Blanche Sabbah illustre la peur d’être violée qui pèse sur chaque femme en rue
L’illustratrice et activiste féministe Blanche Sabbah, alias La Nuit Remue Paris, appelle sur Instagram à mettre des mots sur un mal qui touche toutes les femmes: la charge mentale que représente la peur presque constante d’être violée dans l’espace public.
Il suffit d’un regard, une démarche qui ralentit, un changement d’atmosphère imperceptible pour d’autres mais malheureusement bien connu des femmes qui évoluent dans l’espace public, et tout de suite, c’est la panique. Soudain, on voudrait recouvrir la tenue dans laquelle on se sentait si bien d’une cape informe, une cape d’invisibilité s’il vous plaît, n’importe quoi pour nous donner la possibilité de nous téléporter vite et loin. Ce sentiment, cette crainte qui nous étreint, Blanche Sabbah l’a illustrée tout en justesse sur son compte Instagram La Nuit remue Paris. Et d’en profiter pour lancer un appel à l’ajout dans notre lexique d’un terme qui désigne la charge mentale que constitue cette peur avec laquelle on doit composer dès qu’on sort de chez nous.
Je me suis souvent demandé ce que serait une vie sans avoir à penser à mes règles. À la régularité des cycles, à que porter, quand et comment me contracepter, la honte infamante de la tache (...) Mais je ne m’étais encore jamais rendu compte de l’espace mental et de l’énergie démentielle qui étaient mobilisés par l’éventualité du viol, partout, tout le temps, par n’importe qui”.
Et Blanche Sabbah de se demander “ce que ça doit faire de vivre sa vie sans se préoccuper de cette potentialité. Marcher dans la rue, faire ses courses, prendre les transports, voyager à l’étranger, aller chez le médecin, sans avoir à l’idée de subir des violences”.
Accompagné d’illustrations “un peu bordel, au marqueur sur mon carnet de croquis et griffonné dans le train”, le post met des mots sur un mal que connaissent malheureusement toutes les femmes. Une charge mentale constante, qui prend bien trop de place: “que n’aurions nous pas créé, inventé, réfléchi, sans cette omniprésence de la douleur qu’on est vouée à subir, sans être sur nos gardes ?” s’interroge encore Blanche Sabbah. Qui précise encore qu’il ne s’agit pas de dire “qu’on est H24 parano. Non c’est subtil. C’est presque inconscient. Tellement gravé en nous et naturel, ce “ah, j’espère qu’on ne va pas essayer de me violer” qu’il m’a fallu des années pour comprendre le poids que ça représente”. Nul doute que son post permettra à nombre d’autres de le réaliser aussi. Et de faire avancer le débat (et la sécurisation de l’espace public) dans la foulée? On ne peut que l’espérer.
Parce que pouvoir marcher où on veut, à l’heure qu’on le désire, habillées comme on le souhaite, sans avoir la peur au ventre, ça doit être vraiment chouette. Et c’est franchement dommage que ça reste réservé à une moitié de l’humanité.
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