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Polémique Imane Khelif et Lin Yu-ting
Imane Khelif et Lin Yu-ting, deux boxeuses participant au JO de Paris accusées d'être des personnes transgenres. © Fabio Bozzani/Anadolu/Jan Woitas/picture alliance via Getty Images

FAUT QU’ON PARLE: c’est trop facile d’accuser les boxeuses Imane Khelif et Lin Yu-ting d’être transgenres sous couvert ““d’égalité””

Sarah Moran Garcia
Sarah Moran Garcia Journaliste web

Les Jeux olympiques sont un moment de liesse et l’occasion pour de nombreux athlètes d’être mis sur le devant de la scène. Mais pas de la façon dont le sont les boxeuses Imane Khelif et Lin Yu-ting. Les deux jeunes femmes sont accusées par leurs détracteurs d’être transgenres ou intersexes. Est-ce vrai? Et pourquoi ces assertions sont-elles problématiques?

Les discussions vont bon train depuis quelques jours autour de l’athlète olympique algérienne Imane Khelif. Son combat de boxe en huitièmes de finale contre l’Italienne Angela Carini s’est terminé au bout de 46 secondes après que cette dernière a abandonné, déclarant: “Ce n’est pas juste!” Si la tradition et le fair-play veulent que les adversaires se saluent après un combat, l’Italienne évitera ostensiblement son opposante après l’annonce de sa victoire.

Un match très vite expédié et un physique puissant, il n’en fallait pas plus pour qu’enfle la polémique autour d’Imane Khelif, taxée par de nombreux internautes d’être une femme trans. Ils reprochent à l’Algérienne de 25 ans d’être née garçon, d’avoir transitionner, et de concourir désormais en boxe féminine, et estiment que cela “n’est pas juste”. Un point de vue partagé notamment par la droite italienne, dont fait partie la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni. Dans une interview accordée à la presse transalpine, puis partagée sur X, celle-ci a dénoncé “un combat qui n’était pas égal”. Ajoutant: “Je pense que les athlètes qui ont des caractéristiques génétiques masculines ne devraient pas être admis dans les compétitions féminines.”

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Un taux de testostérone élevé

Le fait que la boxeuse algérienne ait été écartée des championnats du monde, en mars 2023, en raison d’un taux de testostérone trop élevé a donné du grain à moudre à ses détracteurs. Parmi eux, des figures transphobes bien connues telles que J.K. Rowling, qui s’est une nouvelle fois emparée de ses réseaux sociaux pour cracher toute sa haine contre les personnes transgenres dans une série de tweets. Comme Elon Musk, elle a pris position en faveur d’une interdiction, pour les athlètes transgenres, de participer aux compétitions féminines.

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Et c’est sans compter celles et ceux qui prétendent que la boxeuse est en réalité intersexe, c’est-à-dire une personne qui est née “avec un corps qui ne répond pas à la définition normative d’un homme ou d’une femme”, selon la définition de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. Voici l’un des arguments de l’un des plus fervents détracteurs d’Imane Khelif, le président de l’Association internationale de boxe amateur (IBA), Umar Kremlev. Auprès de la presse russe, celui-ci a avancé que des tests ADN réalisés sur l’Algérienne auraient “prouvé qu’elle avait des chromosomes XY (chromosomes que l’on trouve en nombre chez les hommes, ndlr).

Reste qu’en réalité, il n’existe aucune preuve qu’Imane Khelif est transgenre ou intersexe. Ni la principale intéressée, ni sa délégation, pas plus que le Comité international olympique (CIO) n’ont confirmé ces allégations. Elle a peut-être été écartée des mondiaux de boxe parce que son taux de testostérone était plus élevé que la moyenne des femmes, mais ce n’est pas un fait rare. La transidentité ou l’intersexualité ne sont pas les seuls éléments pouvant l’expliquer. On se rappellera la coureuse sud-africaine Caster Semenya, dont le sexe de naissance avait également été mis en doute. Tout comme elle, Imane Khelif souffrirait d’un trouble du développement sexuel (DSD), qui pourrait expliquer son taux de testostérone élevé. Celui-ci peut également être la conséquence d’autres troubles, comme le syndrome des ovaires polykystiques.

Le cas Lin Yu-ting

Comme si le cas d’Imane Khelif n’était pas suffisant, une autre boxeuse est sous les feux des projecteurs. Elle, c’est la Taïwanaise Lin Yu-ting, qui concourt chez les moins de 57 kg. La jeune femme s’est qualifiée pour les quarts de finale après avoir battu l’Ouzbèke Sitora Turdibekova en trois rounds. Interrogée par la télévision taïwanaise à propos des spéculations entourant de son genre, la boxeuse de 28 ans avait déclaré, avant son combat: “Je suppose que mes adversaires ont peur de ma force”. Et avait ajouté que ses détracteurs “cherchent juste une faille et en font toute une histoire”.

Lin Yu-ting
Lin Yu-ting après sa victoire contre Sitora Turdibekova. © Mohd Rasfan/AFP via Getty Images

Mardi dernier, le porte-parole du Comité international olympique, Mark Adams, a déclaré: “Ce sont des femmes dans leur sport, et il est établi dans ce cas que ce sont des femmes.” Puis, vendredi, le CIO a renouvelé son soutien à Imane Khelif et à Lin Yu-ting. En espérant que ces déclarations éteignent toute polémique concernant les deux athlètes. Mettons-nous deux secondes à leur place. Que doivent-elles ressentir face à de telles accusations?

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