FAUT QU’ON PARLE: l’orientation sexuelle devrait être un non-sujet
Alors que l’actrice Rebel Wilson est au coeur d’une polémique liée à son orientation sexuelle, petite piqûre de rappel: merci d’appliquer le même traitement médiatique à toutes les préférences sexuelles.
Parce que fondamentalement, on imagine mal un tabloid ou autre blog spécialiste des ragots annoncer en EXCLUSIVITE grâce à des “sources anonymes proches” des personnes concernées, ou pire, des photos volées, que telle ou telle célébrité est hétérosexuelle. Parce que tout le monde s’en foutrait, voire même, la publication en question serait la risée des médias et de son lectorat? Parce que c’est boring, “normal”? Mais la norme de qui? Par rapport à quoi? Qui décide? Et pourquoi quand il s’agit d’homosexualité, tout de suite, l’orientation sexuelle est digne de pléthore d’articles et de clics?
Si, de prime abord, le post Instagram dans lequel Rebel Wilson présentait récemment sa compagne, Ramona Agruma, était touchant à souhait, avec le clin d’oeil au mythe du “prince charmant” qui s’avère parfois être une princesse, en coulisses, l’histoire est tout de suite moins adorable. En effet, si l’actrice australienne, qui ne cachait pourtant pas sa relation et avait foulé plusieurs tapis rouges avec Ramona ces derniers mois, a choisi de rendre les choses officielles, c’est parce qu’un quotidien de son pays d’origine s’apprêtait à “dévoiler” son orientation sexuelle. Un “scoop” qu’était sur le point de dévoiler le chroniqueur spécialiste des potins Andrew Hornery dans le “Sydney Morning Herald”. Lequel, comme si ça ne suffisait pas, s’est permis de se plaindre sur Twitter du fait que Rebel Wilson lui ait volé son info exclusive. Non, ce n’est pas une blague, et oui, on en est (encore) là.
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Pourquoi en parler?
Alors que le mois des fiertés bat son plein et que la majorité des marques s’adonnent à un rainbow washing plus ou moins réussi (on pense à vous, Burger King), le message peine visiblement encore à passer. Car il ne s’agit pas de repeindre le monde aux couleurs de l’arc-en-ciel mais bien simplement d’offrir suffisamment de visibilité à chaque orientation sexuelle pour qu’il n’y en ait plus qui soient vues comme “sortant de la norme” et donc dignes du genre de scoops pleine page qu’on réserve d’ordinaire aux vraies actualités.
Et non, le fait que tel·le célébrité choisisse de faire des bisous “et plus si affinités” à une personne du même sexe ne constitue pas une actu, ni une information digne d’être partagée autrement qu’on le ferait pour une personne hétéro. Autrement dit, si vous ne verriez pas l’intérêt d’envoyer à vos potes un message qualifiant de “trop choquant OMG” le fait que X ou Y ait un partenaire du sexe opposé, ce n’est pas nécessaire de le faire si le couple implique deux personnes du même sexe. Ce qui ne veut pas dire toutefois qu’il ne faut pas en parler ni invisibiliser ces relations, au contraire. Simplement, et on a conscience de se répéter, mais clairement, c’est nécessaire: de la même manière quelle que soit l’orientation sexuelle.
Pour sa part, Rebel Wilson a fait part de sa reconnaissance aux personnes qui l’ont soutenue, confiant que la situation avait été “très difficile” mais qu’elle tentait de la gérer avec élégance. Le “Sydney Morning Herald”, quant à lui, nie les accusations d’avoir voulu outer l’actrice, assurant que l’information “aurait été traitée de la même manière si son partenaire avait été un homme”. Peut-être, qui sait. Mais en attendant que le message percole chez les dealers de ragots, en tant que lecteurs·trices, nous avons aussi un rôle à jouer: en ne cliquant pas sur les articles annonçant l’orientation sexuelle des people, on assure que ce type de sujet disparaisse de l’actualité. Et on offre au passage compassion et empathie aux célébrités qui se questionnent sur leur orientation sexuelle et ne peuvent pas le faire sans la crainte d’être estampillés gay/hétéro/bi/asexué/... par la presse avant même d’avoir décidé pour elles-mêmes ce qu’il en était.
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