Sébastien, 31 ans, et son mari, 33 ans, sont ensemble depuis 12 ans. Il y a quatre ans, ils ont décidé de devenir famille d’accueil. Aujourd’hui, ils s’occupent de Tiago, 4 ans, et Liam, 2 ans et demi.
Sébastien et son mari ont toujours voulu un enfant. Pour eux, il était inconcevable d’imaginer leur vie sans. Après s’être intéressé à la GPA – gestation pour autrui – et à l’adoption, le couple s’est finalement penché sur l’option de famille d’accueil.
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Un parcours de plusieurs mois
Cette possibilité était loin d’être étrangère aux yeux de Sébastien, dont les parents ont accueilli des mineurs étrangers non accompagnés (MENA) alors qu’il était encore adolescent. “Le principe de famille d’accueil faisait déjà partie de mon quotidien, nous confie-t-il. En revanche, c’était loin d’être le cas pour mon mari. Pour lui, c’était totalement nouveau. On en a discuté, et on a alors pris nos renseignements en ligne, sur le site de l’accueil familial de notre région. Nous étions en plein Covid, et nous avons complété un formulaire. Dans l’heure et demi, je recevais un appel du directeur du centre. J’étais désarçonné! Je ne pensais pas que cela irait si vite.”
La première question que Sébastien a posé au directeur était simple: “Cela pose-t-il un problème que nous soyons un couple homosexuel?”. La réponse fut rassurante. “L’homme que j’avais au téléphone m’a précisé que ce n’était en aucun cas un frein, et que nous n’étions plus dans les années 1980, nous explique Sébastien. On a alors convenu d’un rendez-vous quelques semaines après.” De là commence alors un cursus de six mois, au cours duquel s’enchaînent entretien commun et individuel, évaluation et formation.
Que ce soit seul ou ensemble, mon mari et moi enchaînons les rendez-vous avec psychologue et assistant social, qui nous expliquent essentiellement ce qu’est l’accueil.
explique Sébastien. “Place ensuite à l’évaluation, qui n’est, ceci étant dit, en rien comparable à celles auxquelles on fait face pour l’adoption. Il faut simplement être sincère dans les réponses que l’on délivre, et bien entendu, les professionnels se chargent de vérifier si le couple est stable, et si nous sommes capables de nous remettre en question. On a ensuite une formation afin de comprendre le fonctionnement d’un enfant dont le vécu est particulier. Il est vrai qu’au début, on n’en comprend pas vraiment l’utilité, mais lorsque l’enfant est là, cela prend tout son sens, et on peut alors se raccrocher à la théorie pour agir.”
Plusieurs options de famille d’accueil
Sébastien nous explique qu’être famille d’accueil peut prendre les traits de quatre options.
- Le parrainage, où l’on s’occupe d’un enfant à des moments ponctuels, comme un mercredi après-midi, ou un jour de week-end, sur plusieurs mois, voire plusieurs années;
- L’accueil d’urgence, où l’on a 45 jours pour extraire un enfant d’une situation compliquée et où le SAJ, Service d’Aide à la Jeunesse, ou le SPJ, Service de la Protection de la Jeunesse, trouve une solution partielle ou totale pour la prise en charge de l’enfant;
- L’accueil à court terme, où l’enfant est placé dans une famille d’accueil durant quelques mois, voire maximum quelques années, le temps que le parent biologique rétablisse sa situation;
- L’accueil à long terme, où l’enfant ne retournera pas dans le milieu familial avant plusieurs années.
Cette dernière option est d’ailleurs celle que Sébastien et son mari ont privilégié. “Nous avions 27 et 29 ans lorsque nous avons accueilli Tiago, qui a aujourd’hui 4 ans, nous confie-t-il. Il avait deux ans et demi lorsqu’il est arrivé chez nous. Et récemment, en février, nous avons a accueilli Liam, âgé de deux ans et demi. Sébastien nous explique que Tiago n’a jamais vécu avec ses parents, et qu’il a été laissé à la maternité. “Avec Tiago, nous avons eu ce qu’on appelle un pré-accueil, commence Sébastien. On l’a d’abord rencontré une fois par semaine, et ensuite deux fois, et puis trois fois... On se voit d’abord au centre, et ensuite, on sort petit à petit, et on découvre au fur et à mesure un autre enfant. Au total, la rencontre s’est étalée sur un mois et demi, cela lui permet de s’habituer à nous.
Pour Liam, les choses étaient différentes. Il était en situation d’accueil d’urgence, en pendant douze jours, on l’a vu tous les jours, dans un centre, et ensuite, on a pu également commencer à sortir avec lui.
poursuit Sébastien. “Je ne cache pas que les débuts ont été compliqués, car le délai était serré. Lorsqu’il est arrivé à la maison après les douze jours, il a fallu plusieurs jours d’adaptation.
Tisser un lien de confiance
Sébastien nous explique que se retrouver avec un enfant qui a déjà un vécu est une véritable épreuve. “La relation est à construire, et ce n’est pas comme avec la mère qui a porté l’enfant, et où ce dernier découvre le monde. Ici, l’enfant parle déjà, il a un caractère, des souvenirs qui le précèdent, nous confie Sébastien, qui se souvient d’ailleurs du jour où Tiago est entré pour la première fois dans un magasin.
Il avait deux ans et demi, et il n’avait jamais été dans un supermarché. C’était tellement nouveau pour lui qu’il n’a pas compris, il a cru qu’il pouvait manger tout ce qu’il y avait dans les rayons comme si c’était les armoires de la maison.
Le papa d’accueil nous explique d’ailleurs à ce propos que Tiago est un petit garçon très ordonné, et assez calme, tandis que Liam est vraiment dynamique et plutôt discret. “Liam est toujours Tiago, qui est devenu son grand frère d’accueil. Tiago a du partager du jour au lendemain tout ce qu’il avait; il est passé de fils unique à une fratrie, et ensemble, ils ont développé un lien très fort.”
Pour Sébastien, devenir famille d’accueil est une épreuve émotionnelle. “C’est une chance, réelle et sincère. Mais il ne faut pas oublier que cela engage également des démarches fortes: il y a des visites parentales, il faut se rendre au SPJ, il faut se déplacer jusqu’au tribunal... Nous sommes soutenus, mais nous sommes aussi contrôlés, ce qui est une bonne chose aussi bien entendu, puisqu’il est important de s’assurer que le bien-être de l’enfant est respecté.” A ce propos, Sébastien nous explique que pour Tiago, le tribunal n’a pas déchu les parents de leurs droits, cela signifie aussi que ceux-ci touchent toujours un tiers des allocations et qu’ils ont des visites. Pour Liam, les choses sont moins claires, car sa maman étant SDF, il est difficile de définir quoi que ce soit pour le moment.”
Une faille dans le système des congés pour soins d’accueil
Si la démarche est incroyablement belle, Sébastien pointe tout de même une aberration dans le système de l’ONEM. En effet, en tant que famille d’accueil, vous avez droit à un congé qui vous permet de vous absenter de votre travail pendant six jours par an, afin de dispenser des soins d’accueil à la / aux personne(s) qui a/ont été placée(s) dans votre famille. “Premier hic: lorsque la famille d’accueil se compose de deux travailleurs, les six jours doivent être répartis entre les deux parents d’accueil, explique Sébastien. Deuxième hic: dans le cadre de ces jours de congés pour soin d’accueil, vous avez droit à une allocation de 142,77€ par jour d’absence. C’est un montant forfaitaire, qui est identique pour tous les travailleurs, peu importe le salaire, continue Sébastien, déplorant une perte en regard de son salaire et de celui de son mari. Enfin, troisième hic: pour avoir droit à cela, vous devez remplir un formulaire qui doit être envoyé par lettre recommandée à la poste. Donc en plus, vous devez payer pour y avoir droit!” s’indigne Sébastien, qui déplore le manque de moyens déployés pour venir en aide aux familles d’accueil.
On vit aisément, on n’a pas à se plaindre: on peut se permettre de faire des activités avec les enfants, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Et je souligne ici la beauté et le courage de celles et ceux qui traversent déjà des difficultés, et qui deviennent malgré tout famille d’accueil.
poursuit-il. Si vous souhaitez devenir famille d’accueil, sachez que des séances d’information ont lieu plusieurs fois par an dans chaque région. Vous pouvez prendre des infos et renseignements par ici.
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