FAUT QU’ON PARLE de l’agression raciste dans le train Bruxelles-Liège
Joshua vient de Liège, il a 23 ans, et ce mardi soir, il rentrait tranquillement de Londres par le train de Bruxelles. Ou du moins, il essayait, car un malentendu sur son billet lui a valu d’être victime d’une agression raciste d’autant plus dérangeante que c’est un policier qui s’en est pris à lui.
Nous sommes en 2019. Cela fait 152 ans que la Belgique a commencé à s’intéresser au Congo, 111 ans que notre petit pays s’est pris l’idée de coloniser cette grande république et au moins aussi longtemps que la population belge est métissée. Cela fait 111 ans, aussi, qu’on ne devrait pas faire les malins face aux Congolais, parce que pour le dire poliment, on a bien dérapé dans leur pays. Qu’est-ce qui fait un Belge aujourd’hui? Certainement pas sa couleur de peau ni sa religion mais bien sa carte d’identité. Comme celle de Joshua, par exemple. Joshua a la peau noire, certes, et oui, il est d’origine congolaise, mais il est Belge, Liégeois même, n’en déplaise à certains pour qui il est forcément Africain. Comme ce policier, croisé dans le train Bruxelles-Liège ce mardi soir, dont les propos racistes à l’encontre du jeune voyageur sont inacceptables.
Un peu de contexte, pour comprendre: Joshua rentre de Londres, donc. Il achète son billet, et prévoit originellement de prendre le train de mercredi 5h du matin mais décide finalement de rentrer mardi soir. Une infraction, donc. Quiconque ayant déjà pris un train de la SNCB le sait, les contrôleurs sont parfois tatillons à l’extrême, alors même que le système de billets n’est pas toujours clair. Et oui, même s’il a payé son billet, Joshua est en tort en montant dans le train du mardi plutôt que celui du mercredi matin. Mais difficile de ne pas voir du délit de sale gueule dans les images capturées à la sauvette ce mardi soir. Quand le contrôleur veut imposer une amende à Joshua, ce dernier se rebiffe. Et quand des policiers en civil s’en mêlent, il hallucine.
On vous parlait du racisme en France mais en Belgique ce n'est pas mieux. Ici un cas typique de racisme systémique. On voit un controleur qui doute de la validité du ticket d'un jeune noir qui a déja acheté son ticket aller-retour. Le controleur veut lui faire payer une amende mais celui ci refuse légtimement car il considère son ticket comme valide (ticket qui a été valider par le précédent controleur à l'aller) . De là, des policiers en civil débarquent et l'un d'eux se met à dire haut et fort des paroles racistes après avoir pris la carte d'identité du jeune homme, quand le jeune abasourdi demande au policier de bien répété ses paroles, le policier lui répète trois fois, "si t'es pas content retourne à Kinshassa". Un jeune qui en passant est de nationalité belge . Le controleur de la SCNB qui ne réagit pas a l'air d'ailleur de cautionner les paroles racistes du policier . A la fin de la vidéo le policier photographie le jeune homme en lui disant que c'est pour sa collection personelle. Cela s'est passé hier dans le train qui reliait Liège à Bruxelles. #SNCB #Honte
Posted by La Nouvelle Voie Anticoloniale on Wednesday, October 16, 2019
Rappelons que la mission première des policiers, décidément en plein bad buzz ces derniers temps, est de protéger le peuple belge. Maintenir la loi et l’ordre public aussi. Certainement pas se livrer à des attaques racistes. Et pourtant, face à Joshua, qui maintient en s’emportant qu’il a payé son billet et ne s’acquittera donc pas une amende, le policier présent dans le train a, par trois fois, ces mots terribles:
Si le système belge ne vous plait pas, il faut retourner à Kinshasa ou je sais pas où”
En Afrique en tout cas. Ah ben oui, parce que Joshua est noir. Pas un “vrai belge”, donc. Sauf qu’en fait, si on peut se permettre, avec tout le respect qu’on doit à la police, ce sont particulièrement les gens qui s’adonnent à ce genre de remarques vomitives qui sont de faux belges, répudiant sans vergogne les valeurs de celle qui se targue d’être une noble Belgique, ô Mère chérie. Une mère accueillante, une terre d’accueil, et certainement pas un pays où on peut faire ce genre de remarques impunément, qui plus est en étant policier. Joshua est Noir, oui, il est en tort en prenant le train un jour plus tôt que celui que s’on billet indique, mais en faisant cette remarque à plusieurs reprises, le policier franchit une limite. Celle du racisme ordinaire. Joshua aurait-il pu rester calme? Certainement. Etait-il en tort en voyageant le mardi plutôt qu’à l’horaire indiqué? Aussi. Mais s’il avait été blanc, jamais ses origines n’auraient été ramenées dans le débat. Seule consolation? La réaction des autres passagers du train, qu’on entend s’offusquer de ces remarques et les qualifier de racistes. La SNCB et la police fédérale ont annoncé ouvrir une enquête. Joshua, lui, a décidé de porter plainte.
Lire aussi:
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici