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© Getty Images

““4B”” le mouvement féministe coréen des femmes qui renoncent à leurs relations avec des hommes

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

En Corée du Sud, les normes patriarcales et la misogynie sont encore très ancrées dans la société. Face à ce constat, le mouvement féministe 4B rassemble des femmes qui ont décidé de vivre leur vie loin des hommes.

En Corée du Sud, la condition des femmes est loin d’être idéale. Ces dernières sont souvent confrontées à la misogynie et doivent encore se soumettre à de nombreux standards et normes sexistes. Les violences faites aux femmes sont également très élevées dans le pays comme le rapporte une enquête du ministère de l’Égalité des genres et de la Famille effectuée en 2016 et relayée par “The Cut“. Le taux de violences conjugales est 11,5 % plus important en Corée du Sud que la moyenne mondiale. Afin de lutter contre le patriarcat les femmes du mouvement 4B ont tout simplement décidé de le fuir, en refusant toute relation avec des hommes.

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Que signifie « 4B » ?

Le nom du mouvement est une abréviation symbolique pour quatre mots commençant par la syllabe « bi » qui en coréen signifie « non ». Les quatre principes sont « Bihon » soit le refus du mariage hétérosexuel, « Bisekseu » le rejet des relations sexuelles hétéro, « biyeonae » qui veut dire le refus de la recherche d’un partenaire romantique et de fréquentations masculines et enfin « bichulsan », le rejet du devoir reproductif et de l’accouchement. L’essence de ce mouvement qui compte environ 50 000 femmes selon un article de « Feminist Current », est de refuser tous les usages de la société traditionnelle qui voudrait qu’une femme fasse tout pour se trouver un mari puis se marier et servir cet homme au quotidien avant de devenir mère. Un schéma encore très présent dans les mentalités comme en témoigne une jeune femme de 30 ans à « The Cut » : « Même dans ma génération, certains hommes attendent que leur femme adopte un rôle traditionnel. »

Pour s’émanciper des carcans et vivre une vie libre, les femmes du mouvement 4B ont décidé de s’éloigner des hommes et de vivre de façon indépendante. Certaines membres vont même jusqu’à prendre leurs distances de leurs amis masculins. Un choix radical qu’elles sont déterminées à suivre, même si cela signifie de travailler dur pour subvenir seule à ses besoins. « Elles travaillent dur, car elles savent qu’elles n’auront pas d’homme ou de mari pour soutenir leur famille », affirme une chercheuse coréenne à « The Cut ». En effet, en Corée du Sud, les femmes ont un salaire 31 % moins élevé que leurs collègues masculins.

Une société encore très patriarcale

Mais faire partie du mouvement 4B n’est pas sans conséquence, beaucoup sont harcelées en ligne, mais aussi au quotidien car très reconnaissable par leurs cheveux courts contraire aux standards de beauté. Une grande partie de la population reste très fermée aux idéaux féministes comme le prouve l’élection du président Yoon Suk-yeol en 2022. L’homme d’Etat tient notamment les féministes en général, pour responsables du faible taux de natalité du pays (0,78 enfant par femme). Il souhaite abolir le ministère de l’égalité de genre et de la famille, inutile à ses yeux et veut également durcir les sanctions en cas de « fausses accusations » d’abus sexuels. 

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