9 lectrices expliquent ce qui les empêche d’acheter une maison
Tout le monde le sait: acheter un bien à l’heure actuelle relève presque de l’impossible. Les prix de l’immobilier ont explosé, sans parler de la hausse des taux d’intérêt qui ne permettent plus toujours de contracter un prêt. Ces 9 lecteur·rice·s nous expliquent pourquoi ils·elles ne sont pas (encore) capables de s’offrir la maison de leurs rêves.
Cécile, 32 ans
« Je suis mère célibataire de 2 enfants âgés de 6 et 9 ans et je loue depuis mon divorce un appartement dans le quartier de Malle, à Anvers. Malheureusement, c’est un quartier très cher. Vous ne trouverez pas ici de maison à moins de 350.000 €. Et, encore, ces maisons-là nécessitent souvent que l’on y fasse encore des travaux ou ne disposent que de 2 chambres.
On me dit souvent que je devrais déménager dans le Limbourg ou en Flandre occidentale parce qu’il y a plus de possibilités là-bas, mais je ne veux pas que mes filles soient loin de leur père et de leur école.
Même avec un apport personnel de 50.000 € (le prix de rachat de notre ancienne maison) et un bon revenu d’environ 3200 € net, je ne trouve pas de maison avec trois chambres dans le quartier où j’habite. Les banques exigent un certain revenu et en tant que célibataire, vous êtes considérée comme un ‘risque’ si vous souhaitez contracter un emprunt. Alors qu’en Belgique, plus d’une personne sur trois est célibataire (d’après une étude de Statbel en 2023, ndlr). Alors, qu’est-ce que je peux faire? »
Killian, 29 ans
« Je vais avoir 30 ans et je suis à la recherche d’un bien immobilier depuis plusieurs années. Je paie correctement mon loyer depuis 10 ans, je travaille dans l’aviation depuis 10 ans, j’ai un bon salaire et, en plus de ça, j’ai aussi créé ma propre entreprise sur le côté. Pourtant, aucune banque ne me permet de contracter un emprunt.
Je ne comprends pas bien car je peux payer un loyer de 1100 € par mois mais on me refuse un prêt pour lequel je devrais rembourser entre 800 et 1000 € par mois. Si vos parents ne peuvent pas vous filer un coup de main, vous êtes foutus. »
Shauni, 28 ans
« En décembre 2021, le père de mon fils et moi avons acheté ensemble une nouvelle maison encore en construction. Nous avons contracté un prêt à une époque où les taux d’intérêts étaient plus bas qu’aujourd’hui, environ 2 %. Tout était bien parti mais, peu de temps après, nous avons reçu de mauvaises nouvelles. D’abord, on nous a annoncé que le prix de la maison serait plus élevé que prévu. Nous avons donc dû sortir 50 000 € de notre poche. Heureusement, nos familles ont pu nous prêter cette somme.
Nous devions emménager dans la maison de nos rêves en août 2022. Le timing était parfait car j’étais enceinte. Mais, ensuite, on nous a annoncé que le promoteur de notre projet était en faillite. Les travaux ont été arrêtés et les décisions concernant la maison ont été transmises à un curateur. Ce processus a pris beaucoup de temps et notre prêt était donc arrivé à expiration entre-temps.
Lorsque la maison est revenue sur le marché, c’était avec un coût supplémentaire que nous ne pouvions pas nous permettre. Nous avons donc commencé à chercher une maison moins chère et étions presque sûrs d’obtenir un prêt, mais à cause de la forte augmentation des taux d’intérêt, cela n’a pas été le cas. Le montant maximum que nous pouvions emprunter représentait près de la moitié de ce que nous avions reçu en décembre 2021. J’étais sur le point d’accoucher… et sans maison.
Après deux mois de recherche, nous avons trouvé une maison qui correspondait à ce montant, mais entre-temps, les intérêts avaient encore augmenté, nous ne pouvions même pas emprunter ce montant. Nous avons décidé de déménager aux Pays-Bas, car nous y avions plus de possibilités.
Nous avons trouvé une maison aux Pays-Bas et avons commencé les travaux, mais un mois plus tard, mon partenaire, le père de mon enfant, s’est suicidé. Je suis restée seule avec mon fils de quatre mois. C’était terrible. L’assurance solde restant dû ne m’était d’aucune utilité à l’époque, car la maison avait été achetée trop récemment. J’ai donc dû vendre la maison parce que je ne pouvais pas rembourser le prêt par moi-même.
Depuis, je vis à nouveau chez mes parents, mais je continue de rêver qu’un jour je pourrai acheter quelque chose. Mais, après toutes ces années de misère et de tristesse, ce rêve me paraît malheureusement encore très loin. »
Nina, 34 ans
« Je suis célibataire et maman d’un petit garçon. J’ai acheté un terrain à bâtir en 2022. Malheureusement, c’est tout pour le moment, car je n’ai pas suffisamment d’argent pour construire. C’est pourquoi je vis avec mes parents, car cela me semble être le meilleur moyen d’économiser le plus possible. Je dois quand même admettre que ce n’est pas toujours facile, surtout avec un enfant, car il faut toujours s’adapter.
J’ai envie d’avoir ma propre maison, à mon nom, afin de ne dépendre de personne d’autre et de pouvoir vivre ma vie exactement comme je le souhaite. Il ne me reste plus qu’à économiser un peu d’argent pour pouvoir bientôt profiter de la maison de mes rêves. »
Marissa, 25 ans
« Il est presque impossible d’acheter une maison sans l’aide des parents ou autres. Je viens d’une famille de classe moyenne: on a toujours réussi à joindre les deux bouts, mais on nous a aussi appris qu’on ne peut pas avoir tout ce qu’on veut dans la vie. J’ai toujours eu des jobs étudiant pour pouvoir me faire des petits plaisirs, payer mes déplacements et une partie de ma chambre.”
Je travaille depuis 2 ans maintenant et je loue un appartement depuis ce moment-là. C’est très difficile d’épargner, car les loyers sont également anormalement élevés. Pour diverses raisons, je n’ai pas la possibilité de vivre avec mes parents, je n’ai donc pas d’autre choix.
Cela me stresse vraiment. Je me demande parfois si je pourrai un jour acheter une maison. Surtout seule, car même en couple, c’est très difficile. »
Charlotte, 21 ans
« Je loue une maison avec mon petit ami depuis le mois de février dernier. Nous rêvons d’acheter notre propre maison, car on ne peut pas faire ce que l’on veut dans un bien locatif. Malheureusement, nos situations familiales respectives sont assez compliquées. Quand j’étais étudiante, je travaillais pour l’entreprise de mon père, mais mon salaire devait servir à payer des choses pour la maison. Je devais acheter mes vêtements, mes chaussures et même mes protections menstruelles moi-même. Je n’avais donc rien sur mon compte épargne lorsque j’ai emménagé avec mon copain.
Pour lui aussi, c’est difficile. Notre situation actuelle est complexe et nous coûte beaucoup d’argent. Nous sommes loin d’être éligibles à un prêt, car nous n’avons pas non plus de contribution propre. Mais épargner est très difficile lorsque l’on loue, peu importe les efforts déployés. C’est dommage que la société rende la vie si difficile aux jeunes. Cela ne permet pas toujours d’envisager l’avenir de manière positive. »
Nadia, 31 ans
« En tant que mère célibataire, il est très difficile de financer une maison. À cause de mon ex-partenaire et de son comportement, j’ai été blacklistée pendant des années. Pendant longtemps, on m’a refusé la location de biens. Aujourd’hui, tout est presque rentré dans l’ordre mais le coût de la vie est élevé et les salaires sont bas ce qui m’empêche d’épargner. Si l’on regarde également les prix d’achat d’une maison ou d’un appartement, cela semble presque impossible. Si vous trouvez quelque chose à moindre prix, il reste encore beaucoup de travaux de rénovation à faire. Ce que je ne peux pas me permettre non plus. »
J’ai déjà contacté le Fonds du logement, mais ils m’ont dit que leur budget était épuisé. Il existait autrefois, par exemple, un rachat de loyer pour des logements sociaux, mais ce n’est malheureusement plus une option. Je ne sais pas quoi faire d’autre. »
Charissa, 33 ans
« Quand ma relation précédente a pris fin, je me suis retrouvée seule. Acheter une maison par moi-même n’était pas une option, car je ne pouvais pas emprunter suffisamment. Je n’avais pas non plus les moyens de louer une maison: le loyer est souvent très élevé, sans parler de l’électricité, du gaz, de l’eau... J’ai aussi un chien, donc un petit appartement n’était pas une option.
J’ai donc acheté un camping-car d’occasion dans lequel je vis depuis bientôt 2 ans maintenant. Grâce à mon panneau solaire, je ne paie pas de frais d’électricité et ce que je dois payer pour le carburant, l’eau et le gaz n’est pas trop élevé. De cette façon, je peux économiser pour acheter une petite maison un jour.
Mais acheter, même une ‘petite maison’ n’est pas facile non plus. De nombreuses communes n’approuvent pas les tiny houses et il existe de nombreuses règles concernant les terrains à bâtir, vous ne pouvez pas y installer ce que vous voulez. De plus, les terrains à bâtir sont souvent inabordables.
Si je trouve une maison abordable, c’est qu’elle doit être rénovée dans les 5 ans. Cette période n’est pas assez longue pour me permettre de répartir les coûts. Pour l’instant, je vais continuer à vivre dans mon camping-car pendant un certain temps afin de pouvoir économiser un peu d’argent et, avec un peu de chance, m’acheter quelque chose un jour. »
Anouk, 34 ans
« Je suis une mère célibataire avec une fille de presque 6 ans. Il y a environ 4 ans, j’ai rompu avec son père et la maison que nous avions ensemble à l’époque a été vendue à quelqu’un qui me la loue désormais. Heureusement, j’y vis encore aujourd’hui et le loyer n’est pas trop mal.
Mais, je suis toujours à la recherche d’une maison à acheter, car je veux refaire ma vie. J’ai envie de recommencer à zéro, mais j’ai le sentiment que cela ne fonctionnera tout simplement pas à cause des taux d’intérêt et des prix d’achat élevés. J’ai quelques apports, mais pas assez pour obtenir un bon prêt de la banque. Les maisons abordables sont inhabitables pour ma fille et moi-même. Je ne peux pas non plus libérer un budget supplémentaire pour rénover, donc la recherche est très difficile. »
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