Un mode de vie
« J’ai créé un compte par curiosité », raconte Nanoe (26 ans). « J’ai vite remarqué que ça fonctionnait bien. Au début, je ne postais que des photos de moi nue. Mais j’ai vite décidé de faire aussi des films érotiques. Parfois, je twerke simplement en étant nue. Et parfois, je me touche devant l’objectif et il m’arrive même de me filmer quand je fais l’amour avec des femmes ou des hommes. Je vends aussi des culottes que j’ai portées. Je fais ça à temps plein. J’ai du mal à travailler pour un patron. Je n’aime pas l’autorité et n’aime pas avoir à écouter les ordres de quelqu’un d’autre. J’ai donc toujours voulu être indépendante. Grâce à mon précédent job de téléphoniste, j’ai remarqué que j’étais bonne en vente. Alors quand mon compte OnlyFans a commencé à exploser, j’ai décidé de me vendre (rires) !
Actuellement, j’ai environ 2500 abonnés, mais ce nombre fluctue. Il y a toujours de nouvelles personnes qui rejoignent mon compte et d’autres qui se désabonnent. Heureusement, j’ai aussi une base de fans importante et fidèle qui me suit depuis plusieurs années maintenant.
OnlyFans est en fait plus que mon métier principal, c’est un mode de vie. J’y passe plus de neuf heures par jour. Ce n’est certainement pas un travail de neuf à cinq !
Lors du premier confinement, mes journées ont été particulièrement chargées. Les gens passaient plus de temps à la maison, n’avaient rien à faire et s’ennuyaient. OnlyFans a vraiment explosé à ce moment-là. Je tournais des vidéos et prenais des photos de tôt le matin jusqu’à tard dans la nuit. Depuis le boom, de nombreuses femmes s’inscrivent chaque jour. D’une part, c’est super, car si plus de gens se créent un compte, OnlyFans va encore gagner en popularité, ce qui peut être bénéfique pour mon propre compte. Je forme moi-même des filles et les aide à créer leur compte. D’un autre côté, ça oblige à constamment se renouveler pour sortir du lot. »
Propositions indécentes
« Chaque compte doit donner 20% de ses revenus à OnlyFans. Nous pouvons garder le reste dans son intégralité. C’est exonéré d’impôt, car les fans paient déjà la TVA. Je ne peux pas me plaindre de mes revenus. Je vis bien. Le public que j’attire est diversifié. Il s’agit à la fois d’hommes jeunes et âgés, d’ouvriers ou d’employés et même d’hommes d’affaires. Il y a des gars qui me suivent depuis deux ans, donc vous créez un certain lien avec certains clients. C’est la force d’OnlyFans. C’est aussi interactif car vous pouvez discuter avec vos abonnés. Beaucoup de Belges aiment aussi pouvoir regarder et écouter quelqu’un qui parle leur propre langue. De plus, je réalise des vidéos ou des photos sur demande. Cela rend le tout un peu plus personnel et exclusif.
Il y a beaucoup de fétichistes sur OnlyFans. Il leur est facile d’approcher des personnes sur la plateforme pour leur demander d’enregistrer des vidéos spécifiques qui les excitent. Par exemple, quelqu’un m’a déjà demandé de me filmer en train de faire mes besoins… J’ai refusé ! Je ne veux rien faire en lien avec les matières fécales. Quelqu’un d’autre m’a demandé de rouler avec ma voiture sur son pénis et ce n’était pas une blague. J’ai trouvé ça très étrange. Cela dit, la plateforme elle-même impose un certain nombre de règles : il est interdit de faire quoi que ce soit avec du sang, de l’urine et des excréments.
Vous ne pouvez pas non plus étrangler ou quelque chose comme ça. C’est une bonne chose pour la sécurité.
Pour ce qui est de la nudité, tout est permis et c’est une bénédiction. J’ai déjà perdu cinq fois mon compte sur Instagram car il ne respectait pas les consignes. Je dois toujours repartir de zéro pour reconstruire mon nombre de followers. C’est frustrant, car j’y consacre aussi beaucoup de temps et d’efforts.
“Je reçois beaucoup de propositions indécentes, de photos de parties génitales et de demandes de rencontre dans la vraie vie. Pendant longtemps, j’ai toujours refusé de sortir du virtuel car je me disais que c’était plus sûr de me limiter aux discussions online. Si je n’aime pas quelque chose en ligne ou si quelqu’un devient agressif ou va trop loin à mon goût, il me suffit simplement de fermer mon ordinateur portable. Mais maintenant, je vais progressivement organiser des dîners payants. Ce ne seront que des dîners, sans aucun lien sexuel. Je vais d’abord skyper avec les candidats pour pouvoir filtrer les candidats et je me fierai à mon intuition. Si je ne le sens pas, je ne le rencontre pas. Je partagerai ma position avec une amie pour qu’elle sache toujours où je suis. Il arrive parfois que les abonnés tombent amoureux de moi et je remarque que certains hommes veulent finalement plus que des films en ligne ou un rendez-vous pour un dîner. Il est difficile de les décevoir, car ce sont des clients réguliers, bien sûr, mais je sépare travail et vie privée.
Pas de secret
“Je n’ai pas honte d’être sur OnlyFans. Au contraire, j’en parle même ouvertement et tout le monde autour de moi est au courant. Les réactions sont un peu partagées. La moitié de ma famille ne s’en soucie pas du tout, ils pensent même que c’est bien que je fasse ça. La génération un peu plus âgée ne comprend pas par contre. Je suis actuellement en couple et c’est important pour moi que mon partenaire soit ouvert d’esprit et accepte mon job. Il y a quelques années, j’étais fiancée à quelqu’un qui se joignait parfois à mes films. Malgré mon ouverture à ce sujet, je reçois parfois des commentaires négatifs. Au début, c’était une pilule difficile à avaler, mais maintenant je m’en fiche. Tout le monde a des relations sexuelles, donc je pense qu’il est hypocrite que les gens désapprouvent ou méprisent ce que je fais. Il n’y a rien de mal à ça, n’est-ce pas ?
Je mentirais si je disais qu’il n’y a aucun risque associé à OnlyFans. Mes photos sont constamment revendues ou partagées sur d’autres sites pornographiques. Plusieurs sites ont déjà utilisé mon nom.
J’essaie toujours de les mettre hors ligne quand je m’en aperçois, mais c’est beaucoup de travail. En plus, des gens ont déjà inscrit mon adresse personnelle sur le net et je me suis retrouvée avec un homme à ma porte. Je lui ai gentiment demandé de partir, sinon j’allais appeler la police… »
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