Amnesty accuse Twitter de ne pas assez protéger les femmes
Alors qu’en Belgique, la journaliste Florence Hainaut a récemment déserté Twitter, où elle était harcelée, de plus en plus de femmes, célèbres ou non, lui emboitent le pas. Et Amnesty d’imputer cet exode au réseau social, l’accusant de ne pas suffisamment protéger les femmes en ligne.
En 2018 déjà, Amnesty montrait Twitter du doigt dans un rapport dénonçant les violences subies par les femmes sur le réseau social, sapant “leur droit de s’exprimer équitablement, librement et sans crainte“. Difficile, en effet, de partager ses opinions librement quand, potentiellement, le moindre mot “de travers” (l’interprétation étant laissée à ce.lle.ux qui le lisent) peut attirer sur l’auteure du tweet une déferlante de menaces et commentaires haineux, sur le refrain tristement bien connu de moche/conne/pute/mal baisée, la solution proposée pour y remédier étant le plus souvent le viol, “pour la calmer”. Une violence verbale dont la journaliste Florence Hainaut a longtemps été victime, jusqu’à ce qu’elle atteigne des proportions hors de contrôle cet été après la publication d’une carte blanche sur le port du voile dans les hautes écoles bruxelloises, et que l’ex-collaboratrice de la RTBF ne décide de quitter Twitter pour de bon. Un repli forcé, et néfaste pour sa carrière ainsi qu’elle l’expliquait à VICE.
C’est hyper dommageable pour une journaliste de ne pas être sur les réseaux mais tant pis, je ne voulais plus m’infliger ça. Ça faisait trop longtemps que j’y subissais des insultes”.
Harcèlement et menaces sur Twitter
Dans un nouveau rapport publié ce mardi 22 septembre, Amnesty International déplore que Twitter ne fasse rien ou si peu pour endiguer cette violence, et n’en fasse “toujours pas assez pour protéger les femmes contre les violences et les abus en ligne”, soulignant que “le PDG de Twitter, Jack Dorsey, doit traduire ses paroles en actes et montrer qu’il est sincère dans sa volonté de faire [du réseau social] un endroit plus sûr pour les femmes”. Des femmes prises pour cible de nombreuses manières, ainsi qu’Amnesty le rappelle:
Les menaces directes ou indirectes de nature physique ou sexuelle, les abus ciblant un ou plusieurs aspects de l’identité d’une femme comme le racisme ou la transphobie, le harcèlement ciblé, les violations de vie privée, le partage d’images intimes sans consentement”.
Pour lutter contre cette violence, Amnesty souhaite que Twitter fasse preuve de plus de transparence, et rende notamment publiques ses statistiques sur les abus subis par les femmes sur son réseau, classés par type et par lieu. « Il nous reste du travail à faire », a reconnu Twitter dans une réaction publiée par Amnesty en fin de rapport, même si le réseau social souligne que tout n’est pas négatif: “parmi les Tweet que nous supprimons, nous en détectons aujourd’hui un sur deux de manière proactive, contre un sur cinq en 2018”. Un grand pas pour le réseau, mais un tout petit pas pour les femmes qui reçoivent les 50% de tweets non détectés.
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