FAUT QU’ON PARLE: des propos de Laetitia Casta sur le harcèlement
Dimanche 1er octobre, Laetitia Casta était l’invitée de la journaliste Audrey Crespo-Mara pour la fameuse séquence portrait de l’émission “Sept à Huit”. La comédienne a alors livré un discours on ne peut plus culpabilisant pour les victimes de violences sexuelles. Des propos dont on s’étonne qu’ils aient été diffusés par la chaîne.
Laetitia Casta était invitée dans Sept à Huit pour la sortie prochaine de son nouveau film, soit l’adaptation cinématographique de l’excellent livre “Le consentement” de Vanessa Springora: long-métrage réalisé par Vanessa Fihlo. Dans ce livre — parce qu’il faut contextualiser la prise de parole de la célébrité — Vanessa Springora revient sur sa relation, alors qu’elle était tout juste âgée de 13 ans, avec l’écrivain Gabriel Matzneff. Dans le film, Laetitia Casta incarne la mère de l’adolescence.
Lors de cette interview, l’actrice est revenue notamment sur le mouvement Me Too, qui a émergé lors des premières accusations de violences sexuelles à l’encontre d’Harvey Weinstein. Laetitia Casta a elle aussi été plusieurs fois confrontée à ce magnat de l’industrie du cinéma au cours de sa carrière.
L’actrice a commencé l’interview en expliquant avoir été confrontée aux dangers sexuels dès sa jeunesse.
Je savais reconnaître le danger, parce que, dans mon éducation, on m’a appris, on m’a dit de faire attention, ce qui était juste et pas juste.
Et d’affirmer que c’est son éducation et son caractère qui lui ont permis d’échapper aux agressions sexuelles. « Lorsqu’il pouvait y avoir l’occasion d’une personne qui sortait du professionnalisme, j’étais capable de lui en souriant ‘non, en fait’ et de sortir par la grande porte. » Si ça ne suffisait pas, l’actrice dérape alors complètement : « Parce que je n’avais pas de peur de perdre quoi que ce soit, je n’ai jamais voulu faire carrière à tout prix, j’ai essayé d’être fidèle à moi-même et cette fidélité a fait que j’ai pu pouvoir dire non ». Quand la journaliste lui demande si elle a été confrontée dans le milieu du cinéma à des comportements déplacés, la star se met à rigoler: « J’ai un tel caractère. Un moment, je me suis dit : ‘ils n’ont pas l’habitude’. J’ai rencontré des gens avec des comportements chelou et je leur ai dit ‘vous êtes chelou’ et j’ai continué ma route, c’est tout ». Quand la journaliste, visiblement un peu gênée, mais sûrement pas autant que nous, lui demande d’expliquer sa rencontre avec Harvey Weinstein, l’actrice lui rétorque: « Quand il a commencé à me poser des questions sur ma vie intime, je lui ai montré les photos de mes enfants. Et c’était réglé » conclut-elle avant d’éclater de rire, nous prouvant là être carrément vidée de tout bon sens, d’empathie ou de connaissances du monde tel qu’il est…
De la bouche de l’actrice ne sortent à aucun moment des mots empathiques ou compréhensifs envers les victimes de viols et de violences sexuelles, dans le milieu du cinéma et ailleurs. Portée par un narcissisime qui fait peur à voir, Laetitia Casta se vante devant une grande partie de la France d’avoir un caractère assez fort que pour pouvoir échapper aux prédateurs sexuels, comme s’il suffisait d’un « non », d’une confiance en soi, d’une éducation, d’un nom ou d’une posture pour éviter un viol. Pire encore : elle insinue que les personnes qui ont eu affaire à des agresseurs auraient simplement eu « peur de perdre quoi que ce soit », n’auraient pas dit « non » par intérêt, n’auraient pas dit non tout court. Autant de phrases lâchées les unes après les autres qui viennent renforcer une culture du viol déjà bien imprégnée dans notre société. Alors non, madame Casta, vous n’êtes pas “non-violable” grâce à votre éducation ou votre caractère bien trempé: personne ne l’est. Aucune réaction ne peut nous protéger d’un prédateur qui a décidé de nous nuire. Aucune photo de vos enfants n’aurait de poids face à un homme qui vous menace avec un couteau. Et aucune force de caractère ne peut vous prémunir de vivre l’un des crimes les plus atroces de ce monde. Un viol ou une agression sexuelle ne sont jamais à analyser du côté de la victime: c’est au seul criminel qu’incombe la responsabilité de l’acte. Ce qui est sûr, par contre, madame Casta, c’est que vous ne pourrez bientôt même plus sortir par “la grande porte” — comme vous le dites si bien — si votre tête continue d’enfler de la sorte.
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