FAUT QU’ON PARLE: de la durée du congé de deuil parental en Belgique
Trois jours. 72 heures. 4320 minutes pour se remettre de la perte d’un enfant. En Belgique, les parents désenfantés ont droit à trois jours de congé de deuil parental, à prendre entre le moment du décès et l’enterrement du défunt. La peine et la douleur seraient-elles à ce point volatiles?
Trois semaines
Le débat récent concernant la durée du congé de deuil parental en France me secoue, m’attriste, me révolte, mais surtout, me rappelle combien les lois sont trop souvent à 1000 lieues de la réalité. Alors que l’Assemblée nationale française avait refusé le 30 janvier dernier la proposition de loi qui allongeait la durée du congé de deuil parental de 5 à 12 jours, le gouvernement a enfin admis son “erreur” et est revenu sur sa décision. Désormais, le parent ayant perdu un enfant pourra bénéficier de trois semaines de congé. Et Belgique, on fait quoi pour les parents désenfantés?
En Belgique
Cette vague d’indignation chez nos voisins français semble avoir bousculé et inspiré notre gouvernement, puisque le sujet a été au cœur des discussions ce mercredi 3 février au Parlement fédéral, après que le cdH ait déposé une proposition de loi afin que ce congé passe à 10 jours. Sauf que 10 jours, c’est encore trop peu, malgré toute la bonne volonté dont les politiques veulent faire preuve.
Et le deuil périnatal dans tout ça?
En septembre 2019, j’ai perdu un petit garçon après avoir dû interrompre ma grossesse suite à une malformation et une mutation génétique. Ma chance dans mon malheur? Qu’il ait eu plus de 180 jours. Car en Belgique, un enfant né en deçà de cette limite est considéré comme “non viable“ et donc comme une “fausse couche“. Ces mamans qui ont perdu leur tout-petit se voient ainsi contraintes de reprendre le travail directement après la perte de leur enfant.
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Congé de “maternité“
Entrant dans la catégorie des femmes ayant accouché d’un enfant “viable“, j’ai eu droit à ce que la mutuelle appelle “un congé de maternité“. Vous lisez bien, de “maternité“. Car en Belgique, les autorités n’ont que faire de trouver un nom plus adéquat, susceptible de ne pas raviver le chagrin à chaque fois qu’on doit le prononcer ou l’écrire dans ces interminables démarches administratrives à la suite du décès. Quoi de plus abject et déraisonnable que d’avoir droit à un “congé de maternité“ alors qu’on vient de perdre son bébé?
Alors 10 jours, c’est sûr, c’est mieux que rien, mais le combat est loin d’être gagné. Car cette durée de congé de deuil parental ne répond en rien à la réalité de ce qu’un parent désenfanté vit. Il lui faudra une vie pour se relever, car il ne s’en remettra jamais.
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