L’ONU accuse l’armée russe de crimes sexuels ““atroces”” en Ukraine
Si le clash de l’émissaire russe par Charles Michel a fait la une, un autre sujet était au programme du dernier meeting de l’ONU: les crimes sexuels dont l’armée russe se rendrait coupable en Ukraine.
Des exactions malheureusement guère surprenantes, le viol étant utilisé dans nombre de conflits comme une arme de guerre. Reste que les nouvelles qui arrivent d’Ukraine témoignent de crimes sexuels d’une rare barbarie, ainsi que l’a notamment dénoncé au “Figaro” la psychologue ukrainienne Kateryna Haliant, confrontée dans son cabinet aux terribles récits des victimes. Des victimes rescapées d’un “enfer”, la psychologue faisant état de viols qui se déroulent le plus souvent en réunion, devant témoins, lesquels ne sont parfois pas plus haut que trois pommes, et qui impliquent en plus des sévices physiques d’une rare violence. Les jeunes femmes qu’elle voit arriver dans son cabinet ont en effet toutes les dents cassées, brisées par les soldats russes qui ne se contentent pas de les violer.
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Au micro de France Info, Konstantin Gudauskas, un militant des droits de l’homme kazakh exilé en Ukraine, qui a pu évacuer des centaines de personnes grâce à son passeport étranger, raconte, hanté, le témoignage de cette adolescente de quinze ans qui l’a supplié de la sauver et qui aurait été violée chaque jours à plusieurs reprises par des membres de l’armée russe.
Ils étaient huit le premier soir, puis entre sept et douze les soirs suivants, constamment ivres (...) Quand elle tombait dans les pommes, ils versaient de l’eau sur elle. Les examens médicaux ont conclu qu’elle ne pourrait jamais avoir d’enfants” – Konstantin Gudauskas.
Lyudmila Denisova, commissaire aux droits de l’homme du Parlement ukrainien, confiait pour sa part au Monde le 23 mai dernier avoir reçu plus de 800 appels de victimes de viol depuis le premier avril. Après des semaines d’enquêtes, l’ONU vient de confirmer 124 cas de violences sexuelles présumées commises par l’armée russe dans la guerre en Ukraine, dont certains sur des enfants.
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Des crimes sexuels qui “seront punis”
“56 des 124 allégations concernent des femmes. 59 des allégations concernent des enfants, 41 des filles, sept des garçons. Et dans un cas, le sexe était inconnu. 19 des allégations concernent des hommes, notamment des viols, des tentatives de viol, des déshabillages publics forcés et des menaces de violence sexuelle” a égrené Pramila Patten, représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour les violences sexuelles en tant de guerre. Lors du dernier meeting du Conseil général de sécurité des Nations Unies, l’ambassadrice américaine, Linda Thomas-Greenfield a mis la Russie face à sa responsabilité de “mettre fin aux viols, à la violence et aux atrocités qui ont lieu dans les rangs de son armée”. Le président du Conseil Européen, Charles Michel, a lui aussi dénoncé les “atrocités” commises par l’armée russe.
Ces crimes doivent être et seront punis. Pour mettre les coupables face à leurs responsabilités, nous avons besoin de preuves, que nous sommes en train de rassembler auprès des victimes” – Charles Michel.
Des accusations que la Russie nie en bloc, faisant, une fois de plus, un parallèle avec le nazisme et plus précisément, les accusations de viols de femmes allemandes qui avaient alors pesé sur les soldats de l’armée russe. Vasily Nebenzya, l’ambassadeur russe auprès de l’ONU, “ces allégations s’inscrivent parfaitement dans la description des soldats russes comme des bêtes et des brutes barbares, orchestrée par les spin doctors occidentaux – exactement comme les sbires de Goebbels l’ont fait à la fin de la Seconde Guerre mondiale”. Un argumentaire qui sonne creux face à la gravité et à l’ampleur des crimes sexuels dénoncés.
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