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““LE POINT G”” épisode 159: apprendre le sexe sur TikTok

La rédaction

Gaëlle, 28 ans, en a bavé côté cœur. Après avoir épluché Tinder et vécu mille et une nuits parfois torrides, parfois étranges, il semblerait qu’elle ait trouvé le bon. Avec Ben, elle explore toutes les facettes de la sexualité. Avec amour, mais surtout avec humour.

L’autre jour, j’ai rendu visite à ma pote Lucie. Elle a sans doute l’un des appartements les mieux situés de Bruxelles, tout en haut d’un immeuble avec terrasse panoramique. Comme il faisait beau, on a pu papoter à l’extérieur. Vous n’avez pas idée à quel point ça m’a fait du bien. Ça faisait si longtemps que je n’avais pas eu ce plaisir de discuter de longues heures d’autres choses que de la crise sanitaire, dans un endroit agréable (et pas via Zoom ou Google Meet).

Alors que notre goûter touchait à sa fin et que je m’apprêtais à rentrer chez moi, sa colocataire a débarqué pour nous saluer. Je suis donc restée encore un peu, pour faire connaissance. Anya a 19 ans, a débuté des études d’ingénieure et adore les réseaux sociaux, comme beaucoup d’entre nous. Très vite, la discussion a dévié sur la sexualité.

Elle m’expliquait qu’elle avait appris beaucoup d’informations sur le sexe grâce à TikTok.

Je lui ai demandé quelques exemples, histoire de me faire une idée. C’est quoi un orgasme, les douleurs qu’on peut ressentir, les injonctions à la sexualité, … Tout ça me semblait pertinent mais quelques informations piquaient tout de même ma curiosité. Visiblement, de nombreuses personnes parlent de tout et rien sans forcément vérifier leurs sources et peuvent donc facilement partager des infos ou des conseils erronés. Quand j’entends des phrases du genre « le préservatif, ça empêche d’avoir du plaisir », je ne peux pas m’empêcher d’avoir des craintes sur les comportements futurs des personnes qui regardent ces vidéos. Elles sont bien souvent attrayantes, fun, décomplexantes mais peuvent aussi véhiculer des messages faux et dangereux. Pire encore, Anya m’a confié avoir vu beaucoup d’images pornographiques de façon inopinée.

Attention pour les âmes sensibles, l’exemple qui suit est choquant mais tellement révélateur de contenus problématiques qu’il me semblait important d’en parler. Sur l’une des vidéos qui circulent actuellement, on pouvait apparemment voir un homme enduire sa tête rasée de lubrifiant pour tenter de l’introduire dans un orifice. Je vous passe les détails mais ça m’a alertée. « T’as pas idée comme cette vidéo a fait le buzz, tout le monde en parle dans mes potes » m’a confirmé la jeune femme.

N’est-ce pas problématique ? TikTok semble de prime abord plutôt bon enfant et porteur de tendances qu’affectionnent plusieurs générations, la mienne incluse. Mais tout de même, dans quelle mesure les publications sont-elles soumises à un contrôle ?

Évidemment, la nudité et la pornographie sont strictement interdites sur l’application, ça fait d’ailleurs partie du règlement pour la rejoindre. Mais certain·e·s utilisateurs·rices parviennent facilement à le contourner pour en montrer un peu sans se faire repérer. D’autres encore, postent sans se soucier du public jeune et ne se font pas bannir avant plusieurs heures, ce qui permet déjà une large circulation des images. Des images à caractère pornographique peuvent être traumatisantes, d’autant plus quand elles surgissent sans le consentement de la personne face à l’écran. Je ne voudrais pas être vieux jeu mais ça m’a semblé dangereux.

Néanmoins, si vous connaissez des enfants ou ados qui sont sur TikTok, ne pensez pas qu’interdire l’utilisation de l’appli réglera le problème. Un spécialiste des dangers du net spécifiait justement que quand on prive une personne d’un canal, elle va chercher les infos ailleurs et ne sera pas forcément écartée des risques. Surtout à l’heure actuelle où les images porno surgissent en pop-up à tout bout de champ. Je pense que le plus important finalement, c’est surtout de rester attentif·ve (en tant que parent par exemple) et de pouvoir répondre aux questions, d’informer et de décomplexer sur la sexualité dans un contexte bienveillant.

Chaque semaine dans votre magazine, retrouvez la chronique de Gaëlle: Le Point G.

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