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All eyes on Rafah
© Capture d'écran Instagram

ALL EYES ON RAFAH: l’histoire d’une image virale devenue le cri de l’indignation

Sarah Moran Garcia
Sarah Moran Garcia Journaliste web

Sur les réseaux sociaux, Instagram en tête, une image est devenue virale. Celle d’un camp de réfugiés palestiniens, sur laquelle on peut lire la phrase: “All eyes on Rafah”. Vraisemblablement générée avec l’aide d’une IA, elle a permis d’outrepasser la censure, mais quelques questions demeurent.

Si l’on traîne sur Instagram, difficile d’être passé à côté. Depuis plusieurs jours, l’image est partagée massivement en story par des célébrités internationales comme des quidams. On y voit des milliers de tentes alignées dans une vaste plaine. Au milieu, certaines forment la phrase: “All eyes on Rafah” (“Tous les regards tournés vers Rafah”). Si l’image est irréelle, on l’imagine d’ailleurs générée par IA, le message qu’elle véhicule, lui, est pourtant bien réel. Trop réel, même.

Le 7 octobre 2023, à 6h30 du matin, le Hamas lance une attaque en Israël, laquelle fait 1.189 morts, selon le dernier décompte de l’AFP. L’État israélien réplique dès le lendemain, bombardant la bande de Gaza, puis, dans la nuit du 27 octobre, commence l’invasion en Palestine. Depuis sept mois et 23 jours, le peuple palestinien vit sous les bombes et la terreur. Le monde, lui aussi, est terrifié. Certaines personnes prennent la parole, défendent l’un ou l’autre de deux camps. D’autres se taisent. Puis, a lieu la frappe israélienne sur le camp de réfugiés palestiniens de Tel al-Sultan, à Rafah, le 26 mai 2024. Selon le ministère de la Santé du Hamas, au cours de cette attaque, au moins 45 personnes sont tuées, parmi lesquelles des femmes, des enfants et des personnes âgées, et 249 autres sont blessées. Pour nombre d’internautes, le mutisme n’est plus possible.

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Une image qui outrepasse la censure et ralie

C’est à ce dernier événement tragique que fait référence l’image “All eyes on Rafah”, partagée plus de 40 millions de fois à travers le monde. Selon BFMTV, celle-ci a été créée par l’utilisateur Instagram @shahv4012. Elle lui a permis de gagner des dizaines de milliers d’abonnés en quelques heures. Au moment d’écrire ces lignes, ce jeune malaisien comptabilise près de 35.000 followers. Son compte, qui était plutôt dédié à la photographie, relaie désormais des images générées par IA, photos et vidéos pour dénoncer ce qu’il se passe actuellement à Gaza.

Quelque chose d’autre rend l’image “All eyes on Rafah” plus puissante encore, car elle est parvenue à outrepasser certaines des règles d’Instagram. En effet, le réseau social censure les images choquantes. Ce fut le cas pour les photos et vidéos prises en vue réelle qui ont suivi l’attaque du 26 mai et ont été postées par des journalistes palestiniens, indique NBC News. Le fait que l’image virale soit vraisemblablement générée grâce à une intelligence artificielle a permis de diffuser un message que les personnes sur place n’ont pu montrer à cause de la censure d’Instagram.

Images IA Rafah et Netanyahu
Quelques-unes des images partagées par le compte Instagram @shahv4012 © Instragram @shahv4012

Le double rôle de l’intelligence artificielle

Malgré cela, une question demeure, celle de l’utilisation de l’IA dans ce genre de contexte. Certains regrettent que de véritables images ne soient pas utilisées. Des images qui ne montreraient pas de morts, de massacres, ou toute autre chose choquante qui leur vaudrait la censure. Et puis, il y a aussi la question de la véracité des faits retranscrits par l’IA. On ne compte plus les exemples d’images désinformationnelles du genre partagées sur les réseaux sociaux à propos de la guerre en Ukraine, des séismes de 2023 en Turquie et en Syrie, ou au sujet du conflit israélo-palestinien.

Dans le cas de l’image “All eyes on Rafah”, impossible de croire qu’il s’agit d’une véritable scène capturée à Gaza, mais dans d’autres cas, la frontière entre ce qui est réel et ne l’est pas est plus ténue. Une chose est cependant sûre, cette image virale est devenue un cri de ralliement de celles et ceux qui s’opposent et dénoncent les frappes menées par l’armée israélienne en Palestine.

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