PIERRE GARNIER:““Je suis un vieux dans un corps de jeune””
Pierre Garnier est inarrêtable. Avant de débuter une nouvelle tournée marathon, le chanteur publie une réédition de son très réussi premier album, Chaque seconde. Rencontre avec un garçon dont les qualités humaines sont à la hauteur de son talent: immenses.
Un an après qu’on vous ait découvert à travers nos postes de télévision, comment allez-vous?
« Je commence tout juste à atterrir. Après l’émission, il y a eu la tournée, la création de l’album, le tourbillon médiatique et j’étais un peu perdu. Je dormais 2 heures par nuit. Je bossais du lundi au dimanche et je ne rentrais jamais chez moi. C’était très intense. Surtout après avoir été coupé du monde pendant plusieurs mois. L’émission nous protège très fort de ce qui se passe à l’extérieur. À la fin de la tournée Star Ac’, j’ai pris un mois de pause pour vraiment souffler et réaliser ce qui m’arrivait. Depuis la rentrée de septembre, j’ai l’impression d’avoir trouvé mon équilibre. D’avoir compris que faire de la musique ne doit pas m’empêcher de voir mes proches, de me reposer. Je me sens plus en forme et j’apprécie encore plus ce que je vis. »
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Au début, vous aviez dû mal à dire ‘non’?
« Oui, parce que c’était tout nouveau donc je suivais. Je pense avoir un peu plus d’assurance aujourd’hui. Je me sens capable de refuser de faire des choses que je n’ai pas du tout envie de faire, de refuser un son, un duo de fou parce que ce n’est pas mon truc. Petit à petit, j’arrive un peu plus à m’imposer. »
Vous évoquez d’ailleurs le manque de votre entourage et ce nouvel équilibre trouvé, sur Maintenant, l’un des morceaux de cette réédition.
« J’ai très peu vu mes parents pendant 1 an et cette chanson, c’était aussi ma façon de les remercier car ils m’ont toujours soutenu. Ils ne m’ont jamais dit d’oublier mon rêve de musique parce que chanter, ce n’était pas un métier. J’ai grandi dans un milieu modeste, mais je n’ai jamais manqué de rien. Ils ont toujours été là pour moi. J’ai envie de les rendre fiers et d’essayer d’être plus présent. Cette année, je fêterai Noël avec eux! »
La musique vous aide à dire les choses que vous ne parvenez pas à exprimer?
« Depuis toujours, elle m’aide à retranscrire mes émotions. Je ne sais pas d’où ça vient. C’est peut-être une forme de timidité, la peur de blesser, mais je n’arrive pas à dire aux autres ce que je pense. Je m’améliore parce que ce métier me pousse à m’exprimer davantage, mais sur certains sujets, c’est encore dur. Je ne dis pas: ‘Je t’aime’, je ne dis pas que je ne vais pas bien ou si quelque chose me déplaît. Mon père est très pudique. Je tiens sûrement ça de lui. Donc, oui, faire de la musique, ça a vraiment ce côté thérapeutique pour moi. Ça me permet d’aller chercher au plus profond de moi. J’ai eu une vie plutôt normale jusqu’à présent. Quand je suis arrivé à la Star Ac’, je me suis dit que les autres élèves avaient tous vécu des trucs de fou, des drames, des choses très joyeuses, mais aussi très dures et que mon quotidien à moi était assez banal. J’ai eu le sentiment de ne rien avoir vécu qui vaille la peine d’être raconté dans des chansons. Je suis juste un mec de campagne quoi. Et en fait, avec du recul, je pense que ça a été ma force. Car, il a fallu que j’aille fouiller dans l’émotionnel. Et ces émotions que je pensais être le seul à ressentir, des milliers de personnes les ressentaient aussi et c’est pour ça qu’ils se sont reconnus dans mes chansons. »
C’est un métier qui ne s’arrête jamais. Je ne peux pas rentrer chez moi à 17 h et retomber dans l’anonymat.
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans ce métier et, à l’inverse, qu’est-ce qui vous semble le plus difficile?
« J’adore la scène, les expériences que je vis, la possibilité de voyager, de rencontrer des gens. Ce à quoi je n’avais jamais pensé, par contre, c’est que c’est un métier qui ne s’arrête jamais. Je ne peux pas rentrer chez moi à 17 h et retomber dans l’anonymat. Je n’avais pas pensé non plus au fait que je ne visiterais plus jamais un lieu de vacances tranquillement (rires). En fait, je n’avais pas pensé à tous ces détails car, pour moi, devenir chanteur, c’était juste un rêve. Jamais je n’aurais cru que ça puisse être possible. »
Comment vivez-vous cette notoriété?
« Étonnamment, plutôt bien. Je fais les choses comme avant. Je sors juste un peu plus camouflé. Ça m’aide aussi de pouvoir rentrer chez moi pour renouer avec la normalité. Mais je ne me plains pas. J’ai la chance de vivre mon rêve à 22 ans. J’essaie de me concentrer sur la musique parce que c’est pour ça que je voulais faire ce métier à la base. Pour la scène, pour ces moments où le public reprend tes chansons en chœur. Ça procure un sentiment indescriptible. Mais aussi pour les moments de création, de partage en studio quand une chanson prend forme. »
Vous comprenez l’engouement des gens?
« C’est fou, mais je crois, qu’avec la Star Ac’, les gens ont eu l’impression de vivre avec nous, de nous connaître par cœur. Ils m’appellent dans la rue comme s’ils avaient vu un pote alors que moi je ne les ai jamais vus de ma vie. Le contraste est assez saisissant, mais je me mets totalement à leur place. C’est vrai que nous, au château, on avait complètement oublié la présence des caméras après 1 semaine. »
Je suis un vieux dans un corps de jeune.
Depuis, on ne sait plus grand-chose de votre vie de tous les jours. Vous êtes plutôt discret sur les réseaux sociaux.
« Ce n’est pas naturel pour moi de poster sur les réseaux. Même s’il faudrait que je m’améliore pour montrer aux gens qui me suivent l’envers du décor et continuer à entretenir ce lien avec le public. Je trouve ça cool, mais j’ai encore un peu de mal pour l’instant. Vous savez, je suis un vieux dans un corps de jeune. Les réseaux, ça n’a jamais été mon truc. Ado, j’étais très peu sur mon téléphone. Je sortais plutôt faire du skate avec mes potes et j’écoutais des musiques anciennes. »
Sur “Contrôle”, l’un de vos nouveaux morceaux, vous montez très haut dans les aigus. Y a-t-il des notes que vous ne savez pas atteindre?
« C’est vrai que je monte très haut dans les aigus (rires). Parce que j’avais envie de proposer quelque chose de différent sur cette réédition. Mais ce n’est pas la chanson la plus difficile à interpréter. En live, j’ai à chaque fois un petit coup de stress avant de chanter Nous on sait car il y a des modifications de voix qui ne sont pas simples. »
Vous avez le trac?
« Les premières fois que j’ai chanté en direct, j’étais très très stressé. Parfois même depuis la veille. Aujourd’hui, après 1 an de concerts, j’ai moins le trac. Il arrive 5, 10 minutes avant de monter sur scène. Il disparaît rapidement, mais la première note de la première chanson est toujours fausse (rires). »
Vous avez des rituels avant de monter sur scène?
« Pas encore. Si ce n’est que j’aime bien m’équiper moi-même, sans l’aide des techniciens. Puis, je m’isole et je chante 5 minutes dans mon micro pour me concentrer. J’aime être dans ma bulle. »
Vous avez besoin d’être dans le contrôle?
« Pas trop, non. Au contraire, j’aime bien me laisser porter, qu’on me fasse découvrir de nouvelles choses, tenter de nouvelles expériences. Je pense que quand on veut tout contrôler, on a tendance à ne pas se laisser aller vers l’inconnu, à ne pas assez profiter. »
Vous êtes à la tête de votre projet musical. Quel genre de capitaine de bateau êtes-vous?
« Pour moi, la musique, c’est du partage. J’aime composer et écrire seul à la guitare pour avoir les idées de base et après en faire part à mes amis. Sur cet album, j’ai beaucoup travaillé avec Joseph Kamel. »
Vous évoquez souvent Joseph Kamel, que vous connaissiez avant la Star Ac’. Comment ça se fait?
« Je l’ai rencontré quand je suis arrivé à Caen pour mes études supérieures. Pour moi qui venais d’une toute petite ville où je faisais de la musique seul dans ma chambre, c’était génial de pouvoir rencontrer d’autres musiciens et des affinités se sont créées rapidement. Peu de temps avant que j’intègre la Star Ac’, on a commencé à bosser ensemble sur des chansons. »
Votre carrière était déjà sur les rails. Vous avez hésité à participer à la Star Academy?
« Je n’étais pas encore du tout au stade de percer. Je faisais des covers que je postais sur mon compte Insta, mais rien de fou. Après, c’est vrai que j’ai longtemps hésité à faire la Star Ac’ parce que je ne connaissais pas le programme, je n’avais jamais regardé. On m’a proposé de passer le casting et j’y ai réfléchi longuement… pour finir par me dire que ça ne me coûtait rien d’essayer. Finalement, je suis bien content d’y être allé. »
Au sein d’un couple, chacun doit pouvoir être indépendant.
Pour revenir sur ce nouveau morceau, “Contrôle”, vous vous glissez dans la peau d’une femme qui refuse de vivre au crochet d’un homme.
« J’avais envie de raconter ma vision de l’amour. Pour moi, au sein d’un couple, chacun doit pouvoir être indépendant, avoir de l’ambition sans que ça ne suscite de la jalousie. Je pense que c’est le secret d’un couple qui dure: accepter de moins voir l’autre pour qu’il s’épanouisse parce qu’on sait qu’on a qu’une vie et qu’il faut la vivre. J’espère, avec tout ce qui m’arrive, rencontrer quelqu’un qui ne vivra pas à travers moi, mais pour ses projets à elle, qui sera dans le partage, qui sera contente pour moi et vice-versa. »
Vos chansons parlent essentiellement d’amour, même si vous n’êtes pas amoureux.
« Je ne peux pas m’en empêcher. C’est le cœur de notre vie en même temps. Après, j’essaie de trouver des sujets qui changent un peu comme sur Tout en mieux, qui parle d’amitié. »
De votre amitié avec Helena, comme l’a suggéré Mosimann avec qui vous avez travaillé sur le morceau?
« Helena… mais pas que. C’est plus large que ça. Ce morceau s’adresse à ces potes que je connais depuis tout petit, qui continuent de m’engueuler, de me traiter de la même façon quand je rentre chez moi et ça c’est vraiment très cool. »
Helena m’a fait écouter 2, 3 trucs.
Vous êtes de passage à Bruxelles. Vous irez faire un coucou à Helena?
« Pas cette fois-ci, mais on se voit souvent. On fait beaucoup de choses ensemble, on se croise dans les mêmes endroits. On se marre toujours autant. Avec Julien aussi. Les 3 derniers, on a vraiment créé quelque chose de très fort. Quand on se revoit, c’est comme si rien n’avait changé. »
Parmi ces choses que vous faites ensemble, y a-t-il de la musique?
« Helena m’a fait écouter 2, 3 trucs qu’elle prépare, mais pour un éventuel duo, on préfère attendre. On veut d’abord réussir à trouver chacun notre identité musicale, faire nos propres chansons. Peut-être qu’à l’avenir, quand on aura un peu plus de recul, on y repensera. Il faut qu’on en ait vraiment envie et pas que ce soit précipité juste parce qu’on a fait la Star Ac’ ensemble. »
Vous avez fait un duo avec Matt Pokora. Comment est-ce arrivé?
« On s’est rencontrés plusieurs fois sur des événements et le courant est très bien passé. C’est important de faire des duos avec des gens qu’on aime artistiquement parlant, mais l’humain compte aussi beaucoup. Matt m’a dit que la chanson qu’il préférait sur mon album, c’était Chaque seconde et on s’est dit qu’on allait la réenregistrer ensemble en studio. On a vraiment appris à se connaître ce jour-là. J’ai découvert quelqu’un de très gentil, très respectueux, vraiment un chic type. On a beaucoup de choses en commun, je me suis bien marré avec lui. Et puis, c’est vraiment quelqu’un dans le milieu. C’est un exemple de longévité dans la musique, il fait des concerts de fou. Vraiment, je suis très content de pouvoir le compter parmi mes amis dans ce milieu. »
Vous aimeriez écrire un jour pour les autres?
« Oui, mais je ne suis pas encore assez bon. J’y pense, mais il faut d’abord que je me concentre sur moi et peut-être que d’ici 1 an ou 2, je me sentirai prêt. »
Pierre Garnier sera en concert à Bruxelles le 15/1 au Cirque Royal de Bruxelles (complet), les 3 et 4/4 (complet) et le 24/6 à Forest National (dernières places). Infos: ticketmaster.be
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