Iel s’appelle Drag Couenne et iel a remporté la première saison de Drag Race Belgique. Artiste, performeur.euse et personnage subversif, rencontre avec une figure hors norme qui révolutionne le drag belge à sa manière. Faites place à la reine des reines, Couenne…
Comment te sens-tu depuis ta victoire ?
“Je vais bien, je suis très fatigué.e mais heureux.se de ce qu’il se passe. C’est la folie, je ne m’arrête pas et je me réjouis de ce qui va arriver par la suite.”
Qui est Couenne ?
“C’est aussi bien une version alternative de moi-même qu’une partie intégrante de ma personnalité. Un personnage qui m’est très intime et qui ressort davantage lorsque je me sens vulnérable face aux autres.”
Peux-tu décrire ton style de drag en quelques mots ?
“Il est conceptuel, fashion et provocant. Mon but est de créer des concepts et des personnages en usant de la provocation et de la mode, tout en étant accessible à tous publics.”
Étant petit·e, qui t’inspirait le plus ?
“Tim Burton, ses personnages, ses poupées, mais aussi la lune. Elle est pour moi une énergie féminine, créatrice, et mélancolique et je pense que c’est en partie grâce à elle que je parviens à créer désormais.”
“Avoir des poils est féminin. Et ce n’est pas selon le physique qu’on peut définir la féminité ou la masculinité d’une personne mais plutôt selon la façon dont on joue des codes de genre. Quand je performe dans les cabarets, certaines femmes viennent parfois me voir en m’expliquant qu’elles se rasent en réalité par obligation et grâce à ma féminité réinterprétée, elles ne souhaitent plus se débarrasser de leurs poils.”
Je souhaite redéfinir ces codes, je désire créer une nouvelle féminité, une nouvelle masculinité et une nouvelle non-binarité, je déconstruis le genre et selon moi, les poils, c’est beau !
Les drag queens n’ont pas toujours eu une image valorisante dans la culture, penses-tu que cela va changer grâce à Drag Race ?
“Dans les films, les livres et les médias, les drag queens ont toujours été dépeintes comme marginales ou encore malades mentales. On ne nous a jamais donné une image à la hauteur de ce qu’on pratique comme art. Désormais, le drag est mainstream, on doit sauter sur l’occasion pour pouvoir enfin changer ces clichés. J’espère que Drag Race va permettre cette transformation.”
De toutes tes adversaires de Drag Race, qui emmènerais-tu sur une île déserte ?
“Athena car elle est très intelligente, drôle et je pense qu’on s’amuserait énormément. On réinventerait la mode et le monde en bitchant sur les animaux autour de nous.”
Peux-tu raconter un secret de tournage dont le public n’est pas au courant ?
“Lors de l’émission, ma chambre d’hôtel était juste à côté de celle de Valenciaga et en rentrant du premier jour de tournage elle me dit :« Couenne, quelle belle journée, je t’aime ! ». Je lui réponds alors “moi aussi je m’aime” et je claque la porte derrière moi. Lors de son élimination, j’ai couru après elle avant qu’elle parte pour lui répondre à mon tour : « Valenciaga, moi aussi je t’aime ».”
Qui selon toi devrait s’essayer au drag au moins une fois dans sa vie ?
“Absolument tout le monde pour comprendre les stéréotypes et les clichés dont les personnes de ce milieu sont victimes.
Les femmes, les drag queens ou encore les personnes transgenres sont sans cesse sexualisées par le regard des gens.
Pour un homme cisgenre (personne en accord avec le genre assigné à sa naissance) par exemple, ça peut être intéressant de comprendre le poids du regard de l’autre afin de déconstruire les normes qu’on nous inculque depuis toujours. Bien sûr, je pense qu’il faut tester cet art avec les personnes concernées.”
Peux-tu citer une drag queen qui t’inspire particulièrement ?
“Bimini Bon Boulash ! Elle a participé à la saison deux de Drag Race UK. C’est une icône de mode, elle est sublime et à la fois trash, elle revendique le drag non-binaire.”
“Bien sûr ! Ils sont fans de Drag Couenne et quand ils m’appellent au téléphone ils me prénomment « ma reine ». Ils ont adoré mes looks, ils étaient géniaux c’est normal.”
Maintenant que tu es la reine du drag belge, que vas-tu conquérir ?
“Je vais monter sur la scène du Théâtre Varia pour un projet nommé “Hippocampe”, je vais également lancer mon propre show à L’Abricot Magique le 29 avril. Je travaillerai ensuite au théâtre, avec des marionnettes plus précisément, et je compte voyager en France, en Chine et même rejoindre Rita Baga au Canada pour un projet encore secret…”
