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© Chapter 2 et Pathé Films

Pierre Niney se confie sur son rôle du comte de Monte-Cristo

Le comédien le plus doué de sa génération incarne une nouvelle version du Comte de Monte-Cristo avec la profondeur, la subtilité et l’élégance qui le caractérisent. Cette grande épopée cinématographique prouve, s’il le fallait encore, que l’acteur de 35 ans est au sommet de son art.

Interpréter Edmond Dantès pour le cinéma, c’était un rêve de gamin?

« À vrai dire, je n’osais même pas en rêver. J’ai lu “Le Comte de Monte-Cristo” d’Alexandre Dumas quand j’avais 15 ou 16 ans, et je crois que c’est la première fois que j’ai lu, non pas par punition, mais par pur plaisir. C’est une aventure épique de cape et d’épée, mais qui raconte aussi quelque chose de très profond, de plus sombre, sur l’âme humaine. J’aime ce personnage, ses tourments. Quand on m’a appelé pour me proposer le rôle, j’en ai eu le souffle coupé. »

À ce jour, oseriez-vous dire que c’est le rôle qui a le plus marqué votre carrière?

« C’est définitivement l’un des plus importants de ma vie, il m’a ­énormément marqué. C’est un ­cadeau exceptionnel pour un acteur de pouvoir jouer tous les avatars ­d’Edmond Dantès. Son innocence, d’abord. Puis ce sentiment de ­trahison, d’injustice. Cette souffrance physique, psychique aussi, qui va presque le faire basculer dans la folie. Vouloir se prendre pour Dieu et se transformer en diable. J’espère que c’est un rôle qui va faire date pour moi. D’autant plus que je suis très content du résultat. »

Ce n’est pas toujours le cas?

« Je n’ai jamais regretté d’avoir fait un film, mais il y a des films que j’aime plus que d’autres. Ici, je trouve qu’il y a un réel équilibre entre le ­divertissement populaire, généreux, et sur ce que ça raconte de l’obsession, de la soif de pouvoir, de la soif de ­vengeance qui est intarissable. »

Quand on court après quelque chose en pensant que ce sera mieux que ce qu’on a, on finit par ne jamais l’obtenir.

La vengeance, cette envie de se faire justice soi-même… Ce sont des sentiments que vous avez déjà éprouvés?

« Qu’on se l’avoue ou non, cette soif de revanche face à une injustice, c’est quelque chose d’assez universel, qu’on a tous ressenti un jour ou l’autre. À l’école, parce qu’un professeur vous accuse injustement, avec les parents, les amis, on s’est tous déjà sentis trahis. Et, je crois que c’est pour ça que ce roman a traversé les siècles et fascine toujours autant ­aujourd’hui. La vengeance, c’est un moteur extrêmement fort qu’on ­retrouve aussi dans les films de ­Tarantino, de Clint Eastwood. Il y a quelque chose d’humain, d’un peu pervers aussi, dans le fait de vouloir se faire justice soi-même, de se ­substituer à la Justice des Hommes. C’est à la fois grisant et très dangereux, c’est ce que raconte le film. »

La richesse du Comte de Monte-Cristo fait inévitablement des jaloux. Le statut d’acteur à succès aussi?

« Je ne le ressens pas en tout cas. Sauf peut-être sur Twitter. Moi, je vis à la campagne, je n’ai pas de voisins, je suis dans un coin paumé et j’adore ça. »

Ce qui contribue à votre popularité, c’est aussi votre côté très ancré à la réalité, non?

« C’est une image que j’ai construite, je suis potentiellement imbuvable (rires). J’ai des défauts comme tout le monde, mais je les garde pour moi et ceux qui me connaissent le mieux. Je crois que, si l’on veut être artiste, c’est le minimum de la politesse que de se présenter au public, non pas sous un faux jour, mais de leur offrir la meilleure version de nous-mêmes et de nos expériences. »

Vous portez un masque comme Edmond Dantès?

« On avance tous avec des masques, pas uniquement les acteurs. C’est parfois douloureux, mais nécessaire aussi pour faire société, pour ­répondre aux conventions sociales. »

Déjà à l’époque, la société était très matérialiste. Le Comte de Monte-Cristo est validé par ses pairs pour tout ce qu’il a, pas pour celui qu’il est. Comment ne pas perdre de vue ce qui compte réellement quand on a goûté à la gloire et à l’argent?

« Mes parents étaient profs, mon père à la fac et ma mère dans une école d’Arts plastiques. Même si l’on n’a jamais manqué de rien, ils nous ont très vite proposé une alternative aux choses matérielles à travers le monde créatif. Le plaisir de la culture, de la découverte. Ils nous ont appris l’empathie. Ça peut paraître facile à dire, parce que j’ai la chance de bien gagner ma vie, mais, au-delà de cette chance-là, j’ai surtout la chance d’avoir eu une éducation qui m’a ­tourné vers l’idée que, oui, le matériel est important pour vivre dans la ­dignité, mais qu’il y a ensuite une vie bien au-delà du matériel. Et puis, plus je vieillis, plus je me satisfais de ce que j’ai dans ma vie et ma carrière. Quand on court après quelque chose en pensant que ce sera mieux que ce que l’on a déjà, on finit par ne jamais l’obtenir. »

C’est important, tout de même, de continuer à rêver plus grand, non?

« Oui, mais on peut y aller en ­marchant, s’arrêter pour regarder le paysage, regarder à côté de soi, derrière soi, tout ce qu’on a. C’est bien de se projeter tout en se disant que, si on n’atteint pas l’objectif qu’on s’est fixé, on aura déjà pris plaisir à essayer de l’atteindre. »

J’aime embrasser mes projets corps et âme.

Qu’avez-vous dû apprendre pour endosser ce rôle?

« L’escrime, le cheval, l’apnée. J’ai ­appris le roumain, j’ai été coaché pour mon accent anglais. J’ai été suivi par un nutritionniste aussi pour m’aider dans les différentes transformations physiques d’Edmond Dantès. Il n’y avait pas beaucoup de place pour le gras, ce qui était peut-être le plus dur sur ces cinq mois de tournage. Mais j’aime bien embrasser corps et âme les projets, qu’on me challenge, que les spectateurs puissent ressentir un investissement qui va au-delà de juste connaître le rôle, d’en avoir ­compris les enjeux. Qu’ils voient que je vis ça dans ma chair. »

Une partie du film a été tournée dans des studios bruxellois (Lites Studios). Vous les connaissiez?

« J’étais fasciné par ces studios. J’ai adoré, j’aurais pu vivre là-bas. C’est le plus grand bassin artificiel du monde. L’équipe d’Avatar a visité ces studios après leur tournage et a regretté de ne pas les avoir connus plus tôt. Et, quand on ajoute les effets ­spéciaux, c’est très fort. »

Ne donnez à personne l’occasion de vous enfermer dans une case.

Votre prochain projet, ce sera “Feuille Man”?

« Tout est sur la table. Tout est ­possible. On a un scénario qui est mieux que ce que je pouvais en ­attendre sachant que c’est quand même un canular qui se transforme en film. Les scénaristes ont eu ­beaucoup d’idées géniales que je n’avais jamais vues encore sur des super-héros nuls. Je pense que ça peut être très drôle, avec McFly et Carlito, bien sûr. On n’a pas encore réellement commencé le casting, mais on aimerait bien que d’autres se prêtent au jeu. »

Comment fait-on pour passer d’Edmond Dantès à Feuille Man, pour exceller dans autant de registres différents dans une société où l’on veut absolument nous ranger dans des cases?

« J’ai toujours adoré la comédie et le drame. C’est ma curiosité naturelle qui m’emmène partout. Par ailleurs, c’est vrai qu’il faut lutter, alterner, ne pas enchaîner trop de comédies d’un coup parce qu’on peut potentiel­lement vous snober ensuite pour un film dramatique. Je crois que mon inclination naturelle à toujours faire un film différent du précédent m’aide. Un conseil que je donnerais aux gens, c’est de ne donner à personne l’occasion de vous enfermer dans une case. Car, c’est vrai que ça peut aller très vite. Après “LOL: qui rit, sort”, on me disait dans le rue: “Je ne savais pas que vous étiez drôle”. Sur ma page Wikipédia, il est ­désormais écrit “humoriste”, mais, tant mieux! Je suis content. Les gens projettent ce qu’ils veulent, ça me va très bien. »

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Le Comte de Monte-Cristo, actuellement au cinéma.

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