Gaëlle, éternelle romantique, pensait avoir trouvé le bon mais la vie en a décidé autrement. Alors qu’elle approche des 30 ans, elle questionne sa sexualité et tente de déconstruire les idées reçues. Et pour y parvenir, rien de mieux que la pratique et le partage d’expériences.
L’autre jour, j’ai embrassé Alex. C’était un baiser particulier, celui que l’on n’avait pas osé s’offrir il y a deux ans. Sur le moment, je l’ai vécu intensément. C’est étrange de découvrir une bouche. Deux lèvres que l’on n’a jamais goûtées et qui signifient la mise en connexion entre deux êtres.
Pendant quelques secondes, le monde a ralenti. Nous n’étions qu’un, enchainés par le désir d’échanger cette énergie de frustration et d’envie, accumulée par le passé.
Il y a des baisers plus particuliers que d’autres. Mais toujours, qu’importe la personne, ils vous donnent une indication de la suite. Le feeling est-il passé ? Vos langues s’accordent-elles comme si elles étaient prédestinées à le faire ? Je me souviens d’un baiser échangé avec un musicien il y a quelques années. J’en avais rêvé toute la soirée. Mais au moment fatidique, rien. Pas une once d’étincelle.
Ici, c’était différent. Elle était présente, l’étincelle. D’ailleurs, je n’avais qu’une hâte : recommencer. Mais alors que nos corps s’approchaient davantage dans une étreinte marquant notre volonté de faire durer le moment, le visage de Ben me frappait de plein fouet. Dès que je fermais les yeux pour vivre l’instant présent, ses traits s’affichaient à moi dans une violence inouïe. Comme si je n’avais pas le droit de m’abandonner à un autre, mon inconscient me soufflait à l’oreille que j’étais en train de tromper cette personne. Je me suis reculée, étourdie.
Alex s’est inquiété tout de suite de ma réaction. « Tout va bien ? » « Oui, c’est juste bizarre d’embrasser quelqu’un après une longue relation ». Évidemment, je ne pouvais pas dire ça sans m’attendre à un recul de sa part. « Si ça va trop vite, je comprendrai. Tu as peut-être besoin de temps ? » J’avais l’impression d’avoir eu largement le temps de faire mon deuil ces dernières semaines. Mais j’avoue qu’une chose me taraudait particulièrement : je ne pense pas avoir versé une seule larme de tristesse à l’égard de Ben. Enfin… Pour notre relation qui s’est terminée brutalement, notre complicité, cette histoire qui n’aura jamais de « happy end », pour tout ça, j’ai pleuré.
Mais cette rupture a aussi mis en lumière nos différences et le fait que nous n’étions clairement pas épanouis à 200%, malgré nos efforts. Comme si ça devait être comme ça, c’était la suite logique de notre histoire.
Mais puisque j’en suis consciente, que je ne regrette pas et que j’ai le droit de profiter de l’instant présent, pourquoi diable ne suis-je pas capable de me laisser aller à un baiser ? En tout cas, le malaise était présent. Alex ne disait plus rien, moi non plus. C’est fou comme le silence peut être pesant.
Heureusement, il a tenté une ouverture du cœur, ou bien était-ce un subtil subterfuge pour me mettre dans son lit : « Tu sais, je ne t’ai pas oubliée tous ces longs mois. Quand on s’est rencontrés, j’ai flashé et tu m’as marquée ». Pour le coup, je ne savais pas forcément quoi répondre. Mais j’avais encore envie de l’embrasser, ce que j’ai fait dans la seconde, comme pour lui dire merci de se confier.
« Je pense que si on se revoit aujourd’hui, c’est sans doute parce qu’il fallait que ça arrive », voilà ce que j’ai fini par dire. Face à la pluie qui ne cessait de s’abattre sur la terrasse, Alex m’a proposé qu’on aille se poser chez lui pour regarder un film. On est bien d’accord sur le fait que c’est le plan qu’on met en avant quand on espère que ça dérape ? Toujours est-il que j’ai accepté. Entre rentrer dans mon appart’ tout vide et passer la soirée dans les bras d’une beauté fatale, j’avais vite choisi.
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