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© WAKIL KOHSAR/AFP via Getty Images

AFGHANISTAN: la voix des femmes bannie de l’espace public par les talibans

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

Depuis le retour des talibans au pouvoir en août 2021, les femmes afghanes ont vu leurs droits disparaître un à un. Désormais, la voix des femmes est considérée comme intime, il leur est interdit de la faire entendre dans les lieux publics. Elles n’ont plus le droit de chanter, de lire à voix haute, ni de montrer leur visage.

Digne de la pire des dystopies ou d’un épisode effroyable de « The Handmaid’s Tale », la situation est pourtant bien réelle. En Afghanistan, en 2024, les femmes sont désormais effacées de la société en raison de toutes les lois imposées par le ministère du vice et de la vertu, qui a peu à peu interdit à la moitié de la population toute forme de socialisation. Depuis leur retour à la tête du pays, les talibans avaient déjà statué que les filles ne pouvaient plus avoir accès aux écoles secondaires, ni aux universités. Les Afghanes ont interdiction de paraître dans les parcs et jardins publics de Kaboul, dans les salles de sport et les bains publics. Un grand nombre d’emplois leur est également interdit, tout comme la possibilité de se déplacer où que ce soit sans un chaperon (un homme de la famille). Les salons de beauté ont aussi été fermés en juillet 2023. Et une nouvelle loi vient de réduire un peu plus les libertés des femmes dans le pays. 

Lire aussi: Les Talibans ordonnent la fermeture des salons de beauté en Afghanistan, derniers lieux de sociabilisation des femmes

Les femmes afghanes réduites à une mort sociale silencieuse

Afin de « promouvoir la vertu et de prévenir le vice », plusieurs nouvelles règles drastiques imposées aux femmes ont été ajoutées à la loi. « Les femmes doivent couvrir leur corps entièrement en présence d’hommes n’appartenant pas à leur famille », tout comme leur visage « par peur de la tentation ». Si le voile intégral était déjà de mise, France Info rapporte que désormais le port d’un masque sur la bouche sera imposé. Sous ce voile, il sera également interdit de se maquiller ou de se parfumer. Dans les lieux publics, la voix des femmes ne devra pas être entendue, car trop intime. Il est interdit de chanter ou de lire à voix haute. Enfin, regarder un homme avec qui vous n’êtes pas lié par le sang ou le mariage en tant que femme est également interdit, comme l’indique l’article 13 codifié par le ministère de la promotion de la vertu et de la prévention du vice. 

Cette nouvelle loi, c’est comme si on les attaquait vraiment dans leur existence même.

s’est indignée Chekeba Hachemi, présidente de l’association Afghanistan libre. Tandis que Roza Otunbayeva, cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan, a déclaré : « Cette loi étend les restrictions déjà intolérables aux droits des femmes et des filles afghanes, le seul son d’une voix féminine à l’extérieur du foyer étant apparemment considéré comme une violation morale. » Face à ces nouvelles restrictions, qui, si elles ne sont pas respectées, seront punies de sanctions allant de l’avertissement à des séjours en prison, l’ONU a dénoncé une « vision inquiétante » de l’avenir de l’Afghanistan. Ce lundi, les autorités talibanes ont réagi à cette déclaration de l’ONU dans une allocution, rapporte France 24. Ces dernières affirment que rejeter cette nouvelle législation sans comprendre la charia islamique est une preuve « d’arrogance ». Cette loi est « fermement ancrée dans les enseignements islamiques qui devraient être compris et respectés », a répondu le porte-parole du gouvernement taliban Zabihullah Mujahid dans son discours. 

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