FAUT QU’ON PARLE: sur Tiktok , arrêtez de liker des ““gags”” qui incluent des enfants
Sous couvert d’humour, Tiktok se voit inondé de vidéos humiliantes d’enfants. Et si, à première vue, ces gags font sourire, ils devraient toustes nous insurger, ou tout du moins nous faire scroller plus bas dare-dare.
Parmi la myriade de défis qui voient le jour sur Tiktok, l’un d’entre eux a retenu notre attention : il s’agit de la tendance du “Egg crack challenge”, qui consiste, pour des parents — ou en tous cas des adultes — à casser un œuf, par surprise sur le front de leur enfant lors d’un moment en cuisine. L’idée est donc de capturer leur réaction, qui, comme souvent quand il s’agit de petits bouts, invitent à sourire. Des centaines de vidéos basées sur ce principe d’humiliation ont donc fleuri sur le réseau social, montrant à voir des bambins ne comprenant pas trop pourquoi papa ou maman pouffe de rire alors qu’ils viennent de se prendre un œuf en pleine face.
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Un tas de challenges humiliants
Alors, oui, parfois, les enfants rigolent (sans doute par mimétisme), mais souvent, leur stupéfaction donne lieu à des grimaces, voire des sanglots, qui — une fois passé l’aspect humoristique de ce challenge — ont de quoi briser le cœur. Mais ce n’est pas la seule ‘trend’ basée sur la confusion d’un enfant. Tiktok et sa communauté aiment aussi lancer des tranches de fromage sur le visage des bébés, s’étaler du Nutella partout en faisant passer ça pour des excréments ou encore, plutôt dans l’année, faire semblant d’avoir mangé tous les bonbons récoltés au Carnaval… L’idée étant chaque fois de capturer les réactions des enfants, parfois sur des tout, tout petits. On vous montre quelques exemples — il y en a des milliers…
Flagrant délire d’adultisme
Difficile de regarder ces vidéos sans avoir des hauts le cœur. Outre la question du droit à l’image et du risque de harcèlement voire de pédocriminalité, il y a celle de la violence : on y voit des enfants aux regards affolés, qui semblent être appréhendés comme des machines à buzz par leurs parents, plutôt qu’à des êtres sensibles à part entière. Ils semblent mis au service d’adultes mus par le désir de faire rigoler la galerie, voire de passer le temps. Ces actes sont de la maltraitance, certes légère, mais qui instaure un climat d’humiliation, où l’adulte se montre supérieur à l’enfant, qui, lui, est piégé et sans défense (tout en étant filmé à son insu). Ses émotions sont niées (tu pleures, on te rit au nez), alors que leurs réactions sont ultra légitimes. En banalisant ce genre d’actes, et en le tournant à la rigolade, on fait aussi passer le message que le non-respect est acceptable, tout comme l’absence de consentement chez l’enfant. Cette pratique à un nom: l’adultisme, soit, en psychologie, une croyance qui réduit un enfant au statut de propriété de ses parents et non pas de sa propre personne. Quand on fait avec un enfant quelque chose qu’on ne se permettrait pas avec un adulte, c’est de l’adultisme.
Alors, en attendant que le politique s’empare de la problématique et que la loi encadre la diffusion d’images de personnes mineures, il serait peut-être judicieux de ne plus s’abreuver des larmes de bébé.
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