Gaëlle, 28 ans, en a bavé côté cœur. Après avoir épluché Tinder et vécu mille et une nuits parfois torrides, parfois étranges, il semblerait qu’elle ait trouvé le bon. Avec Ben, elle explore toutes les facettes de la sexualité. Avec amour, mais surtout avec humour.
L’autre jour, j’ai trouvé un poil blanc. Et pas n’importe où : sur mon pubis. Si la découverte de mon premier cheveu blanc avait été assez éprouvante, associée à un millier de questions sur le sens de la vie (où est passée ma jeunesse ? Vais-je devenir toute blanche de la caboche avant 30 ans ? Est-ce qu’en l’arrachant, je risque d’en faire pousser deux autres ?), mon premier poil blanc du pubis ne fut pas moins désarçonnant. Déjà pour une raison précise : j’ignorais totalement, sans doute parce que je ne m’étais jamais posé la question, que les poils par là-bas subissaient également l’épreuve du temps.
Alors que j’inspectais la zone en me disant qu’il serait grand temps de faire un tour chez l’esthéticienne, mon regard s’est posé sur le petit nouveau. Il était là, trônant fièrement parmi ses confrères, me narguant presque de ne pas l’avoir découvert jusqu’ici alors qu’il mesurait déjà près d’un centimètre.
C’est qu’il s’est montré discret le saloupiaud. Un peu plus et je lui laissais le champ libre et tout le loisir de laisser ses congénères prendre la place des vaillants poils foncés, signe évident de ma jeunesse continuant de prospérer. Si mon premier réflexe a été de consulter Google à la recherche d’articles sur l’âge moyen du blanchiment des poils du pubis, mon second a été de demander au seul être féminin à qui je pouvais poser la question de la normalité de la situation : ma mère.
« Maman, j’ai une question existentielle : est-ce que en vieillissant, et je ne dis bien sûr pas que tu es vieille, on a aussi des poils blancs sur le pubis? ». Dans la seconde, ma chère et tendre maman me répondait que non seulement c’était normal mais qu’en plus, après, ils finissent par tomber. « Mais tu as encore le temps, ça n’arrive pas avant plus ou moins 45 ans » ajoutait-elle en croyant me rassurer. Mais le mal était fait.
Je percevais ce premier poil comme le début de ma déchéance, l’approche de ma date de péremption, le rappel douloureux que la vie a une fin et que le corps subit les affres de l’âge.
Pire qu’un cheveu blanc, il concernait le lieu de la sexualité, du plaisir et me soufflait gentiment que je ne pourrai plus nier les rides qui commencent à marquer mon corps et que je fais semblant de ne pas voir. Pire encore, par la réponse de ma mère, j’apprenais aussi que je risquais de devenir chauve, tel un chat qui se transforme en sphinx dépourvu de poils. Mais alors… Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que ce léger complexe naissant (que je prends plaisir à transformer en drama) pouvait tellement poser problème à certaines femmes qu’il existe carrément des teintures pour poils pubiens.
Un site mettait même en avant les différentes couleurs disponibles, du blond au châtain, en passant par le roux et même des couleurs plus flashy. Je n’ai pas pu m’empêcher de rire en imaginant un pubis rose fluo. Une fois l’émotion de la découverte passée, j’ai décidé d’être en paix avec ce nouvel habitant. Après tout, le temps passe, c’est un fait, et avec lui le corps change.
Même si c’est déstabilisant au premier abord, il n’y a rien de plus normal que d’observer ces changements. On peut choisir de repousser l’échéance, en les épilant ou les teignant par exemple, ou les accepter. J’ai choisi la deuxième option.
Ce premier poil pubien blanc me rappelle tous les jours de profiter de la vie et de savourer les bons moments. C’est sûr, je n’ai plus 20 ans. C’est certain aussi que le cap des 30 ans risque d’avoir du mal à passer. Mais en attendant, avec ou sans poil blanc, je reste convaincue que l’âge, c’est dans la tête. Et qu’un mont de Vénus poivre et sel peut aussi avoir son charme et sa saveur sans rougir.
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