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““LE POINT G”” épisode 155: peut-on devenir accro au porno?

La rédaction

Gaëlle, 28 ans, en a bavé côté cœur. Après avoir épluché Tinder et vécu mille et une nuits parfois torrides, parfois étranges, il semblerait qu’elle ait trouvé le bon. Avec Ben, elle explore toutes les facettes de la sexualité. Avec amour, mais surtout avec humour.

L’autre jour, ça devait faire 3 jours que je n’étais pas sortie de chez moi. Depuis que Ben a repris le travail en présentiel, j’ai l’impression que la longueur des journées a doublé. J’ai le temps long et je réalise parfois que je n’ai pas ouvert la bouche de la journée quand je lui dis enfin bonjour à 18h30. Ça fait un an et demi, les ami·e·s ! Un an et demi que je travaille, comme mes collègues, depuis mon appartement que je vomis désormais à force d’être restée enfermée dedans. Le retour du soleil n’aide pas non plus à ma motivation. Mais il me pousse à sortir davantage me promener. Ce qui est déjà très positif ! J’en étais arrivée à un stade où seules les séries arrivaient à me distraire.

Il y a quelques jours, j’ai même hésité à lancer un porno tellement je m’ennuyais.

Je me suis d’ailleurs fait la réflexion que ça faisait super longtemps que je n’en avais plus regardé. Pas forcément que je n’en avais pas envie mais plutôt que je n’y pensais pas du tout. Ça ne m’a pas traversé l’esprit depuis des mois de regarder une vidéo de ce genre. Quelle interprétation en faire ? Je dirais que, dans tous les cas, nos libidos ont connu une chute libre avec ces confinements à répétition. Puis la reprise de la vie... Ce n’est pas si étonnant de ne pas avoir eu l’esprit qui s’échauffe en quête d’excitation intense. Une question cependant m’est apparue face à mon hésitation devant les vidéos érotiques.

Peut-on devenir accro au porno ? Et pas accro dans le sens « grand consommateur », plutôt accro comme une addiction maladive dans laquelle on s’empêtre.

La réponse est oui. Pire, mes recherches m’ont amené à réaliser qu’une fois que le cerveau a connu l’excitation du porno, il peut amoindrir le plaisir lors des vrais rapports sexuels. Ça craint, n’est-ce pas ?

Laissez-moi vous expliquer ceci en détails. Lorsque nous vivons une émotion très forte, celle-ci laisse une empreinte dans le cerveau. D’ailleurs, vous avez sans doute remarqué que les souvenirs les plus marquants de notre histoire sont rattachés à une vive émotion ; une grande joie, de la peur, une honte… Celle-ci vient créer une marque très forte dans notre esprit. Le porno fait exactement la même chose. Il nous permet un accès à une excitation prémâchée grâce à des scénarios et des angles de vue savamment étudiés pour porter le cerveau en ébullition et allumer tous ses capteurs d’excitation.

C’est ainsi que l’on ressent une excitation rapide, efficace, censée apaiser une tension sexuelle. Sauf que le cerveau va vite s’habituer à ces images et en demande davantage, toujours plus stimulantes, toujours plus fortes pour provoquer une excitation de plus en plus intense.

Et à force de s’habituer à voir du contenu trash, le cerveau se retrouve un peu blasé devant un vrai corps. Comment voulez-vous ressentir une grande excitation en faisant l’amour lentement avec un·e partenaire quand ce qui vous a excité depuis des années était bien plus fort, rapide et à sensations que le moment réel ? C’est ainsi que de très jeunes hommes se retrouvent avec des problèmes d’érection de plus en plus tôt et qu’ils ne comprennent pas. Ah ben oui, forcément… Ils aimeraient bien faire l’amour à leur partenaire mais ça ne marche plus, parce que le cerveau n’est plus suffisamment stimulé comme lors du porno.

Finalement, le porno, c’est comme le reste, il ne faut pas en abuser. Autant vous dire que depuis mon enquête, j’ai été bien refroidie à l’idée d’en regarder. Je pense que le mieux est de fixer un cadre et de ne pas en sortir, sinon, c’est la porte ouverte à bien des problèmes. L’excès nuit en toute chose, comme on dit ! Et s’engouffrer dans la spirale infernale de l’addiction est un combat difficile à mener.

Chaque semaine dans votre magazine, retrouvez la chronique de Gaëlle: Le Point G.

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