FAUT QU’ON PARLE: non, la rivalité féminine n’est pas qu’une histoire de femmes
Amitié, travail, amour, films, médias… La rivalité féminine est omniprésente dans le quotidien. A l’heure où les filles tentent de trouver ce qui les rassemble, démystifions la rivalité qui les touche, afin de briser le tabou et ne plus reproduire ces comportements toxiques.
En octobre, une photo de Selena Gomez, l’ex petite amie de Justin Bieber, enlaçant Hailey Bieber, la femme de ce dernier, avait enflammé les réseaux sociaux. Il faut dire que les médias et réseaux sociaux se sont pendant des années délectés d’inventer un conflit qui n’a jamais existé. Les deux stars ne sont pas les seules à s’être affichées avec leur rivale fantasmée. C’est aussi le cas de Katy Perry et Miranda Kerr, l’ex d’Orlando Bloom, en couple avec la chanteuse.
« Les médias aimeraient nous voir nous battre dans la boue. Mais il s’agit d’amour et Miranda est l’amour.»
a affirmé Katy Perry.
Grâce notamment aux stars qui démystifient la rivalité féminine, la discussion sur cette thématique cesse enfin d’être taboue. Mais il demeure important de comprendre pourquoi nous sommes arrivés à fantasmer les conflits entre femmes et surtout comment et pourquoi la rivalité est un problème de société.
D’où vient la rivalité féminine ?
Historiquement, la société occidentale a favorisé les conflits entre les sexes. Depuis l’Antiquité, les femmes ont presque toujours eu beaucoup de difficultés à jouir de leurs droits. Elles dépendaient des hommes socialement et financièrement et seul un mariage pouvait leur assurer une place dans la société. Pour avoir une bonne situation, elles devaient être choisies parmi d’autres avec pour critère notamment la beauté. Elles étaient ainsi uniquement valorisées par le regard de l’homme et le fait de lui plaire. Un principe amenant à naître et à croître une compétition rude et une rivalité malsaine, créée de toute pièce par un système patriarcal.
Mais, tout cela appartient à l’Histoire… ou pas
Pourquoi continuer à parler de rivalité féminine alors que désormais, les femmes peuvent jouir de leurs droits ? Notre histoire a permis d’intérioriser inconsciemment le fait de devoir plaire aux hommes afin de se sentir valorisée, ce qui a favorisé un climat de compétition. Dès l’enfance, nombre de petites filles demeurent éduquées de manière à être la plus mignonne ou la plus sage, bercées par les histoires de Cendrillon et Blanche-Neige dans lesquelles les personnages féminins se déchirent pour le prince ou pour « qui sera la plus jolie ». Nous avons aussi toutes entendu depuis petite certaines femmes (et beaucoup d’hommes) critiquer et rabaisser d’autres femmes : « sa jupe est trop courte, c’est vulgaire », « on dirait une p… », « je ne suis pas comme les autres filles, je ne suis pas jalouse », « elle est vraiment moche » et beaucoup trop d’autres propos malsains qu’on a peut-être ensuite tenus nous-même.
Et ce, sans parler de l’injonction toujours bien présente à être belle. L’accent mis sur le fait de soigner son apparence car le physique d’une fille comptera toujours plus que celui d’un homme, qui lui est plus valorisé par ses capacités intellectuelles. On continue dès lors de se sentir trop fréquemment emprisonnée dans le regard des autres, qu’ils soient homme ou femme : on scrute le corps féminin, qu’il s’agisse d’épilation, de vêtements, de maquillage, d’attitude…Jusqu’à régresser à ces temps anciens où la femme se devait être la plus belle pour être choisie. Conditionnées à se comparer et se critiquer afin de noyer en nous nos insécurités, dans une société qui nous rabaisse dès la naissance.
Une surreprésentation dans la pop culture
La rivalité féminine est également représentée depuis toujours dans la littérature, le cinéma, les médias : Andy et Emilie dans Le diable s’habille en Prada, Cady et Regina dans Lolita malgré moi, Kate Middleton et Meghan Markle, Cendrillon et ses sœurs, n’en sont que quelques célèbres exemples… A force de baigner dans des histoires sensationnelles de filles qui se déchirent, on fini par apprécier – ou tout au moins trouver logique – cette rivalité sans la remettre en question.
La pop culture a ainsi permis d’ancrer dans la société ce stéréotype des filles « qui se crêpent le chignon ».
La rivalité féminine dans le monde du travail
Les femmes ont encore trop fréquemment des difficultés à se forger une place dans la sphère professionnelle. Discrimination à l’emploi, sexisme, harcèlement, ont guetté la gent féminine alors qu’il y avait déjà au départ peu de place pour elle. Les femmes, étant minoritaires, ont été amenées à se détester pour réussir entretenant ainsi la misogynie imposée au départ par les hommes. Et si le manque de parité de certains cadres professionnels dénote aujourd’hui, n’étant plus considéré comme normal, les codes de rivalité, sont eux, depuis longtemps bien ancrés, et il est d’autant plus difficile de s’en défaire.
Pourquoi ne parle-t-on pas autant de rivalité masculine ?
Là où l’on inculque aux filles la rivalité, même inconsciente, les hommes sont eux encore trop souvent éduqués à être en compétition. Or, il faut distinguer ces deux notions. La compétition est consciente, stimulante, on connaît notre valeur vis-à-vis de nous-même et vis-à-vis des autres, elle n’est pas le fruit d’une insécurité liée aux personnes de même sexe. La rivalité est quant à elle un processus plus insidieux, qui fait naître un sentiment de menace. On s’analyse et se rabaisse entre nous car on manque d’estime de soi. Bien sûr, les hommes peuvent aussi entrer en rivalité mais dans l’objectif de s’affirmer. La rivalité masculine est beaucoup plus acceptée et moins sensationnelle aux yeux de la société. Les femmes quant à elles vont chercher à pallier une insécurité vis-à-vis d’elle-même en rivalisant avec d’autres.
Comment en finir avec la rivalité féminine ?
Alors qu’on nous a incité à se détester plutôt qu’à s’aimer, il est temps de reprendre en main nos véritables choix. Apprenons à déplaire, éduquons nos enfants vers plus de bienveillance, arrêtons de commenter et critiquer le physiques des autres femmes, n’alimentons pas plus les stéréotypes sexistes, réjouissons-nous et prenons en exemple la réussite des autres. On peut totalement ne pas aimer une autre fille, cependant il ne faut pas jouer au jeu du patriarcat et prônons le respect. Chaque fille est unique, il faut arrêter de se comparer et cultiver notre différence, car c’est elle qui fait la beauté de chacune des femmes. Vivons pour nous-même et semons les graines de la solidarité plutôt de la rivalité.
Lire aussi:
- VENDÉE GLOBE : la navigatrice Clarisse Crémer privée de course en raison de sa maternité ?
- ON A VU : “”Mixte”” la série sur les débuts des écoles pour garçons et filles.
- L’Espagne est le premier pays européen à adopter un congé menstruel.
- OSCARS : aucune femme n’est nommée pour le prix du meilleur réalisateur.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici