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Afghanistan
© Getty Images

AFGHANISTAN: les femmes ont désormais l’interdiction de se parler entre elles

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

Une femme ne doit plus « entendre la voix d’une autre femme ». Voici la nouvelle règle imposée aux femmes afghanes par le régime taliban. Après avoir interdit aux femmes de s’exprimer en public jugeant leurs voix intimes, ces derniers les privent désormais d’échange entre elles.

En août 2021, le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan a signé la fin des droits des femmes dans le pays. Les Afghanes voient leurs libertés disparaître une à une. Il leur est désormais interdit d’accéder à l’école secondaire ou à l’université. Paraître dans les parcs et jardins publics de Kaboul est défendu, se rendre dans les salles de sport, les bains publics ou les salons de beauté également.

Travailler est presque devenu impossible tant la liste des emplois interdits est longue. Aucune femme ne peut se déplacer sans chaperon et il est hors la loi de faire entendre sa voix dans l’espace public. Ce qui signifie que les femmes n’ont ni le droit de chanter, ni de lire à voix haute ou de montrer leurs visages. Des lois liberticides qui effacent peu à peu les femmes de la société afghane, les rendant silencieuses et invisibles. Mais les interdictions ne s’arrêtent pas là…

Les femmes n’ont plus le droit « d’entendre la voix d’autres femmes » 

Comme le rapporte le Telegraph, dans une annonce vocale ce week-end, le ministre de la promotion de la vertu et de la prévention du vice a annoncé la mise en place d’une nouvelle restriction à destination des femmes en Afghanistan. Dans celle-ci, il explique que les femmes ne doivent pas « entendre la voix d’autres femmes ». Il précise: « Même lorsqu’une femme adulte prie et qu’une autre femme passe à côté, elle ne doit pas prier assez fort pour que celle-ci l’entende. » Il poursuit: « Quand les femmes ne sont pas autorisées à faire le Takbir ou l’Azan (appel islamique à la prière), elles ne peuvent certainement pas chanter des chansons ou de la musique.» Il insiste: 

Comment pourraient-elles être autorisées à chanter si elles n’ont même pas le droit d’entendre les voix des autres pendant qu’elles prient, et encore moins pour quoi que ce soit d’autre.

Si les détails précis concernant le droit des Afghanes à discuter entre elles dans ces circonstances n’ont pas été annoncés, les militants afghans des droits de l’Homme avertissent que cela peut signifier que les femmes n’auront plus le droit de communiquer entre elles verbalement. Une crainte qui pourrait très vite devenir réelle puisque le ministre a prévenu que ces restrictions sont de « nouvelles règles qui seront progressivement mises en œuvre et Dieu nous aidera à chaque pas que nous franchirons ». Une déclaration faite uniquement à travers un enregistrement vocal, les talibans ayant interdit toute représentation d’être vivant à la télévision.

L’indignation face à ces lois inhumaines

Face à cette nouvelle loi, une militante s’interroge auprès du Telegraph: « Comment les femmes qui sont les seules à subvenir aux besoins de leur famille peuvent-elles acheter du pain, se faire soigner ou simplement exister si même leur voix est interdite? » De son côté, la journaliste Lina Rozbih s’est indignée sur X

Après avoir interdit aux femmes de s’exprimer en public, le ministère du vice et de la vertu des talibans a interdit aux femmes de parler entre elles. Je suis à court de mots pour exprimer ma rage et mon dégoût face aux mauvais traitements infligés aux femmes par les talibans.

Elle appelle la communauté internationale à l’action: « Le monde doit faire quelque chose! Aidez les millions de femmes afghanes sans voix et sans défense. » Un appel à l’aide bouleversant face au nombre de suicides de femmes dans le pays ces dernières années.

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