés au BDSM. Mais ce n’est pas toujours de cette manière que les choses se déroulent sous les draps… Annelies, journaliste, s’est plongée dans le monde de la domination au féminin.

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Quelle est la première chose qui vous vient à l’esprit lorsque vous entendez le terme « BDSM »? Des combinaisons en cuir, des fouets qui claquent, des cordes, des néons rouges, un homme dominant et une femme soumise? Bravo, ce sont les clichés parfaits qui collent à cette pratique! Maintenant que vous avez cette image bien en tête, vous pouvez la juxtaposer à celle d’une jeune femme, relativement sage, vêtue d’une tenue classique aux couleurs neutres et toujours un livre à la main. Les deux images ne s’associent pas? Pourtant, c’est ce que je suis! Une fille ordinaire qui a toujours été très curieuse de tout ce qui touche au bondage, à la domination, à la soumission et au masochisme. Alors, je vous le dis, il est temps de faire sortir le BDSM du tabou qui l’entoure. Et en tant que journaliste, il est de mon devoir de vous en parler ouvertement et honnêtement. Mais d’abord faisons un petit rappel!

Qu’est-ce que le BDSM?

« Je préfère décrire le BDSM comme une interaction entre deux ou plusieurs personnes, où des activités non conventionnelles sont pratiquées avec un consentement mutuel », explique Yingjia Fu, coach en kinky sex. « Ces activités sont très diverses et peuvent inclure différents éléments: attacher votre partenaire (bondage), jouer avec la glace et du feu (jeu de température), infliger délibérément des brûlures ou des égratignures (scarification), imposer ou suivre des règles (dominant/soumis), administrer ou recevoir des coups de fouet (jeu d’impact) ou des chatouilles (jeu sensoriel). »

Mon expérience

Mon intérêt pour le BDSM ne date pas d’hier, mais l’homme avec qui j’étais en couple auparavant n’était pas aussi aventureux que moi à cet égard. Expérimenter n’était pas une option. Vous pouvez donc imaginer le monde qui s’est ouvert à moi lorsque je suis devenue célibataire. Ma première expérience sexuelle, une fois mon couple derrière moi, fut similaire à une explosion. En tant que grande curieuse, je me suis mise à faire mon plein d’expériences. Je fréquentais alors un mec « plan cul », en qui j’avais entièrement confiance, qui m’a permis de goûter aux jeux d’impact (le fait de faire mal à l’autre), à la domination, au bondage et à bien d’autres activités que je ne développerai pas ici. Le point commun de toutes ces expériences? J’étais la soumise. Est-ce que ça signifie que je l’ai laissé me manquer de respect? Au lit, oui! Et je peux vous dire que la soumission sexuelle a été une révélation. Après un passé rempli de mauvaises expériences sexuelles, cela m’a aidée à reprendre confiance en la personne avec qui je partageais mon lit. Ça m’a appris, en tant que control freak, à enfin relâcher mon emprise frénétique sur la vie, même si c’était dans le cadre sûr d’un jeu BDSM. En bref, j’étais comme un poisson hors de l’eau. Jusqu’à aujourd’hui...

Inverser les rôles

Secrètement, je rêvais de trouver en mon partenaire de vie un partenaire de jeu dominant également. Mais ce n’est pas si simple. Trouver l’homme idéal est au moins aussi difficile que de dénicher un dominant avec lequel on s’entend vraiment. Essayer de combiner les deux revient à chercher une aiguille dans une botte de foin. J’ai maintenant une bonne et une mauvaise nouvelle. Je suis folle amoureuse (youpi!) et mon Chéri est très curieux de tout ce qui touche au BDSM (encore mieux!). Il veut même bien s’y mettre... mais en tant que soumis (merde...). Heureusement, son enthousiasme est contagieux. Après un peu d’expérimentation, j’ai remarqué que j’avais envie d’inverser les rôles et de tester la domination. Mais que je bloquais toujours le moment venu. Je me suis rendu compte que, non seulement, j’aimais jouer ce rôle de soumise, mais que j’en avais fait une habitude et que je m’identifiais au cliché de la femme soumise et de l’homme dominant. Je me suis donc demandé si j’étais capable d’assumer un rôle dominant. Avais-je suffisamment confiance en moi pour prendre la tête de ce jeu? Étais-je assez forte et crédible? Et surtout, est-ce que j’oserais le faire?

Est-ce que je me suis laissé marcher sur les pieds? Au lit, oui!

Chez la coach en BDSM

Le BDSM et le kinky sex sont peut-être encore tabous pour la grande majorité de la société, mais il existe heureusement quelques personnes qui peuvent répondre à toutes mes questions liées au kink. C’est le cas de Yingjia Fu, consultante sexuelle, thérapeute de couple et coach en kinky sex, à qui l’on peut s’adresser pour recevoir des conseils sexuels avec ou sans partenaire, des ateliers de kinky sex et une journée d’immersion dans l’univers de la domination féminine. Je vous entends penser à voix haute: une quoi? La journée d’immersion en domination féminine est un atelier qui vous permet de découvrir et de développer votre côté dominant en compagnie de femmes partageant les mêmes idées que vous, dans un environnement safe et en toute transparence. Le tout accompagné d’une professionnelle. En d’autres termes, une thérapie de groupe BDSM. Malgré quelques appréhensions, je me suis laissée guider pour mes premiers pas en tant que femdom. Et oui, j’ai toujours des réflexes de soumise (rires).

Femdom, here I come

Les trois semaines qui se sont écoulées entre mon inscription à cet atelier et le jour J m’ont semblé très longues à cause de l’impatience. Mon copain était déjà à fond dedans et fantasmait à voix haute sur ce que nous allions faire après. Deux de mes amies proches ont décidé de s’inscrire avec moi, car elles ont été immédiatement séduites par l’idée, tout comme leurs conjoints. Ma famille a réagi différemment…Mon beau-frère s’est interrogé à voix haute: la domination au lit n’était-elle pas réservée qu’aux hommes? Pour sa part, mon frère s’est montré très enthousiaste, s’exclamant qu’il trouvait ça super que je participe à un atelier sur l’augmentation du nombre de femmes occupant des postes à responsabilité au travail... Vous pouvez imaginer la tête qu’il a faite lorsque je lui ai expliqué en quoi consisterait réellement cette journée d’initiation à la domination. Sorry, bro’!

Préliminaires et devoirs

Je peux vous raconter comment s’est déroulée la préparation et ce que tout le monde en a pensé, mais je parie que vous ne lisez cet article que pour deux raisons: savoir à quoi ressemble vraiment une telle journée et si j’ai réussi à prendre le rôle de la femme dominante. Permettez-moi de vous décevoir, le femdom day ne consiste pas à enfiler une combinaison en cuir et à s’armer d’un fouet. C’est beaucoup plus que ça! Comme lors d’une bonne séance de BDSM, cet atelier comprend un entretien préalable ainsi qu’une discussion ultérieure. Quelques jours avant l’événement, j’ai ainsi eu un appel avec la coach BDSM pour parler de mes attentes et objectifs. Et de quelques sujets très personnels. Pour s’assurer que personne ne dépasse ses limites ou ne se ferme, il est important pour Yingjia de connaître votre état de santé, physique et mental. Mon traumatisme sexuel, mes troubles obsessionnels compulsifs et mes douleurs chroniques ne sont que quelques-uns des éléments qu’il était essentiel de partager pour le bon déroulement de la journée. J’ai senti immédiatement que ces informations étaient entre de bonnes mains.

En fait, cela ne me dérangeait pas du tout de creuser mes traumatismes. Mais pour ce qui est des devoirs, c’était une autre affaire… Je devais apporter quelque chose qui me mettait dans un mood de domination féminine. Et ramener des outils ou des jouets que j’aimais utiliser. Enfin, je devais porter une tenue qui faisait ressortir la dominatrice en moi. J’ai beau avoir une armoire pleine de vêtements et un tiroir (d’accord, deux) rempli de jouets, j’ai été soudainement envahie par les doutes et l’incertitude. Rien ne me semblait correspondre à cette demande. Finalement, j’ai enfilé un body noir échancré que j’ai enfilé sous une minijupe et un chemisier.

Épicez votre vie

En arrivant dans un magnifique loft, j’ai remarqué que mes amies et moi étions les seules élèves du jour. C’est probablement la raison pour laquelle la conversation a directement été très ouverte et profonde. Chacune a pu exprimer ses vulnérabilités. Qui prend généralement l’initiative dans la chambre à coucher? Qu’est-ce qu’on aimerait apprendre aujourd’hui? Qu’avons-nous apporté comme objet? La conversation était tellement bienveillante et profonde que j’ai regretté de ne pas avoir avoir fait mes devoirs. Avant que nous n’entrions dans le vif du sujet, Yingjia a sorti la dernière chose que je m’attendais à voir... une photo des Spice Girls. « Pourquoi? »: voici la seule pensée qui m’est venue à l’esprit. Eh bien, tout comme chaque individu a une personnalité différente, chaque personne a également une personnalité féminine différente. Et comme les Spice Girls sont les archétypes féminins, il était temps de voir si nous pouvions nous reconnaître dans l’une ou plusieurs d’entre elles. J’aurais pu le voir venir, et pourtant je n’ai pas su quoi répondre lorsque Yingjia m’a demandé quelle Spice Girl j’étais. Mes amies, elles, ont répondu directement! J’étais pleine de doutes: ne suis-je pas aussi débrouillarde que Ginger, aussi sauvage que Scary et aussi charmante que Baby Spice?

Je choisis un body noir échancré, que j’enfile sous une minijupe et un chemisier.

Maîtresse Annelies

Ce que j’ai appris? Le rôle de dominant et le BDSM en général sont remplis de nuances et de possibilités. Un élément-clé pour démêler mon style femdom a été de découvrir ce que j’aimais, où étaient mes limites physiques et mentales et ce qui m’excitait. Pour clarifier cela, nous avons reçu des pages et des pages de listes de limites mentales et physiques et d’activités BDSM possibles. Avais-je envie de battre mon amant avec un fouet? D’utiliser des pinces à tétons? De verser de la cire de bougie chaude sur son dos? Comment pourrais-je lire sur son visage s’il n’aimait pas quelque chose? Y a-t-il des traumatismes qui pourraient surgir pendant nos jeux? Est-ce que je voulais que mon soumis s’adresse à moi en tant que maîtresse ou plutôt par mon nom? Ceci n’est qu’un petit échantillon des quarante pages de questions et d’activités que Yingjia nous a présentées.

Si je n’étais pas assez proche de mes amies avant cette aventure, je l’étais désormais. On a tout mis sur la table! J’avais déjà l’impression d’être un livre ouvert avant cette expérience et pourtant, tant de choses ont refait surface. Des choses auxquelles je n’avais jamais réfléchi et que je n’avais jamais osé admettre. Et pourtant, ce sont ces mêmes éléments que je devrais révéler si mon partenaire et moi décidions de nous lancer réellement dans des séances de BDSM. Après tout, un penchant que vous n’avez jamais osé dévoiler peut soudain devenir la source ultime de plaisir lorsque vous le mettez enfin sur la table. Même un traumatisme que vous pensiez avoir oublié depuis longtemps peut ressurgir par un simple toucher ou un simple regard. Cette journée de domination n’a donc pas été qu’une partie de plaisir.

Est-ce que je veux que mon soumis s’adresse à moi en tant que maîtresse ou plutôt par mon nom?

Un match avant tout

Au terme de cette journée, il était temps d’organiser un speed dating BDSM. Mais avant que mon Chéri et que les copains de mes amies ne puissent goûter aux fruits de notre apprentissage, nous avons commencé l’entraînement… sans eux! Notre speed date s’est déroulé avec nulle autre que Yingjia elle-même. Après une explication détaillée de ce qu’elle aimait en tant que soumise, de ses limites, des jeux qu’elle appréciait et de sa routine de soins, c’était à notre tour de nous vendre comme son partenaire dominant potentiel. En guise d’entraînement! Disons que je ne me sentais pas dans ma zone de confort. Je devais dévoiler mes traits dominants pendant trois longues minutes… Et pourtant, j’ai fini par manquer de temps. Tout ce que j’avais appris lors de la journée de coaching se déversait. Je me suis mise à me décrire comme une dominante provocante, érotique et sadomasochiste, qui n’hésitait pas à jouer avec une ceinture de cuir ou avec de la cire de bougie brûlante. J’ai raconté des dizaines d’histoires sur la façon dont je voulais qu’on s’adresse à moi (mon nom complet, s’il vous plaît), sur la façon dont je m’occuperai de Yingjia pendant l’after care et sur le fait que j’avais moi-même particulièrement besoin de câlins et de conversations profondes après une séance BDSM. En bref, j’ai mis mon âme à nu pour gagner le cœur de la soumise en face de moi, mais hélas en vain. Disons qu’une soumise qui préfère ne pas avoir de relations sexuelles pendant une séance et qui n’aime pas les stimuli douloureux n’est pas la partenaire de mes rêves.

La nouvelle moi

Une semaine après cette expérience, me voilà assise devant mon ordinateur, prête à remercier longuement Yingjia pour cette journée merveilleuse et instructive. Seulement, je n’avais pas du tout anticipé la quantité d’émotions que cette conversation d’après-coup allait déclencher en moi. Car même si je voyais jusqu’alors mes nouvelles vibrations féminines comme quelque chose de purement sexuel, que je ne pouvais utiliser que dans un contexte BDSM avec mon amoureux, je devais admettre que mon frère avait eu un peu raison. En effet, depuis que j’ai appris à exprimer mes qualités de dominante dans un contexte sexuel, j’ai remarqué à quel point je me laissais marcher sur les pieds dans d’autres domaines de ma vie. Cette prise de conscience est apparue lors de notre conversation Zoom, au cours de laquelle Yingjia a souligné ma façon de m’asseoir et de parler.

Si je peux me faire respecter sous la couette, je peux aussi m’imposer à l’extérieur.

J’ai remarqué la confiance en moi dans ma voix et la façon dont je défendais mes opinions. Elle a tout à fait raison, car si je peux m’affirmer sous la couette, je peux certainement aussi me faire respecter à l’extérieur. Ce qui, bien sûr, ne veut pas dire qu’à la prochaine réunion, je me mettrai soudain à fouetter mes collègues pour appuyer mes arguments. Il ne me reste donc qu’une seule chose à faire après cette aventure, savoir qui je suis en tant que femme. Je sais qu’il n’existe pas de réponse unique à cette question. Mais après huit heures passées avec Yingjia, je sais davantage qui je veux, je peux et, surtout, j’ose être. Je réalise maintenant que la vraie question n’était pas « est-ce que j’ose faire ça?  », mais « est-ce que j’ose admettre que je veux vraiment avoir le contrôle? » Grâce aux conversations ouvertes, aux questions approfondies et à l’environnement stimulant de la journée d’immersion dans la domination féminine, j’ai retrouvé confiance en ma sexualité. Et dans la foulée, j’ai déniché des tonnes d’inspiration! Affaire à suivre.

Découvrez vous aussi votre Spice Girl dominante

Baby Spice: joueuse, enfantine, mignonne. Une femdom qui ne réprimande pas son·sa soumis·e, mais qui le/la convainc par ses charmes de ne pas la décevoir.

Scary Spice: sombre, énergique, sauvage. Une femdom qui n’a pas peur d’effrayer son·sa soumis·e…

Posh Spice: classe, exigeante, féminine. Cette femme perfectionniste travaille tout à la perfection, aime les règles et adore être choyée.

Sporty Spice: compétitrice, masculine, arrogante. Ce n’est jamais assez rapide ou intense pour elle. Elle est très endurante et adore l’adrénaline.

Ginger Spice: chaotique, initiatrice, pipelette. Une ginger femdom ne suit pas les règles, car elle les crée elle-même. Elle aime la spontanéité et la fête.

L’ABC du BDSM

Jeu d’impact: pratique sexuelle dans laquelle une personne est frappée par une autre personne pour la gratification de l’une ou des deux parties

Jeu de température: lorsque des objets ou des substances sont utilisés pour exciter les nerfs avec de la chaleur ou du froid (extrême), par exemple, avec des glaçons ou de la cire de bougie chaude.

Sensory play: lorsqu’un ou plusieurs des cinq sens sont stimulés pendant le jeu. Cela peut se faire, par exemple, avec de la musique (audition), en bandant les yeux (vision) ou en caressant avec une plume (sensation).

Bondage: lorsque la liberté de mouvement d’une personne est supprimée et/ou restreinte à sa demande et avec son consentement.

After care: lorsque les deux partenaires prennent soin d’eux-mêmes ou de l’autre après le rapport pour récupérer physiquement, mentalement et émotionnellement. La manière dont cela se passe est très personnelle.

Texte d’Annelies Hart et Justine Rossius

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