Gaëlle, éternelle romantique, pensait avoir trouvé le bon, mais la vie en a décidé autrement. À près de 30 ans, elle questionne sa sexualité et tente de déconstruire les idées reçues. Pour y parvenir, rien de mieux que la pratique et le partage d’expériences.
L’autre jour, Alex a passé deux nuits chez moi. C’était la première fois qu’il ne rentrait pas au petit matin chez lui, après une quasi-nuit blanche. Je dois bien avouer que nos rythmes de vie sont compliqués pour l’instant. Je bosse toute la semaine, je le vois le soir, on parle toute la nuit, on fait l’amour, je dors quelques heures puis rebelote. À un moment donné, mon corps m’a dit stop. Alors qu’on venait de lancer un film à 22 h, je me suis endormie comme une masse jusqu’au lendemain matin. En me réveillant en sursaut, j’ai vu qu’Alex souriait. « Alors, ça fait du bien une nuit de marmotte? J’ai sorti ton chien hier soir, tu n’as pas moufté. » Quelle sensation étrange. D’un côté, je me sentais reposée, de l’autre, j’avais l’impression d’avoir perdu des heures précieuses avec lui. « Merci Alex. Je suis désolée de m’être endormie comme ça. Tu ne bosses pas aujourd’hui? Tu veux rester? Je pourrais poser un jour et faire des crêpes? » Il a acquiescé immédiatement. Emballée par l’idée de cette journée de repos à ses côtés, je me suis mise à rêver d’une journée au lit. J’adore le voir le soir et prolonger nos nuits l’un dans l’autre. Mais les matins ont ceci de plus doux qu’ils offrent la possibilité de faire durer les étreintes sans sombrer dans les bras de Morphée. Je dois dire que ça m’a émoustillée: « Alex, j’ai envie de toi, que tu fasses de moi ton petit déjeuner. » Interloqué, il est resté quelques secondes sans rien dire avant de soulever la couette pour me montrer son érection en bonne et due forme. « Gaëlle, je n’ai pas les bons mots, mais j’ai envie que ce soit toi qui me prennes, que tu m’englobes. » Waouh. Je ne sais pas pourquoi, mais mon excitation est montée en flèche à l’écoute de ses mots. Il ne voulait pas me pénétrer, il voulait que je prenne la main, que ça soit moi qui aille le chercher. C’est comme si on inversait les rôles. Il n’était pas question ici de pénétration, de dominant-dominé, de donneur-receveur. C’est plutôt déroutant parce que concrètement, ça ne change pas grand-chose dans les faits, mais dans nos états d’esprit, ça changeait tout. Il m’offrait une place que je ne pensais pas encore avoir prise, un nouveau rôle qu’il me tardait de découvrir. Je l’ai pris au pied de la lettre, donnant l’ordre à mon corps d’aller l’englober, de le saisir, de faire de mon vagin un grappin. Oui, c’est bizarre, même risible dit comme ça. Mais vous n’imaginez pas comme ça m’a mise en émoi d’être dans ce contrôle absolu de mon propre corps. Ça m’a tellement décontenancée que je n’ai pas joui, bien trop surprise par toutes les possibilités qui s’offraient désormais à moi sous ce prisme. Quand on a repris nos esprits, Alex m’a confié être particulièrement dépassé par le concept de pénétration. « Il y a quelque chose que je n’aime pas avec ce terme. Comme si la femme n’était qu’un réceptacle. Ça ne rend pas justice à l’investissement corporel que ça représente. La pénétration est trop connotée de virilité, de pouvoir, de femme-objet qu’on possède. J’y vais peut-être un peu fort, mais pour l’égalité des sexes, je trouverais ça chouette qu’il y ait un autre mot. » Vous imaginez bien qu’on a immédiatement cherché sur Google si un tel terme existait. Et la réponse est oui! On appelle le fait d’entourer, d’englober, de saisir, dans le cadre de la sexualité, la circlusion. Voilà un mot beaucoup plus inclusif qui me plaît beaucoup. Le lendemain matin, alors que j’avais commencé à travailler et qu’Alex était encore au lit, j’ai reçu un SMS dans mon canapé: « Gaëlle, je suis nu dans ton lit. Viens me circlure. » Et mon cerveau de ne surtout pas répondre: « Si tu continues comme ça, je vais tomber amoureuse de toi. »
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