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© Abed Zagout/Anadolu via Getty Images

Avoir ses règles à Gaza, un énième défi dans l’enfer de la guerre

Ana Michelot
Ana Michelot Journaliste

Au milieu des bombardements, des décombres et de la famine, les femmes palestiniennes doivent faire face à un autre combat, celui de maintenir une hygiène intime décente et de trouver des protections menstruelles.

S’il est de plus en plus difficile de se procurer de la nourriture à Gaza, en raison du conflit qui oppose Israël à la Palestine, il est aussi extrêmement dur de trouver des médicaments et des protections hygiéniques. Sans parler de l’accès à des toilettes. Chaque jour, des dizaines et des dizaines de personnes font la queue pendant des heures pour espérer se soulager. Pourtant, rien qu’à Gaza, on compte 700.000 femmes et filles menstruées, selon l’ONU. Mona, 17 ans, témoigne auprès de The Guardian qu’elle vomit souvent à cause de ses crampes menstruelles et qu’elle doit désormais gérer ses règles dans une maison qu’elle occupe avec 45 autres personnes déplacées. Dans l’horreur des bombardements, l’intimité est une notion qui n’existe plus. Mais comment vivre sa période de règles sans aucune protection menstruelle, un accès aux toilettes extrêmement restreint et pas de pièce pour se changer?

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Dans l’endroit où nous hébergeons, il n’y a qu’une seule salle de bain partagée par les hommes, les femmes et les enfants. Je suis gênée de faire la queue lorsque j’ai mes règles, et cela me cause une détresse mentale et physique.

, avoue Mona.

Une toilette pour 486 personnes 

Dans ses refuges, l’organisation humanitaire UNRWA dispose uniquement d’une toilette pour environ 486 personnes, selon ActionAid. Un chiffre qui rend la semaine de règles des Gazaouies presque insurmontable. Sarah, 27 ans confie à The Guardian : 

L’arrivée imminente de mes règles est devenue un véritable cauchemar pour moi. Je dois partager une seule toilette avec plus de cent femmes et enfants.

Elle poursuit : « Il n’y a pas de serviettes hygiéniques ni d’analgésiques disponibles dans les pharmacies, et tous les supermarchés ici sont fermés parce qu’ils sont à court de produits. » 

Une guerre dans la guerre

Face à cette pénurie de produits de première nécessité, certaines jeunes filles d’une école UNRWA affirment avoir été contraintes de laver leurs serviettes hygiéniques usagées afin de les réutiliser. D’autres s’en créent à partir de bouts de tissus ou de mouchoirs, bien qu’ils ne soient pas assez absorbants. Riham Jafari, la coordinatrice des communications chez ActionAid Palestine déclare, pour provoquer une prise de conscience internationale sur le problème : 

Imaginez devoir gérer vos règles sans produits menstruels, sans papier toilette ni savon, et sans aucune chance de pouvoir vous laver – tout en vivant côte à côte avec d’autres personnes sans toilettes, sans moment d’intimité. C’est actuellement la réalité de centaines de milliers de femmes et de filles à Gaza. Ce n’est pas seulement un affront à leur dignité, c’est aussi un réel danger pour leur santé.

Certaines jeunes femmes confient également qu’en raison du stress de la guerre, leurs règles arrivent deux fois dans le mois au lieu d’une, ce qui est encore plus difficile à gérer. Comme le décrit Mona, la jeune Palestinienne de 17 ans, auprès de The Guardian : « Les bombardements et les déplacements israéliens ont créé un immense stress, mais vivre ses règles dans ces circonstances ressemble à un tout autre type de guerre. »

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