Le syndrome de l’imposteur, cet ennemi qui empêche d’être fier·fière de soi
Avez-vous déjà eu la sensation que ce que vous viviez, vous ne le méritiez pas? Que ce que vous accomplissez est lié au fruit du hasard? Que ce qui vous sourit dans la vie n’est qu’une suite inexplicable de coïncidences? Derrière ces questionnements et ces remises en question se cache peut-être le syndrome de l’imposteur, cet ennemi venu de l’intérieur et qui fait mal. Très mal.
Il y a quelques années, Lisa a obtenu le poste de ses rêves. Enfin, elle accomplissait le but ultime de sa vie: être à la tête de sa boîte. Quelle fierté, direz-vous. Sauf que pour Lisa, le fruit de son travail acharné n’était autre que de la chance, pure et dure. “J’ai travaillé durant toutes mes études. En fait, j’ai même commencé à bosser quand j’avais 14 ans, explique-t-elle. J’enchaînais les petits jobs pendant les grandes vacances et quand j’ai commencé l’univ’, j’ai tout de suite tenté de mettre un pied dans le domaine des mes études. En parallèle, j’ai aussi lancé une petite activité, qui au départ n’était rien d’autre qu’une passion. Il s’est avéré que lorsque j’ai eu mon diplôme, les portes se sont ouvertes presque naturellement. J’ai vite trouvé du boulot. À vrai dire, on est même venu me chercher. Mais à aucun moment je me suis dit que c’était grâce au travail que j’avais pu accomplir des années durant.”
“Et si c’était juste un coup de chance?”
Pendant des années, Lisa ne s’est pas sentie légitime de jouir d’un tel succès professionnel. Elle avait également l’impression de ne pas être à la hauteur. “Ce sentiment incontrôlable m’a fait défaut à plusieurs reprises avant d’être ma propre boss. C’était horrible car j’avais l’impression de griller mes cartes toute seule. C’est comme si j’étais dans de l’autosabotage.” L’autosabotage, c’est ce processus mental inconscient et insidieux né de croyances limitantes où des pensées type “t’es nul·le”, “tu ne vaux rien” ou “t’es bon·ne à rien” prennent le dessus et finissent par s’ancrer dans le subconscient. “Je ne me suis pas rendu compte de suite que j’étais dans ce processus, explique Lisa. Il m’a fallu passer le pas de la porte d’une psychologue pour mettre des mots sur ce que je m’infligeais. C’est ainsi que j’ai entendu parler, pour la première fois, du syndrome de l’imposteur.”
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Lisa est hypersensible. Et il n’est pas rare que chez ce genre de personnes, on retrouve le sentiment d’imposture. “La personne hypersensible a l’impression que les choses doivent être difficiles à obtenir, qu’il faut souffrir, travailler dur, consacrer du temps, de l’argent et de l’énergie pour parvenir à un résultat, explique Charlotte Wils, coach spécialisée dans l’accompagnement des personnes hypersensibles et ultrasensibles, dans son livre ‘Itinéraire d’une ultrasensible’. Ainsi, lorsque les choses lui arrivent rapidement et facilement, elle a le sentiment de ne pas les mériter.
Elle a tendance à penser que c’est un coup de chance, un accident, une erreur et que quelqu’un va très vite s’apercevoir qu’elle n’est pas à la hauteur.”
poursuit la spécialiste. “Elle a du mal à s’attribuer les mérites de ce qu’elle réussit et se satisfait difficilement de ce qu’elle obtient avec facilité. C’est alors que se mettent en place inconsciemment des ‘autosabotages’, qui lui rendent la tâche plus laborieuse et lui donnent de sentiment de mériter ce qu’elle obtient si elle persévère et y arrive, ou valider le fait qu’elle est nulle si elle n’y arrive pas.”
Comment lutter contre le syndrome de l’imposteur?
Capable de nous anéantir et de nous faire perdre totalement pied, le syndrome de l’imposteur ne doit cependant pas s’imposer comme une fatalité. En effet, il est possible de mettre en place quelques astuces pour parvenir à s’en défaire. Peut-être pas définitivement, mais du moins progressivement, jusqu’à de nouveau respirer et contempler le fruit de son travail avec fierté et non culpabilité.
Accepter le syndrome de l’imposteur
La première étape pour lutter contre ce syndrome est d’accepter qu’il fait partie de notre vie. Les personnes hypersensibles le savent mieux que personne, vivre avec un trait de caractère aussi imposant et dominant, c’est un travail de longue haleine, qui demande patience et bienveillance. Mettre des mots sur les raisons pour lesquelles vous vous autosabotez, c’est un premier pas vers l’acceptation du syndrome de l’imposteur. Vous drillez ainsi votre conscience et prenez le pas sur votre subconscient.
Tenir un carnet de bord
Lorsqu’elle a mis des mots sur ce qu’elle vivait, à l’aide de sa psychologue, Lisa s’est mise à tenir un journal intime. “Mais pas un journal intime au sens propre du terme, explique la jeune femme. Ma psy m’a conseillée de prendre un carnet dans lequel j’écris chaque semaine trois choses pour lesquels je suis reconnaissante. Par exemple: je suis reconnaissante à moi-même d’avoir osé prendre la parole lors d’un salon professionnel devant 200 personnes alors que je déteste parler en public.” Ce procédé permet de mettre des mots sur ce qui nous anime. “Dans ce carnet, je note aussi les compliments que je reçois, ajoute Lisa. De cette manière, quand j’ai une baisse de moral ou que je ne me sens pas légitime de telle ou telle réussite, j’ouvre mon journal, et je me rappelle de ce que les personnes croisées sur mon chemin m’ont dit.”
Accueillir la chance
Dans son livre, Charlotte Wils nous invite à croire en la vie et en nous, mais aussi “au fait que vous pouvez vous aussi avoir de la chance, à laisser la vie vous faire des cadeaux et à les accepter avec gratitude. Sachez accueillir votre chance, la saisir sans toujours questionner. Regardez ce que vous avez pour le faire, plutôt ce qui vous manque.”
“Itinéraire d’une ultrasensible”, Charlotte Wils, 2019 Leduc.s Editions.
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